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dimanche 27 novembre 2022

Comment mieux percevoir la notion l'éducation dans nos pays ?

 Au Burkina Faso l'historien Joseph KI-ZERBO titrait,"Éduquer ou périr". Cette affirmation traduit parfaitement l'idée selon laquelle l'éducation est le socle de tout développement dans un quelconque pays.

Reste à savoir comment percevoir pleinement la notion d'éducation ? Quels sont les principaux acteurs devant fournir une bonne éducation ?

✍️: Issouf SAGNON, Éducateur Burkina Faso.

📷: Images d'illustration.


La notion d'éducation doit être comprise de façon générale au-delà du système éducatif et scolaire offert par les Etats. Ainsi compris,on peut évoquer l'éducation selon les trois niveaux suivants.

La première dimension concerne l'éducation familiale. Elle est la plus capitale. On doit y inculquer des valeurs, notamment religieuses, culturelles,de justice,de solidarité,de pardon,de tolérance,etc au profit des enfants dans chaque famille. Et veiller à ce que ces valeurs soient appliquer dans les actes quotidiens en famille. La qualité de l'éducation offerte en famille aura une influence sur les deux autres niveaux suivants de la notion d'éducation. Autant dire que les parents,la famille sont les premiers acteurs censés offrir l'éducation de base.

La deuxième dimension de compréhension sur la notion d'éducation concerne le système scolaire et académique offert officiellement. Comme mentionné ci-dessus, l'éducation au niveau familiale influence en bien ou en mal sur le système éducatif, notamment sur la mission des éducateurs. Il faut rappeler ici que l'on parle de système,et donc composé de plusieurs maillons. Les principaux maillons ici sont les apprenants,les éducateurs et les parents d'élèves. Autant dire que chaque acteur doit jouer parfaitement son rôle dans le système afin d'obtenir une éducation performante et qualitative. Les principaux acteurs fournisseurs d'éducation à ce niveau sont l'État qui la fournit sous forme d'instruction, ainsi que les parents qui y continuent également. 

La troisième dimension de l'éducation se rapporte au civisme dans la société de façon générale.Là également la qualité de l'éducation offerte en famille et à travers les systèmes scolaires ont un impact sur le degré de civisme sur la société. Il est clair trouver des voies et moyens pour véhiculer l'éducation civique et morale devient une nécessité afin d'obtenir des citoyens beaucoup plus civique. La société entière demeure l'acteur devant offrir cette éducation à travers plusieurs canaux. Systèmes politiques,lieux de cultes, autorités coutumières et culturelles, artistes,etc sont autant d'acteurs de la société qui doivent se réinventer afin d'impacter positivement sur la qualité du civisme de façon générale.

L'on s'accorde alors que la notion d'éducation va au-delà de l'école et de dire avec Victor Hugo que la famille demeure le lieu le mieux indiqué pour octroyer une éducation de base qualitative. Ensuite interviennent les autres acteurs tantôt pour apporter l'instruction nécessaire, tantôt pour transmettre les valeurs,les pratiques sociales et culturelles adéquates.Il faut admettre qu'en Afrique,avoir une meilleure politique institutionnelle,une gouvernance vertueuse et un retour vers des valeurs cardinales serait un atout majeur.

lundi 14 novembre 2022

Burkina Faso,le président du Faso sans "langue de bois "

 À peine les différents organes de la transition reconstitués après le second coup d'État,le président du Faso Ibrahim TRAORÉ est mis face à la réalité du terrain. C'est aussi l'occasion pour lui de s'entretenir avec les différents acteurs de la société burkinabè. L'entretien le plus marquant fut sans doute celui diffusé sur les antennes de la radio télévision du Burkina Faso le 13 novembre dernier, avec les acteurs de la société civile et des partis politiques.

✍️: Issouf SAGNON

📷: Image d'illustration.(Couleurs du Burkina Faso)



Face aux représentants des partis politiques et de la société civile le discours du président du Faso semble être tout d'abord un diagnostic. La remarque est que c'est la première fois depuis le début de la crise sécuritaire, qu'un Chef d'État dresse un diagnostic réaliste sur la base des facteurs endogènes (entre autres) qui expliquent aisément l'avènement et la propagation du terrorisme.

"Tout n'est pas terrorisme", reconnaît-il avant de mettre à nu les insuffisances de la gouvernance notamment dans les projets de développement au profit des différentes régions du pays. Force est de reconnaître que depuis de nombreuses années des localités du Nord,du Sahel de l'Est et de l'Ouest du pays sont insuffisamment impliquées dans les programmes de développement. Autant dire que des populations de ces régions se sont senties délaissées depuis un bon moment.

L'autre aspect du diagnostic porte sur le degré de solidarité et d'insouciance des burkinabè dans leur ensemble vis à vis des populations et zones touchées par la crise sécuritaire. "Nous sommes méchants entre nous" , lance le Capitaine Ibrahim TRAORÉ. Celui-ci appelle évidemment à une prise de conscience générale et une l'implication de tous dans l'effort de guerre, chacun à son niveau. L'intérêt d'une telle façon d'aborder les causes est qu'elle place la société et les politiques au centre,sinon à la tête des responsabilités. Contrairement à ceux qui ont l'habitude de placer la France au centre ou en tête des responsables."Nous sommes responsables de ce qui nous arrive" , répond le Capitaine TRAORÉ.

La question que l'on se pose est de savoir quel est l'impact direct de cette part de vérité sur la reconquête du territoire national ? Et là on est tenté de dire qu'en partie, cette vérité servira pour le long terme. Dans l'avenir il faudra tenir compte de toutes les régions dans les politiques de développement inclusives.

Mais à l'instant-T ,il ne suffira pas d'avoir un langage franc. "L'armée est infiltrée" au service des différents bords politiques. Cela implique qu'il faut un leadership pour une réconciliation et une union de toutes les forces de défense et de sécurité autour du même objectif. Dans un pays où tout est politisé,il faut avouer que ce ne sera pas un défi facile à relever au vue des évènements de ces derniers mois.

En somme un diagnostic sérieux et mature sans tomber dans les accusations inutiles devra être suivi par une démarche inclusive,un leadership dépourvu de manigances politiciennes,et surtout par le courage de poursuivre sur la base des acquis des prédécesseurs dans la logique de la continuité de l'État. Inutile de dire qu'il faudra se démarquer du populisme et de la chasse aux sorcières qui n'apportent pas de solutions certaines sur les différents problèmes.


samedi 5 novembre 2022

Burkina Faso 🇧🇫: Après le coup d'État dans le coup d'État, retour à la dure réalité.

 Comme au Mali il fallait s'attendre à un putsch dans le putsch perpétré en janvier dernier par le Lt Colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA et ses hommes. Et ce , pour des raisons diverses, principalement celles sécuritaire et de la coopération internationale. Au lendemain du deuxième coup de force pour arriver au pouvoir par le Capitaine Ibrahim TRAORÉ et ses hommes, l'heure n'est pas encore au bilan,certes, mais le constat de la dure réalité du terrain se fait aisément.

✍️: Issouf SAGNON

📷: Ibrahim TRAORÉ,Président du Faso.



La réalité est que dans la gestion pratique du pouvoir plusieurs paramètres entrent en jeu. Après sa nomination,Me Appolynaire KYELEM de Tambela laissait paraître d'emblée l'hypothèse d'une éventuelle baisse du prix du carburant. Cette hypothèse est réapparue moins évidente lors de son premier entretien avec la presse après la composition de son gouvernement. Les réalités économiques nous rappellent que le Burkina Faso ne produit pas des hydrocarbures et que la Société Nationale des Hydrocarbures a besoin d'un grand appui pour une meilleure subvention de ces produits.

Sur le plan sociopolitique après installation du pouvoir plusieurs manifestants se sont fait remarquer. Certains pour protester contre la nomination de certains ministres, d'autres pour réclamer le départ de la France. Cela démontre aisément la réalité selon laquelle la rue et les masses populaires ont un impact sur la gouvernance ces dernières années au Burkina Faso. Surtout que le coup d'État du Capitaine Ibrahim TRAORÉ et ses hommes a réussi en grande partie avec l'aide de la mobilisation populaire. Au moment où le premier ministre rappel que ce n'est pas à la rue de dicter ce qu'il faut faire,reste alors à trouver la meilleure formule pour concilier les intérêts des différentes entités qui risquent de réaliser que certains manifestants ont fait l'objet de manipulation notamment au sujet de la probable présence de DAMIBA à la base française qui n'a pourtant pas été confirmée plus tard. 

Sur le plan sécuritaire la dynamique des réformes entreprise sous DAMIBA tarde à être poursuivie et à produire ses résultats. On se rappelle qu'un Commandement du théâtre national des opérations (COTHEN) a été créé avec Yves Didier BAMOUNI à sa tête. Il en a été de même pour la création de nouvelles bases militaires pour un meilleur maillage territorial. La réalité est que le COTHEN qui dressait périodiquement le point des opérations sur le terrain,ne le fait plus de la même façon avec l'absence de Yves Didier BAMOUNI sur la scène. L'autre dure réalité est que les groupes armés continuent leur progression dans l'occupation des territoires surtout en milieu rural. Plusieurs établissements scolaires continuent de fermer notamment dans la région des Hauts Bassins dont plusieurs communes rurales sont perturbées par la présence des hommes armés.

Sur le plan de la coopération,le régime TRAORÉ ne semble pas se radicaliser contre un partenaire déterminé. La priorité semble être la diversification des partenariats. D'après la presse le Président du Faso aurait rassuré la diplomatie américaine de la non venue du groupe Wagner. On sait que les différentes puissances notamment celles occidentale et russe mènent une "bagarre diplomatique" afin d'obtenir le contrôle militaire et stratégique du Sahel. Là également la réalité du pouvoir voudra que Ouagadougou puisse gérer avec malice la situation de la coopération tout en assurant un meilleur équilibre entre les aspirations populaires et une diplomatie saine avec tous ses partenaires économiques et militaires extérieurs.Sur le plan régional,le premier ministre a rassuré que le Burkina Faso poursuivra le renforcement de ses liens avec ses voisins. Un mois après le Paul Henri Sandaogo DAMIBA,ce fut le tour du Capitaine Ibrahim TRAORÉ de se rendre au Mali dans le même souci de renforcer le partenariat notamment sur le plan sécuritaire.

Autant dire que la volonté de mieux faire, l'enthousiasme en dehors de la scène peut être durement confrontée aux réalités du terrain. D'où la nécessité de mieux juger de l'opportunité de toutes les actions qui engagent la nation toute entière. Dans un pays instable pour des raisons sécuritaires les coup d'État et les querelles pour les avantages du pouvoir sont loin d'être les meilleures formules de solutions. Seul le travail avec des valeurs d'intégrité,de loyauté,de patriotisme, d'union,le tout dans un système politique solide et fiable peut mieux conduire à la résolution des problèmes du pays.


samedi 15 octobre 2022

COMMENT RENDRE HOMMAGE À THOMAS SANKARA ?

 Dans l'histoire du Burkina Faso s'il y a un président très célèbre, homme d'État, charismatique et qui a le plus marqué l'histoire de part son engagement et ses actions, c'est bien Thomas SANKARA. Au moment de célébrer le 35e anniversaire de sa disparition il s'avère nécessaire de s'interroger une fois de plus sur la meilleure façon de rendre hommage au père de la révolution burkinabè .

✍️: Issouf SAGNON

📷: Image d'illustration : Capitaine Thomas SANKARA, Burkina Faso.





"Tuez Thomas SANKARA,et des millions de SANKARA naîtront". 
Une trentaine d'années plus tard,si dans la pratique l'effet des millions de SANKARA tarde à se faire sentir (notamment dans les actes et les comportements des burkinabè) il nous paraît important de souligner ces aspects suivants pour mieux rendre hommage à Thomas SANKARA :

✓ Maintenant que justice a été rendue, l'une des meilleure façon de lui rendre hommage serait de travailler à une application effective des peines contre les coupables. Cela interpelle les différentes autorités politiques et surtout judiciaire compétentes en la matière.

✓ Pour des dirigeants qui veulent incarner un changement profond, dans une logique révolutionnaire, l'une des meilleures façons de rendre hommage au capitaine,est d'étudier son histoire,ses forces et ses faiblesses,et ensuite s'imposer ses valeurs et ses qualités. Dans la pratique cela devrait se sentir dans la façon de gouverner, dans laquelle les dirigeants mettront en avant le bas peuple. Pour cela des mesures doivent être prises par exemple pour une réduction du train de vie de l'État, pour une moralisation de la gouvernance, pour la promotion de l'esprit du sacrifice,etc, à commencer par les dirigeants.

✓ Au sein des citoyens et de la jeunesse, chacun devra également s'imposer des valeurs et des qualités à la SANKARA. L'obligation n'est pas seulement sur les dirigeants. Être engagé, être intègre, être patriote, sans oublier les valeurs cardinales, doivent s'imposer à tous.

✓ Pour la communauté scientifique et éducative, l'idéal ne serait t-il pas d'intégrer l'étude de la "Révolution burkinabè dans les programmes officiels d'enseignement ?

Dans tous les cas ,la meilleure façon de rendre hommage au capitaine Thomas SANKARA demeure d'incarner ses valeurs,ses qualités dans le comportement et dans les actes de tous les jours, aussi bien au niveau des dirigeants que des citoyens.
Autant dire que se proclamer sankariste, les  slogans et le point levé sont très loin d'être suffisants pour faire du "Sankara".


jeudi 13 octobre 2022

BURKINA FASO,UN SECOND COUP D'ÉTAT ET DES INCERTITUDES

 Quelques jours après son retour de New-York,le Lieutenant colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA n'a pas résisté au poids des défis qui l'attendaient dès le 25 janvier dernier. Après l'attaque du convoi de ravitaillement au niveau de Gaskindé en partence au Sahel du pays. En effet, des militaires du mouvement Patriotique pour la sauvegarde et la Restauration, (MPSR) ont perpétré un coup de force qui a contraint le président sortant à la démission le 02 Octobre 2022. Quelles sont les perspectives d'avenir au lendemain de ce deuxième pusch ?


✍️: Issouf SAGNON

📷: Image d'illustration,Capitaine Ibrahim TRAORÉ,actuel président du MPSR,Chef d'État.





Sur les raisons du nouveau coup d'État, à en croire aux nouveaux acteurs du coup,le président déchu du MPSR, DAMIBA, aurait "trahi l'idéal du mouvement". 

Dans la pratique il est aisé de remarquer qu'il s'est laissé emporté par une dynamique politique, notamment sur la question de la réconciliation nationale mais aussi dans ses relations avec l'extérieur.Comme s'il était un président élu démocratiquement et conduisant un pays tranquille.

Alors que les réalités et les attentes populaires sont pressantes. Et elles portent sur la situation sécuritaire,sur la cohésion au sein des forces de défense et de sécurité et la nature des rapports avec l'extérieur, notamment avec la France et l'organisation sous régionale qu'est la CEDEAO.

Au jour d'aujourd'hui, c'est à la fois une nouvelle occasion d'espoir et d'incertitudes. 

D'espoir parce qu'il s'agit d'une nouvelle opportunité de mieux faire sur les plans susmentionnés.

D'incertitudes car on se demande comment réussir la cohésion et l'union autour des défis, surtout chaque fois que la réalité nous mettra au-devant de l'immensité des défis : 

✓  Le nouveau coup d'État nous rappelle une fois de plus le défi de l'union au sein de toutes les forces de défense et de sécurité ; aura t-on une cohésion sincère dans la durée pour mieux lutter contre le terrorisme ? Cela demeure un impératif. Si l'état major général des armées a manifesté son soutien à la nouvelle équipe dirigée par le Capitaine Ibrahim TRAORÉ à travers un communiqué,il faut juste souhaiter que cela soit une réalité sincère en leur sein;

✓ Le défi sur l'unanimité autour d'un chef d'État investis, reconnu et soutenu par tous sera-t-il relevé ? Quand on sait que plusieurs acteurs posent des conditions avant d'apporter un soutien sans faille.Pour certains,leur soutien ne viendra que lorsque de façon concrète,la France sera remplacée par la Russie,en tant que partenaire stratégique et de lutte contre l'insécurité. La ferveur de certaines masses populaires le démontre.Pour d'autres,les considérations sociales et politiques semblent entrées en ligne de compte,au point où leur soutien est conditionné par l'appartenance sociopolitique de l'équipe dirigeante et de l'éventuel président du Faso.

Ainsi donc la triste réalité nous montre que la crise sécuritaire reste insuffisante pour unir les acteurs de la société burkinabè au-delà de leurs divergences. De quoi fragiliser en permanence les pouvoirs qui se succèdent et compliquer la tâche dans la lutte contre le terrorisme.

Le moins que l'on puisse dire est que l'instabilité et l'incertitude demeurent le quotidien des burkinabè.Au moment où s'annoncent des assises nationales dans la mi-octobre,on se demande quelle sera la composition de la nouvelle équipe gouvernante pour le reste de la transition,et si le nouveau pouvoir aura l'adhésion populaire suffisante pour aller au bout de la période transitoire.

L'idéal serait que les différents acteurs mettent de côté leurs revendications et considérations politiques. Et que tous s'unissent pour lutter contre le terrorisme dans la période transitoire dans l'espoir d'une amélioration,et qu'ensuite on parvienne à élire un président, puis enfin, chaque groupe d'acteur mettra sur la table ses revendications sociopolitiques. Depuis le début de la crise sécuritaire,aucun gouvernement n'a pu profiter d'un tel scénario.

Attendons de voir...

vendredi 30 septembre 2022

BURKINA FASO,LE MAL EST PROFOND

 En pleine crise sécuritaire depuis 2016 le Burkina Faso est à la croisée des chemins. Le risque d'une instabilité plus ou moins durable est réel. Et le moins que l'on puisse dire est que le mal dans la lutte contre le terrorisme est profond. Pour quelles raisons ? On en parle...

✍️ Issouf SAGNON.

📷 Image d'illustration, tenue militaire avec effigie du Burkina Faso 🇧🇫



Inutile de rappeler que les facteurs sociaux économiques tels que le chômage,la disparité dans le développement des différentes régions du pays avec certaines localités délaissées,les conflits communautaires depuis lors,la corruption dans plusieurs secteurs,etc ont favorisé l'expansion du terrorisme et continuent de compliquer la lutte.

Si bien que depuis le début de la crise il a été très difficile de faire un diagnostic sérieux. Depuis lors, c'est de tâtonnements en tâtonnements,du régime démocratiquement élu sous KABORÉ au pouvoir exeptionnel sous DAMIBA. 

La réalité est que le mal est profond. Au-delà des facteurs susmentionnés il y a à l'interne une crise politique. Une crise de confiance,de méfiance et d'intérêt autour de la gestion du pouvoir. A tel enseigne qu'il est impossible d'avoir une cohésion sociale autour d'un mal commun. Autant dire que les protagonistes rament à contre courant selon qu'ils sont ou non au pouvoir. À plusieurs reprises des cas de complicité, d'espionnage,de sabotage, de collaboration avec des terroristes, ont été évoqués depuis le début de la crise sécuritaire. 

Les clivages politiques ont atteint la société civile. Des camps existent selon les familles politiques, même en temps de guerre. Cet aspect des choses à fragilisé le président KABORÉ à l'époque et est en passe d'emporter DAMIBA avec l'éventualité d'un nouveau coup d'État.

À l'international, dans la guerre des propagandes pour leur influence stratégique, Moscou a une longueur d'avance sur Paris. Le poids de l'histoire,les erreurs commises à travers des interventions fréquentes et plus ou moins ouvertes dans ses anciennes colonies,les résultats très insuffisants dans la lutte contre le terrorisme,etc,auront contribué à fragilisé la France au profit de la Russie.

 Au Burkina Faso,la transition sous DAMIBA n'ayant pas opté pour une séparation franche avec la France,trouve sur son chemin une partie de la population qui est tombée sous le charme de la propagande russe.

 Ainsi, tandis que certains sont à la recherche d'un Goïta burkinabè, d'autres sont à la recherche d'une vengeance politique pour le pouvoir perdu. 

Toutes ces raisons justifieraient aisément un éventuel renversement de pouvoir, surtout que les résultats satisfaisants ne suivent pas pour l'instant les réformes et les réorganisations entamées ultérieurement par l'armée. Et l'attaque du convoi de ravitaillement au niveau de Gaskindé dans le Sahel du pays qui a occasionné plusieurs morts,des personnes civiles disparues et de nombreux dégâts matériels aura compliqué davantage les choses.

Le pouvoir de transition de P.H.S DAMIBA tiendra encore pour combien de temps face à une situation d'équation à plusieurs inconnus ? Attendons de voir...


dimanche 25 septembre 2022

TRIBUNE DE L'ONU, QUELLE LECTURE DE LA DÉCLARATION DU PRÉSIDENT DU FASO ?

 Présent à New York pour la 77e Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies,le Lieutenant colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA a livré une déclaration diplomatique au nom du Burkina Faso . Quels sont les enseignements que l'on peut tirer du message livré par la partie burkinabè à la tribune des nations unies ?

✍️: Issouf SAGNON

📷: Images d'illustrations ( P.H.S.DAMIBA; Siège de l'ONU).



Il faut noter d'emblée que cette 77e Assemblée Générale intervient dans un contexte de pouvoirs exceptionnels en Afrique Occidentale et dans un contexte de guerre en Ukraine. La représentation du Burkina Faso par le président DAMIBA peut à priori, susciter des interrogations d'autant plus que le Mali et la Guinée qui connaissent également des coups d'État n'y étaient pas représentés par leurs chefs d'États.

Mais cela paraît être la résultante d'une diplomatie beaucoup plus réussie par Ouagadougou en termes de confiance retrouvée de la communauté internationale après le coup d'État du 24 janvier.En effet les autorités de la transition ont su trouver un compromis sur plusieurs aspects notamment la durée de la transition et un processus beaucoup plus clair en termes de retour à la vie constitutionnelle. Ce qui n'est pas le cas de Bamako ou de Conakry qui sont plutôt dans une logique de rupture  avec la communauté internationale, notamment la CEDEAO, dans une logique de bras de fer .

Après avoir traduit sa reconnaissance à l'endroit du SG de L'ONU (Antonio Guteres ) et félicité les différents présidents des AG, le président du Faso a fait un bref rappel des thèmes récurrents des AG et des défis communs de l'heure. De là il ressort que les Etats et les institutions ne sont pas suffisamment dynamiques pour trouver des solutions contre les difficultés qui menacent la paix mondiale. De la question du Sahara occidental à la guerre en Ukraine en passant par les crises sécuritaire et économique,il y a des exemples qui mettent à nu les faiblesses aussi bien individuelles que collectives dans les relations intra et interétatiques.Ce que le chef d'État traduit par "la fragilité individuelle et collective",tout en appelant à une "solidarité internationale".

Sur le plan national,il tente d'expliquer les raisons du coup d'État du 24 janvier en évoquant "la dérive de la gouvernance politique en place, l'insécurité grandissante, la désintégration progressive et continue de l'État".

À priori,pour qui souhaite une véritable construction démocratique, c'est évidemment gênant de parler d'un coup d'État, à fortiori d'en trouver des arguments pour une quelconque justification. Par contre,on en est là,au Burkina Faso, parce que les militants du pouvoir déchu qui avaient pourtant la majorité présidentielle,ne se sont pas opposé farouchement au coup d'État ; tout comme les forces vives de la nation qui n'y ont pas opposé une résistance à l'image de celle de 2016 contre le Gal. Gilbert Diendéré. Cerise sur le gâteau,le conseil constitutionnel,qui aurait pu s'appuyer sur des résistances populaires au push pour faire blocage également, s'est retourné dans une posture de validation d'un pouvoir non issu des urnes. Autant dire que le peuple dans son ensemble n'a rien dit sur le coup d'État,ce qui octroie une légitimité aux autorités actuelles, chose que le président DAMIBA n'a pas manqué de rappeler subtilement.

Sur les difficultés à l'interne le président du Faso rappelle que le nombre de déplacés internes de 1.520.012 à la date du 31 août 2022 dont 61,27% d'enfants,22,13% de femmes et 16,6% d'hommes , correspond au plus grand nombre dans l'histoire du pays et de la sous région. 
Pour faire face à ces crises sécuritaire, humanitaire et alimentaire, quatre objectifs stratégiques ont été fixés, selon la déclaration du président. Il s'agit de la lutte contre le terrorisme,la restauration de l'intégrité du territoire, apporter une réponse humanitaire,la réconciliation nationale.

La réalité sur le terrain est que le terrorisme continue,des déplacés internes existent toujours en nombre important et le processus de réconciliation nationale est loin de faire l'unanimité quant aux procédures. L'engagement,les réformes et la bonne volonté des dirigeants restent salutaires mais il est évident que les problèmes ne seront pas tous réglés avant la fin de la transition.

Pour qui sait observer l'histoire  des militaires qui arrivent au pouvoir,le constat est qu'au départ ils n'ont pas pour objectif de durer au pouvoir. Ils prétendent mettre de l'ordre."Le pouvoir ne nous intéressent pas",dira Dadis Camara à l'époque. 
La pratique montre que ces dirigeants militaires finissent par prendre goût à la gestion du pouvoir. 
Dans le cas du Burkina Faso, l'on reconnaît au moins qu'il existe des intentions claires de retour à la vie constitutionnelle avec calendrier électoral dans un délai raisonnable. Reste à savoir si les défis et le goût du pouvoir ne pousseront pas à revoir les ambitions du côté de Ouagadougou.

 L'idéal serait que tout se déroule selon les textes et selon un consensus national nécessaire à la fois pour préserver la cohésion nationale que pour lancer les fondements d'un Etat de plus en plus fort.


vendredi 9 septembre 2022

BURKINA- MALI,LES CONDITIONS D'UNE COLLABORATION RÉUSSIE

 Début septembre le président du Faso sous la transition Paul Henri Sandaogo DAMIBA effectuait une visite de travail chez son homologue du Mali, Assimi GOÏTA. Cette visite s'inscrivait visiblement dans le cadre d'un renforcement de la coopération entre ces deux pays, notamment en matière sécuritaire. La question que l'on se pose est de savoir dans quelle mesure ces deux pays pourront aboutir aux résultats fructueux d'une collaboration réussie?

✍️ : Issouf SAGNON

📷 À gauche,le président du Faso, à droite celui du Mali, Septembre 2022.




Pourquoi faudra-t-il de la franchise, du courage et du leadership dans la coopération entre voisins ?

✓ Parce que la maxime selon laquelle "dans les relations internationales les Etats n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts ", tient toujours. C'est toujours vrai et valable. Chaque dirigeant doit alors avoir un leadership qui permet de concilier les intérêts.

✓ Les États ont des partenaires différents. Le Mali avec la Russie de façon claire ; le Burkina Faso toujours avec la France parmi ses collaborateurs. Il faut alors la franchise de part et d'autre et savoir tirer les aspects positifs de ces différences.

✓Quoiqu'on dise les puissances impérialistes sont toujours dans la lutte pour leurs intérêts matériels et stratégiques avec des techniques d'approche différentes. Il appartient alors aux jeunes chefs d'État inexpérimentés du Burkina et du Mali d'être courageux afin d'éviter toute manœuvre désagréable pour les deux pays.

✓ L'histoire nous enseigne des cas de manipulation des africains contre d'autres africains soit à l'intérieur d'un pays donné soit entre deux pays , par pays interposés,au profit d'une puissance donnée. Cette époque peut paraître dépassée, n'empêche qu'il appartient aux dirigeants africains de faire preuve de courage,de franchise et de leadership pour le grand bonheur des populations.

dimanche 4 septembre 2022

CE DANGER QUI GUETTE LE MONDE DU TRAVAIL AU BURKINA FASO 🇧🇫

 Dans l'histoire du Burkina Faso les travailleurs ont toujours joué un rôle cardinal aussi bien dans les moments paisibles que dans les moments difficiles à travers les organisations syndicales. De nos jours de nombreux défis se dressent dans la société, parmi lesquels la politisation à outrance et la baisse de la fibre patriotique. Ce qui pourrait impacter négativement sur l'organisation pratique des travailleurs et sur le rendement professionnel.


✍️ Issouf SAGNON

Photo d'illustration : Tolé M.SAGNON (à gauche en bonet rouge) , Bassolma BAZIÉ, anciens secrétaires généraux de la CGTB.

🗓️: Publié le 04-09-2022.





LES EFFETS NÉGATIFS DE LA POLITIQUE

Quoiqu'on dise ce sont les hommes politiques qui travaillent à organiser la société y compris le monde du travail. Le problème pratique est que la politisation a atteint un niveau inquiétant.

Voilà pourquoi les générations actuelles et futures devront être vigilantes afin d'éviter les manœuvres de division selon les pouvoirs politiques d'un moment donné.

Aussi dans la pratique, chaque citoyen, politique ou pas est susceptible d'avoir un penchant politique ou de confier sa voix à tel ou tel regroupement politique dans le processus électoral. La pratique malheureuse,lorsqu'il s'agit de luttes ou d'une quelconque opportunité d'engagement citoyen pour des causes communes,montre que l'engagement de plus d'un est variable selon que leur famille politique favorite est ou non au pouvoir. Lorsque la détermination et l'engagement citoyen sont tributaires de la politique et variables selon les autorités politiques,cela finit par affecter le patriotisme des travailleurs.


LA BAISSE DE LA FIBRE PATRIOTIQUE

S'il y a également un constat amer à faire dans la société burkinabè en général et dans le domaine du travail en particulier, c'est bien celui de la baisse du degré de patriotisme. On l'a dit,la politisation y est pour quelque chose. Mais aussi et surtout l'état,la nature de l'éducation civique et morale offerts par la société rassurent moins surtout pour l'avenir.

Dans la pratique la baisse de la fibre patriotique se traduit par la qualité de l'amour pour le travail dans les différents domaines, le faible niveau d'engagement pour les services d'intérêt public désintéressés, la faible mobilisation autour des cadres de luttes et d'amélioration des services tels que les regroupements syndicaux ou des associations,des pratiques indésirables de corruption,etc.

Ces deux dernières catégories d'entités souffrent d'engagement et de mobilisation franche. Des militants syndicaux peinent à honorer des cotisations ; des structures associatives peinent à prospérer,le tout, lorsque la majorité n'a visiblement pas d'intérêt immédiat. 

C'est alors un danger qui plane sur le monde du travail si la fibre patriotique de l'époque voltaïque n'est pas entretenue et améliorée. Car dans une société où tout est presque prioritaire, l'amour pour la patrie,un degré élevé de patriotisme seront toujours nécessaires non seulement pour redynamiser les structures de lutte des travailleurs mais aussi pour améliorer au quotidien la qualité du service public offert.

Pour y parvenir il faudra cultiver au quotidien des valeurs et suivre le chemin tracé par les différentes structures syndicales et associatives du passé ainsi que des anciens militants de la convention générale des travailleurs du Burkina (CGTB) dont, entre autres,les doyens Bassolma BAZIÉ ou Tolé M.SAGNON.

mercredi 31 août 2022

TRANSITION AU BURKINA FASO, L'HEURE DU PREMIER BILAN DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

 Lors d'une allocution le 1er avril dernier,le président du Faso sous la transition avait promis de dresser un bilan après une période de cinq mois. En attendant une communication officielle en guise de bilan le blog vous dresse une lecture sur la question.

✍️ : Par Issouf SAGNON

🗓️ : Publié le 31-08 2022.


IL faut d'emblée avouer que ce fut courageux de la part du président Damiba de fixer un délai de redevabilité alors même qu'il est arrivé au pouvoir par un coup de force et non à travers les urnes.

 Même si cela pourrait traduire une volonté des militaires de vouloir améliorer la situation durant la période indiquée , force est de constater certaines réalités du terrain :

✓ Il existe toujours de nombreux déplacés internes.

✓ Au jour d'aujourd'hui le renfort en matériel de guerre n'est pas encore acquis.

✓ Le dispositif de prévention et de renseignement dans les zones stables est inefficace,au point où les alertes ne suffisent pas pour anticiper et éviter d'éventuelles attaques.

✓ Le flou demeure toujours au sujet de la coopération militaire avec la France dont la présence militaire est controversée.

Autant dire que la guerre contre le terrorisme n'était pas gagnée d'avance avec des militaires au pouvoir. Ce constat n'empêche pas,en toute objectivité de noter les efforts de réorganisations structurelle et humaine.

Il s'agit notamment de création et délocalisation de bases militaires en vue d'un meilleur maillage du territoire, stratégies de dialogue avec des comités locaux, amélioration du statut de volontaires pour la défense de la patrie,des décorations spontanées en guise de mobilisation.

Une chose est sûre, chacun ira de sa lecture de la situation selon son appartenance sociopolitique. Et la vérité est que la majorité silencieuse composée de travailleurs, d'hommes d'affaires,de paysans,etc ,qui n'a rien à voir avec la politique ne souhaite qu'un pays en paix afin de vaquer à leurs préoccupations. 

Et jusque là il faudra patienter dans l'espoir que les différentes mesures adoptées par les autorités de la transition puissent contribuer à améliorer la situation sécuritaire au Burkina Faso dans la mesure où certaines localités du pays sont toujours invivables .


mardi 30 août 2022

ERREURS AU SOMMET : QUELLE ANALYSE ?

 Depuis l'arrivée du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) plusieurs erreurs ont été constatées tantôt dans la forme , tantôt dans le fond dans la gouvernance. On est en droit de s'interroger sur les raisons diverses des ces erreurs. Quelle lecture pouvons-nous faire de ces erreurs ?

✍️ : Issouf SAGNON

🗓️ : Publié le 30-08-2022

📷: Drapeau du Burkina Faso.




L'on se souvient que dès la naissance du MPSR un article manquait dans la charte formalisant sa naissance.

Par la suite s'en est suivi une cacophonie tantôt dans la communication tantôt dans l'organisation pratique dans la gouvernance.

Le dernier fait marquant est la discordance entre les propos du premier ministre Albert OUEDRAOGO et les positions du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) et de la famille SANKARA au sujet de la venue de l'ancien président Blaise Compaoré.

En rappel ce retour de l'ex président s'inscrivait dans une logique générale de réconciliation nationale et particulière de rencontre de tous les anciens chefs d'État vivant du Burkina Faso ; rencontre qui s'est également soldée par un quasi échec,deux des anciens présidents du Faso n'ayant pas pu honorer à l'invitation du président Damiba.

Auparavant plusieurs cas irréguliers ont été constatés : la discorde pratique entre le comité de rédaction du projet de transition et les dirigeants sur le caractère bénévole ou pas des membres de l'assemblée législative de transition (ALT); le drapeau du Burkina Faso à l'envers lors d'une cérémonie ;des erreurs sur les nominations (de personne déjà nommée ou décédée). Il est clair que toutes ces situations ne passent pas inaperçues dans une transition où l'espoir porte sur un renouveau dans la gouvernance. Quelle lecture possible donc ?

HYPOTHÈSES POSSIBLES D'EXPLICATION :

La première hypothèse est celle de l'inexpérience politique de la majorité des dirigeants de la transition. Du président Paul Henri Sandaogo Damiba à plusieurs de ses ministres en passant par son premier ministre,le manque d'expérience dans la gouvernance au haut niveau et des rouages de la politique se fait sentir dans la gestion et dans les stratégies de communication. 

On déduit aisément qu'il ne suffit pas d'avoir des compétences professionnelles dans un domaine précis pour s'en sortir paisiblement dans la gouvernance au sommet. 

La deuxième hypothèse pourrait être celle du boycott ou d'un sabotage indirect de plusieurs acteurs tapis dans l'ombre mais susceptibles d'induire en erreur d'une façon ou d'une autre les dirigeants de la transition. D'autant plus que le pouvoir actuel est issu d'un coup d'État. Autant dire que plusieurs acteurs du pouvoir déchu sont toujours dans la frustration. Alors que ces derniers gardent toujours un rapport de force non négligeable à tous les niveaux de l'administration publique. La collaboration franche reste alors difficile à réaliser.

Le constat évident est que pour réussir tranquillement dans une gouvernance transitionnelle il faut à la fois des compétences techniques,de l'expérience politique et de la cohésion des principaux acteurs de la société autour des mêmes objectifs d'intérêt général. Force est de constater que ces conditions ne sont pas réunies au Burkina Faso. 

Autant dire que les autorités de la transition n'auront pas la tranquillité nécessaire tout au long de leur règne quand on sait que la tendance est à la naissance de fronts et de mouvements sociopolitiques dans le débat public.De surcroît lorsque les résultats de la lutte antiterroriste de sont pas à la hauteur des attentes du peuple Burkinabè.

lundi 22 août 2022

SAHEL, BARKHANE HORS DU MALI

 

Mali,fin de mission pour Barkhane qui aura échoué après 09 ans.(15 Août 2022). 




Désormais le dispositif militaire français s'articule autour du Burkina Faso,de la Mauritanie,du Niger et du Tchad.

La leçon que doivent tirer ces pays est qu'aucune puissance, quelque soit ses moyens,ne peut vaincre le terrorisme au profit d'un pays tiers. 

Surtout lorsque les intérêts économiques et stratégiques se mêlent dans la danse.

Autant dire que les réalités endogènes de chaque pays comptent. Autant dire que la situation sociopolitique de chaque pays compte. Autant dire que la qualité et la performance du système sécuritaire de chaque pays comptent.

Les ex dirigeants de l'Afghanistan ne diront pas le contraire ; les Etats Unis ayant échoué contre les talibans malgré leurs moyens. Auparavant l'ex URSS y avait également échoué.

Tirer des leçons du cas malien, mieux s'équiper, s'organiser,se stabiliser sur les plans social et politique et s'engager en première ligne, voici entre autres les défis qui nous attendent.


✍️ Issouf SAGNON.

jeudi 11 août 2022

DROIT PÉNAL ET CITOYENNETÉ AU BURKINA FASO 🇧🇫

 Nul n'est censé ignorer la loi, dit-on. Au Burkina Faso le droit pénal n'est pas suffisamment appréhendé et vulgarisé. Dans une société caractérisée par l'incivisme grandissant,il est plus que nécessaire de rappeler de temps à autre quelques délits pouvant engager la responsabilité pénale du citoyen dans l'espoir de contribuer à améliorer le degré et la qualité de citoyenneté. Dans cet article nous abordons quelques fautes quotidiennes pouvant conduire en prison avec une amende à l'appui.

✍️ : Issouf SAGNON

🌐 : Code pénal nouveau, Burkina Faso; Loi 061-2015/CNT du 06 Septembre 2015.

🎥 : Drapeau du Burkina Faso



LE DÉLIT DE VOL (Art.611;Code pénal)

Lorsque l'on soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui,on commet un vol.

Le code pénal du Burkina Faso impose une peine d'emprisonnement de un ( 01) à cinq (05) ans plus une amende de cinq cent mille (500.000) à un (01) millions de Francs CFA.

LE DÉLIT D'ADULTÈRE (Art 533-15; code pénal)

On a tendance à croire que seul les religions condamnent l'infidélité. Le délit d'adultère est lorsqu'une personne mariée entretien des relations sexuelles avec une personne autre que son conjoint (e). Est punie d'une amende de deux cent cinquante mille (250.000) à six cent mille (600.000) Francs CFA toute personne coupable de délit d'adultère, selon le code pénal, article 533-15. À noter qu'il suffira que le/la conjoint (e) victime réunisse la preuve et depose une plainte. Toutefois,un éventuel retrait de la plainte pourrait suspendre la procédure contre l'accusé.

LE FAUX TÉMOIGNAGE (art 374-1 code pénal)

Il s'agit là d'une altération volontaire de la vérité par un témoin dans le but de tromper la justice au profit d'une partie. L'auteur d'une telle infraction encourt une peine d'emprisonnement de un(01) à dix (10) ans et une amende de un million cinq cent mille (1.500.000) à cinq millions (5.000.000) en matière criminelle.(art.374-1).

En matière civile, commerciale, administrative ou sociale la peine encourue est de un (01) à dix (10) ans d'emprisonnement plus une amende de six cent mille (600.000 ) à deux (02) millions de Francs CFA.

LA DÉNONCIATION CALOMNIEUSE (Art 524-3 code pénal)

C'est cette dénonciation mensongère d'un fait faux de nature à exposer celui qui en est l'objet à une sanction de l'autorité administrative ou de son employeur ou à des poursuites judiciaires. Tout auteur d'une dénonciation calomnieuse s'expose à une peine d'emprisonnement allant de un (01) à cinq (05) ans plus une amende de cinq cent mille à deux millions de Francs CFA.(art 524-3).

LA CORRUPTION D'AGENTS PUBLICS (art 331-2 code pénal)

Toute personne qui promet, offre ou accorde directement ou indirectement à un agent public un avantage indu afin que celui-ci commette ou omette de commettre un acte relevant de son service, tombe dans la corruption d'agents publics. Il en est de même que tout agent public qui sollicite ou accepte un avantage indu dans les mêmes circonstances. Les auteurs de la corruption d'agents publics encourent une peine d'emprisonnement de deux à cinq ans plus une amende égale au double de la valeur des promesses ou avantages indus ; code pénal, article 331-2.

LE HARCÈLEMENT SEXUEL(Loi 061-2015/CNT)

Ici il faut surtout comprendre ce qu'implique effectivement la notion selon la loi du 06 Septembre 2015 portant prévention, répression et réparation des violences faites aux femmes et aux filles. Selon cette loi,le harcèlement sexuel concerne aussi bien les agissements que des propos "à connotation sexuelle" imposés de façon répétée à une femme ou à une fille, portant atteinte à sa dignité du fait de leur caractère dégradant,humiliant, intimidant ou offanssant .

Cela implique également " toute pression grave dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte sexuel" pour soi ou pour autrui. Selon la dite loi, tout coupable de harcèlement sexuel encourt une peine d'emprisonnement de trois mois à un an et une amende de trois cent mille (300.000) à cinq cent mille (500.000) FCFA.

La peine peut être au maximum, précise la loi,si le coupable exerce une influence ou une autorité sur la victime.,ou encore si la victime est dans une situation de vulnérabilité.

La liste des différentes infractions courantes est loin d'être exhaustive. Il appartient aux citoyens de chercher à mieux connaître et comprendre les sources juridiques afin de mieux éviter d'éventuelles situations désagréables. Car nul n'est censé ignorer la loi et une société sans loi est une société de nature.

vendredi 29 juillet 2022

BURKINA FASO 🇧🇫 : QUELLE PLACE OCCUPE LA RÉPUBLIQUE DANS NOS CŒURS ?

 Le Burkina Faso est réputé être le pays des hommes intègres. Cela suppose que les citoyens de la société burkinabè aient un grand amour pour la nation. Au vue des évènements,de la conjoncture et de la conscience collective du moment, force est de s'interroger sur la place occupée par la République dans les cœurs des citoyens. Quelle est alors le degré de patriotisme en temps d'accalmie ? Qu'en est-il dans les périodes troubles ?

✍️ : Issouf SAGNON.

🗓️: Publié le 29 Juillet 2022.

🎥: Armoiries du Burkina Faso.


QUELLE LECTURE AU SUJET DU PATRIOTISME EN TEMPS DE PAIX ?

Nous pensons que le degré d'amour pour la patrie se traduit par l'engagement citoyen au profit de l'intérêt général. Le constat est que lorsque tout va bien,en temps de paix,la réalisation de l'intérêt général dans la pratique semble reléguée au second plan.

Sur le plan politique,de la conquête à la gestion du pouvoir dans la sphère locale ou nationale,les différents actes profitent bien plus aux personnes privées qu'aux personnes morales. Ce qui explique l'ampleur de la corruption et la baisse des performances dans plusieurs domaines du secteur public.

Sur le plan socio-économique l'autorité de l'État est fréquemment défiée. Les symboles de l'État sont de moins en moins respectés.L'interêt général est de plus en plus délaissé.Dans les initiatives, comme il a été dit antérieurement dans un autre article,malheureusement il se trouve que dans chaque catégorie,les membres du peuple ne s'occupent que de ce qui les intéressent,de façon égoïste. 

L'homme politique ne s'intéresse que de comment conquérir et conserver le pouvoir .

Le commerçant ne s'intéresse que de comment réaliser son profit dans ses affaires quotidiennes.

Le "petit bourgeois", fonctionnaire ou pas ,ne s'intéresse qu'à sa petite famille et à son compte bancaire.

Ainsi de suite, chacun semble se chercher de sorte que le facteur commun est ignoré jusqu'au jour où on se rende compte de l'urgence de s'occuper de l'intérêt général sur tel ou tel plan.Tout ceci traduit un degré insuffisant d'amour pour la République en temps d'accalmie. Même s'il est nécessaire de rappeler que la fibre patriotique s'enflamme bien surtout lors de certains évènements tels que les matchs de football de l'équipe nationale.

QU'EN EST-IL EN TEMPS DE CRISES ?

Le degré d'amour, d'intégrité devrait se faire sentir positivement durant les périodes sombres de l'histoire de tout un pays. Dans l'histoire de notre nation, il est arrivé des moments très compliqués, notamment la suppression de la Haute Volta. Il a fallu une grande mobilisation et un degré élevé de patriotisme de la part de nos ancêtres pour la reconstitution et la fondation d'une nouvelle nation.

Aujourd'hui dans un contexte sécuritaire marqué par le terrorisme il est encore indispensable d'interroger le patriotisme des citoyens. Et le fait est qu'on est loin des valeurs de nos ancêtres dans les moments de troubles. Les facteurs tels que la politisation à outrance,la pauvreté et la diversité ethnique mettent au défi l'amour pour la patrie.

C'est ainsi que des citoyens sont en mesure de ne pas collaborer tant que leurs désirs et choix politiques ne sont pas respectés. D'autres sont d'ailleurs prêts à s'adonner au sabotage des efforts des autorités pour des raisons politiciennes. Dans la lutte contre le terrorisme, l'ancien président KABORÉ en a subi et n'a donc pas bénéficié d'un degré de patriotisme consistant des citoyens. 

Sous la transition de DAMIBA,la même dynamique moins constructive se poursuit à travers parfois une communication axée sur les faiblesses et insuffisances au moment où chaque citoyen, à tous les niveaux devrait s'interroger sur la place qu'occupe la République dans son cœur dans un contexte particulièrement difficile pour le pays.

Que dire des citoyens en mesure de collaborer avec l'ennemi pour des raisons économiques ?

Que dire des opérateurs économiques en mesure de profiter des moments difficiles du pays pour réaliser plus de profits ?

Une chose est sûre,le citoyen Burkinabè d'aujourd'hui doit retrouver son intégrité et son amour pour la patrie aussi bien en temps de paix qu'en temps de périodes troubles.


mardi 26 juillet 2022

BLAISE COMPAORÉ DEMANDE PARDON,ET APRÈS ?

 Après la rencontre avec le Président du Faso sous la transition, l'ancien président Blaise Compaoré s'est exprimé à travers une lettre expédiée par des envoyés d'Abidjan à savoir le ministre conseiller d'Alassane Ouattara Aly COULIBALY et sa fille Djamila COMPAORÉ.Par ce message Blaise COMPAORÉ soulève la nécessité d'une union afin de mieux répondre aux urgences causées par la crise sécuritaire. Il évoque également la nécessité du pardon et va loin en demandant pardon au peuple Burkinabè et surtout à la famille de "son ami et frère Thomas SANKARA". Quelle sera alors la suite probable à donner à une telle attitude qui, dans tous les cas, s'inscrit dans le sens d'une véritable réconciliation nationale ?

(En annexe la lettre de l'ancien président Blaise Compaoré)





SUITE PROBABLE DU CÔTÉ DE LA JUSTICE.

Sur ce plan il ne faut s'attendre à aucune suite logique en dehors de la dynamique enclenchée dans le cadre du procès Thomas Sankara qui, rappelons-le,a déjà conduit à la condamnation à vie de l'ex président. La demande de pardon peut contribuer à apaiser les cœurs pour une justice naturelle mais ne devrait pas suffir pour empêcher un début d'exécution de la sentence sur le plan juridique.

 À moins que le facteur politique n'intervienne éventuellement dans le cadre d'un programme de grâce présidentielle dont les prérogatives appartiennent au Président du Faso. Reste à savoir quel président du Faso s'inscrira dans cette logique. Tout devrait dépendre également de l'issue du processus de réconciliation enclenché depuis l'époque du président KABORÉ.

À QUELLE SUITE FAUT-IL S'ATTENDRE DU CÔTÉ DU PEUPLE ET DE LA FAMILLE SANKARA ?

Une chose est certaine,les avis resteront partagés au sein de l'opinion publique nationale. Il faut se rappeler qu'au moment de sa chute,le CDP disposait d'une majorité en terme de suffrage exprimé. Si cet électorat s'est dispersé plus tard, force est d'admettre qu'il existe toujours de nombreux participants prêts à soutenir l'ancien président Blaise Compaoré. Ces partisans verront probablement à travers ce message de pardon un acte de grandeur,de sagesse et d'apaisement dans le sens de la réconciliation nationale.

Venant de ses adversaires politiques et de tous ceux qui s'inscrivent dans la logique d'une véritable justice classique,il est certains que Blaise Compaoré ne pourra pas compter sur un accueil suffisamment favorable de son message, quoique important pour la suite du processus de réconciliation nationale. L'exécution de la décision de justice sera toujours attendue par cette catégorie d'acteurs au sein de l'opinion. Les avocats de la famille SANKARA ne diront certainement pas le contraire. 

L'avis de la veuve SANKARA et de la famille proprement dite sera crucial pour la suite. Reste à savoir dans quelle mesure elle sera impliquée dans le processus de réconciliation nationale dans l'avenir. Il faut juste souhaiter qu'en fin de compte les cœurs soient beaucoup plus soulagés et que l'intérêt général puisse l'emporter progressivement sur les intérêts particuliers.

Issouf SAGNON .

lundi 18 juillet 2022

BURKINA FASO 🇧🇫 : QUELS SONT LES OBSTACLES À LA RÉCONCILIATION NATIONALE ?

 Au pays des hommes intègres,de Blaise Compaoré à Rock M.C.Kaboré,la question de la réconciliation nationale est très souvent apparue sur la scène politique. Et la réalité est qu'aucune stratégie de réconciliation nationale n'a véritablement abouti au point de pouvoir unir toutes les forces vives de la nation autour d'un idéal commun.

Après le coup d'État du 24 janvier le pouvoir de la transition conduit par le Lieutenant Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba revient à la charge sur la question de la réconciliation, dans la logique de son prédécesseur Rock Kaboré, mais dans des conditions et réalités différentes. Après une tentative moins réussie de réunir tous les anciens présidents du Faso,aujourd'hui on est en droit de se demander quels sont les principaux obstacles au processus de réconciliation nationale ? 



BURKINA FASO,UNE SOCIÉTÉ TRÈS POLITISÉE 

Le premier obstacle semble lié à une politisation à outrance de la société. En rappel le pays a traversé plusieurs moments difficiles liés à l'instabilité politique : Des coups d'État, deux insurrections majeurs,de nombreuses pertes en vies humaines à cause de la politique. 

Et le moins que l'on puisse dire est que la fracture sociale en rapport aux différents évènements douloureux est très grande. Puisque chaque situation a eu son lot de victimes et de frustrés. A tel point que politiquement,la conciliation des positions et des désirs est restée quasi impossible. Par conséquent les clivages politiques sont importants et recommandent une collaboration franche et sincère de tous les acteurs, notamment les différentes victimes mais aussi les accusés et responsables d'événements tragiques.

LES OBSTACLES LIÉS À L'ATTITUDE DES ACCUSÉS ET RESPONSABLES 

On se rappelle que la justice a rendu son verdict dans le dossier Thomas Sankara et autres. Les victimes dont l'ancien président du Faso Blaise Compaoré ont été condamnés par contumace pour certains. Si le Gal. Gilbert Diendéré continue de purger ses peines , force est de reconnaître que l'attitude de Blaise Compaoré est insuffisante pour un processus serein de réconciliation nationale. Parce qu'en réalité ce processus ne doit pas occulter les aspects vérité et justice. Cela donne l'impression qu'il n'est pas disposé à affronter courageusement la justice dans l'espoir que les différents acteurs puissent aboutir à une éventuelle "miséricorde nationale".

Voir Blaise Compaoré décider à entrer au pays, à prendre la parole, à dire ouvertement et sincèrement sa part de vérité, à formuler une demande de pardon sincère à l'endroit des différentes victimes d'événements tragiques sous son règne,à commencer à purger sa peine, constituerait un pas important franchis vers une véritable réconciliation nationale. Cela contribuerait certainement à désamorcer les cœurs et à,ne serait-ce que soulager l'âme des familles des victimes dont l'attitude pourrait être un obstacle dans une certaine mesure.

L'OBSTACLE LIÉ À L'ATTITUDE DES FAMILLES DES VICTIMES.

Il est clair que l'attitude des familles des victimes dépend largement de l'attitude des coupables et responsables. Mais aussi des manipulations politiciennes au sujet de certains dossiers emblématiques. C'est ainsi que le processus de réconciliation nationale devra fortement impliquer les différentes catégories de victimes. Après,ces catégories devront s'inscrire dans une logique de pardon,en vue de tourner la page afin de réaliser l'intérêt général qui se cache derrière l'idée de réconciliation nationale. S'il est sûr qu'il faudra au préalable passer par la vérité et la justice,il n'en demeure pas moins que les intérêts corporatistes, politiques ou privés ne devraient pas l'emporter sur l'intérêt général dans un moment où le pays continue de traverser des situations difficiles avec la crise sécuritaire.

En sommes les acteurs politiques,les coupables,les victimes et les citoyens dans l'ensemble doivent collaborer franchement et sincèrement, chacun à son niveau afin que tous puissent s'accorder sur les urgences à réaliser au profit de la nation. 

Faut-il rappeler que la justice doit continuer à jouer un rôle clé en n'étant pas sélective ? Faut-il rappeler également que le processus de réconciliation ne doit pas concerner uniquement les acteurs politiques ? Tout le monde est alors interpellé.

Issouf SAGNON

lundi 4 juillet 2022

SOMMET DE LA CEDEAO, BURKINA FASO,MALI :QUELLE ATTITUDE ADOPTER PAR LES TRANSITIONS FACE AUX DÉCISIONS PRISES ?



 A l'issue de son sommet extraordinaire tenu à Accra ce 3 Juillet 2022 plusieurs décisions ont été adoptées par l'organisation sous-régionale sur le Burkina Faso,le Mali et la Guinée qui connaissent tous des situations de transition après des coups d'État. Selon les décisions prises, quelle devra être là conduite à tenir pour chacun des Etats susmentionnés ?




DE LA LEVÉE DES SANCTIONS AU MALI SOUS CONDITION 

Les sanctions économiques et financières contre le Mali sont levées d'après les conclusions des travaux de la CEDEAO. L'une des principales conditions serait que les militaires renoncent à se présenter aux postes électifs lors des élections à venir.

La question que l'on peut se poser est de savoir si cette condition était dans les négociations secrètes entre la partie malienne et la CEDEAO afin que les sanctions soient levées ? L'on sait que l'organisation sous régionale tenait entre autres à voir un calendrier clair tendant vers le retour à l'ordre constitutionnel. Le gouvernement malien a eu le mérite d'élaborer un calendrier dans ce sens. La modification de la loi électorale permet cependant aux militaires de la transition de se représenter à condition de démissionner du pouvoir transitoire et de l'armée quatre mois auparavant. Cette éventualité n'est pas du goût de la CEDEAO. Que faire pour Assimi GOÏTA et son équipe ?

Il faut rappeler qu'au-delà des militaires il y a des acteurs politiques,de la société civile,des corps professionnels et le peuple malien dans son ensemble. Alors l'opinion et la volonté de tous ces acteurs devra compter certainement. Il appartient alors aux autorités de la transition de prendre la meilleure décision possible afin d'éviter une éventuelle instabilité issue du processus électoral à venir.

Il est certain que la classe politique et la société civile risque d'émettre des réserves sur la sincérité du processus si les mêmes autorités de la transition devraient prendre part aux élections qu'elles même organiseront. Comme le dit l'adage "nul ne peut être juge et partie à la fois". Dans tous les cas il appartient aux différents acteurs de savoir privilégier les intérêts du vaillant peuple malien.

DES 24 MOIS DE TRANSITION POUR LE BURKINA FASO

Nous pensons que les autorités de la transition du Burkina Faso doivent accepter le délai donné par la CEDEAO.Parce que plus une transition dure, plus le risque d'instabilité est grand .

Surtout lorsque que l'équipe de la transition est essentiellement composée d'acteurs d'une expérience politique moindre et qui n'ont pas un rapport de force favorable pour gouverner sereinement. En fait les hommes politiques et leurs différents partenaires stratégiques n'entendent pas faciliter les choses. 

Il faut alors mettre l'accent sur l'application les stratégies militaires déjà élaborées, accélérer les principales réformes et commencer la préparation des futures élections,sans oublier le processus de réconciliation nationale qui doit rassembler toutes les forces vives de la Nation. 


Issouf SAGNON 

mercredi 15 juin 2022

BURKINA FASO 🇧🇫: TRANSITION ET INCERTITUDES

 La situation sécuritaire qui a conduit vers le coup d'État du 24 janvier reste toujours inquiétante. Le pays traverse toujours d'énormes difficultés liées à l'insécurité . Du coup le pays est plongé dans des incertitudes au vue des évènements et de l'attitude des différents acteurs.

✍️: Issouf SAGNON

📷: Carte du Burkina Faso 🇧🇫



DE L'ATTITUDE DES DIFFERENTS ACTEURS

Dès le début du terrorisme au lieu de prendre la question au sérieux le MPP a préféré soupçonner le pouvoir déchu d'être derrière les attaques en guise de déstabilisation. 

Par ailleurs,au sein des acteurs de l'opinion publique nationale nombreux sont ceux qui voient la France comme instigatrice du terrorisme ou comme une puissance qui arme les terroristes.

Au cours du mandat du président Kaboré on est tenté de parler de sabotage au vue de certains dysfonctionnements aussi bien au sein de l'armée que de l'administration en général. Il a manqué visiblement la cohésion nécessaire pour affronter le terrorisme,tant l'adversité politique issue de l'insurrection populaire d'octobre 2014 fut grande entre les acteurs. 

De ce qui précède, l'attitude des acteurs de la société burkinabè s'est caractérisée par une série d'accusations à tort ou à raison tantôt de telle ou telle famille politique, tantôt de la France,sans oublier les revendications des corps professionnels depuis le premier mandat du président Kaboré. 

Par conséquent il eut moins de lucidité pour comprendre réellement que les facteurs internes tels que la pauvreté des couches sociales,les inégalités selon les régions,les mésententes intercommunautaires, l'insuffisance de la cohésion entre acteurs du système sécuritaire,la corruption,le trafic mal maîtrisé des hydrocarbures,etc contribuent largement à l'entretien et à la propagation du terrorisme. Le constat évident fut l'incapacité du régime du MPP à trouver les  solutions adéquates pour contrer les attaques terroristes jusqu'à sa chute.

 Cette série d'attitudes loin d'être constructives se poursuit sous la transition. On est toujours dans une logique d'accusations et d'adversité. Certains se retrouvent mieux dans le camp du pouvoir de la transition qui a en face de lui les militants du MPP n'ayant pas digéré la perte du pouvoir,qu plus les pro-russe qui s'attendaient à une rupture formelle avec la France à l'image du Mali, plus d'honnêtes citoyens qui avaient espéré un meilleur changement et qui restent dans leur soif, plus l'inflation issue des réalités économiques,etc. 

Dans une telle logique on se trouve loin de la dynamique de cohésion et de rassemblement afin de mieux exploiter la transition qui demeure la meilleure opportunité possible pour fonder une nouvelle Nation à travers les bases solides. D'où l'impression d'incertitudes en ce qui concerne la paix et la stabilité dans notre pays d'autant plus que les différents évènements demeurent également moins rassurants.

DES ÉVÈNEMENTS CARACTÉRISTIQUES DE LA SITUATION DU PAYS

Comme on le sait tous depuis 2016 plusieurs évènements tragiques liés essentiellement aux terrorisme ont attristé les populations. De Yirgou à Saytenga en passant par Inata et Solhan,des centaines de civils ont été tués.

Si au départ les attaques touchaient principalement les convois de FDS et les symboles de l'État, aujourd'hui les terroristes n'épargnent pas les populations civiles selon la zone stratégique qui les intéresse.

Des cette succession d'événements tragique, s'en est suivi un coup d'État, suivi d'une transition après une gymnastique de normalisation du pouvoir issu du pusch par le conseil constitutionnel.

Après la mise en place des organes de la transition la question des émoluments des membres de l'Assemblée Législative de Transition ainsi que des salaires des membres de l'exécutif a fait des gorges chaudes. Au départ bon nombre de personnes ont pensé au bénévolat pour l'animation de l'ALT . Quand aux salaires des ministres,un décret a été pris pour en revoir le régime juridique. Au vue des montants de part et d'autre on s'accorde à dire que l'exemple est loin d'être donné en matière de réduction du train de vie de l'État. 

Sur le plan administratif et institutionnel on assiste à une sorte de réorganisation notamment avec de nouvelles nominations aux postes de responsabilité et des révocations"avec effet immédiat"qui sont perçues par plusieurs personnes comme des règlements de comptes.

En ce qui concerne la coopération internationale,on se souvient que le président de la transition avait rappeler qu'il ne s'inscrivait pas dans une logique de révolution. En matière de sécurité la coopération militaire avec la France semble demeurer. De quoi décevoir ceux qui s'attendaient à une véritable rupture en la matière. Surtout que rien n'est visiblement fait pour montrer que de nouvelles conditions de collaboration sont édictées afin que la France-Afrique d'antan ne soie plus d'actualité et que sonne l'ère d'une nouvelle collaboration franche.

De façon pratique,sur le terrain le nombre d'attaques terroristes ne baisse pas. Et en plus de leur stratégie nauséabonde de s'attaquer aux populations civiles,les terroristes semblent mieux exploiter les failles en matière de trafic d'hydrocarbures avec une vingtaine de citernes détournées dont 14 dans la région de l'est à la mi-juin.

Ces principaux évènements ont clairement affecté plusieurs acteurs dans leur élan d'apport constructif et de soutien,certains commençant déjà à porter la voix pour une démission du président de la transition, d'autres s'inscrivant de façon indirecte dans une logique de sabotage à travers une communication adaptée à cet effet.

Ces évènements et attitudes nous éloignent clairement d'un scénario d'union,de cohésion et de réconciliation pour mieux exploiter la nouvelle période transitoire dans l'espoir de fonder les bases du renouveau. D'où l'urgence pour les forces vives de la nation de se revoir,à commencer par les autorités, pour une transition réussie.


dimanche 29 mai 2022

BURKINA FASO 🇧🇫 : LES DANGERS DE LA POLITIQUE

 Parmi les nombreux défis à relever figure incontestablement la dépolitisation de l'administration publique. Le constat est qu'au delà de l'administration publique toutes les entités(professionnelles, juridiques, coutumières et religieuses ) sont infectées d'une manière ou d'une autre par "le virus politique". D'où la nécessité d'une lecture approfondie afin de mieux faire face à ce fléau.




LA POLITISATION À OUTRANCE DES DIFFÉRENTES ENTITÉS

Des structures corporatives telles que les organisations syndicales aux autorités religieuses et coutumières en passant par les organisations de la société civile et l'armée,la politisation y a atteint un niveau inquiétant.

Cette politisation a plusieurs caractéristiques.La confusion de rôles entre entités en est une. Il est fréquent de remarquer cela entre les partis politiques et les organisations de la société civile. Dans la pratique, aussi bien les partis politiques que les OSC laissent des vides dans l'atteinte de leurs différents objectifs.

 Les partis politiques n'animent pas suffisamment la vie publique politique à travers l'éducation des masses. Ils sont beaucoup plus guidés par la conquête et la gestion du pouvoir en sautant les autres étapes nécessaires pour un système électoral éclairé.

Les organisations de la société civile qui n'ont pas pour missions de conquérir et de gérer le pouvoir , prennent parfois et pour bon nombre, une forte coloration politique. De façon pratique certaines OSC semblent plus proche des partis politiques de part leurs actions. La veille citoyenne, l'éveil des consciences,les activités humanitaires,etc,ne sont plus les principaux objectifs de plusieurs organisations de la société civile. Elles sont beaucoup plus guidées par le désir de se rapprocher de tel ou tel regroupement politique afin d'avoir certains avantages du pouvoir. Plusieurs acteurs de la société civile sont passés de la rue à un ministère ou à un poste de conseiller à la présidence du Faso. Si cela n'est pas interdit, force est de reconnaître que la collusion exagérée entre ces deux types d'entités fausse la donne en ce qui concerne les objectifs fixés par les statuts de chacune d'entre elles. Il est d'ailleurs fréquent de voir des OSC organiser des activités de soutien aux profits d'un pouvoir politique ou au profit d'une personnalité politique, à l'image d'un parti politique ! Peut-on être juge et partie à la fois?

Le constat malheureux est que la politique touche presque tous les secteurs dont certains sont censés rester neutre au vue de leur importance pour la société. L'administration publique est politisée parfois par le biais de "cellules politiques"dans divers services. Parfois par le truchement de structures syndicales dont les prises de positions sont le plus souvent favorables au pouvoir en place.

L'une des conséquences néfastes de cet état des choses est qu'on retrouve parfois au sein de l'administration publique,des responsables avec un niveau très insuffisant de leadership,un niveau insuffisant de professionalisme et de compétences qui ont cependant accéder à des postes de responsabilité par favoritisme politique. On s'éloigne alors du principe de la "méritocratie".

Que dire des autorités coutumières et religieuses ! Elles devraient être les garantes de la sagesse,de la morale et de l'éthique au sein de la société. Mais en réalité, certaines s'en éloignent du fait de la politique. Le cadre législatif leur facilite la tâche en ne limitant pas leur domaine d'intervention politique.Elles ont par exemple un mandat électif notamment pour les autorités coutumières.

Le comble,c'est la politisation de la grande muette. À l'époque du R.S.P(Régiment de Sécurité Présidentielle) on parlait fréquemment d'une armée dans l'armée. Aujourd'hui encore aucun indice ne montre suffisamment une dépolitisation de l'armée. Pire, avec la défaillance des régimes politiques, l'armée est davantage impliquée d'une façon ou d'une autre dans la politique avec la résurgence des coups d'État.

Les autorités actuelles de la transition du Burkina Faso ont évoqué la nécessité d'une dépolitisation de l'administration publique. Cette dépolitisation est plus que nécessaire et devrait s'étendre sur plusieurs domaines de la société burkinabè.

QUE FAIRE DONC ? 

La dépolitisation doit porter sur tous les domaines qui convoque d'une façon ou d'une autre l'intérêt général. La tâche semble d'emblée irréalisable mais il faut y arriver,surtout pour les secteurs sensibles.Pour cela il faudra peut-être :

- Créer l'AMBF(Autorité Morale du Burkina Faso) qui sera une autorité morale chargée de la régulation de l'éthique des entités de la vie publique. Elle pourrait être composée de personnes ressources des différentes entités et jouera le rôle de veille et d'arbitrage pour une organisation saine des institutions par rapport à leurs différents régimes juridiques ; (Peu importe sa dénomination).

-Revoir les régimes juridiques de chaque entité,les réadapter à la nouvelle vision de l'organisation de la vie publique.

-Veiller à l'application des contenus des statuts de chaque entité ;

- Adopter des sanctions contre tout acteur d'une quelconque entité qui viendra à violer les règles prévues dans les statuts ;

- Octroyer des prix et récompenses aux entités apolitiques en fonction de leurs activités annuelles sur recommandation de l'AMBF;

- ETC.

Une chose est sûre, pour une meilleure organisation de la vie sociopolitique au Burkina Faso,il faudra passer par une moralisation qui implique une dépolitisation suffisante de tous les secteurs susmentionnés.

✍️: Issouf SAGNON



mercredi 25 mai 2022

ANALYSE COMPARÉE DES TRANSITIONS AU BURKINA FASO ET AU MALI

 Le Burkina Faso et le Mali traversent des situations d'instabilité politique causées essentiellement par les situations sécuritaires. Après des coups d'État ouvrant la voie aux périodes transitoires dans ces deux pays voisins,une lecture attentive nous permet de noter des ressemblances mais surtout de nombreuses dissemblances.

✍️: Issouf SAGNON

📷 : Image d'illustration




LES PRINCIPAUX FACTEURS COMMUNS

On peut noter d'emblée que chacun des coups d'État est apparu comme une lueur d'espoir pour les populations,eu égard aux difficultés rencontrées par les pouvoirs sortants à trouver des solutions adaptées aux crises sécuritaires. Au Mali comme au Burkina Faso on est tenté de dire que plusieurs acteurs appelaient plus ou moins ouvertement à ce que les militaires"prennent leurs responsabilités". Un aspect qui démontre une fois de plus la faillite des États dans leur mission de sécurisation des différents territoires et populations.

L'autre caractéristique commune est relative à l'attitude des différentes autorités de transition vis à vis des organisations sous régionales, notamment la CEDEAO,en ce qui concerne les durées des transitions. En effet les autorités des deux pays ont tenu à respecter leurs propres délais arrêtés à l'issue de concertations internes. Cela, malgré la volonté de la communauté internationale et régionale de vouloir un délai raisonnable pour la durée des transitions. On note là la faiblesse des organisations sous régionales de s'imposer comme institutions fortes,en grande partie, à cause de leurs apports insuffisants dans la résolution des problèmes que connaissent les différents pays membres.

Par ailleurs l'un des constats valable pour les deux transitions est que malgré le renversement des pouvoirs antérieurs,on n'a pas encore trouvé la formule magique contre le terrorisme. Les attaques terroristes continuent à avoir lieu, même si au Mali l'impression est que les FAMA semblent connaître un progrès.

Au delà de ces quelques caractéristiques communes,il y a de nombreux aspects qui différencient la transition du Burkina Faso à celle du Mali.

DES DISSEMBLANCES ENTRE LES TRANSITIONS AU BURKINA FASO ET AU MALI.

Si l'avènement des régimes exeptionnels a suscité beaucoup d'espoir de part et d'autre, force est de constater que le soutien et l'adhésion populaires diffèrent d'un pays à l'autre. Les autorités maliennes semblent avoir une adhésion populaire beaucoup plus confortable par rapport à celles du Burkina Faso. En témoignent plusieurs manifestations de grande envergure en guise de soutien à la junte malienne. 

Le contexte est tout autre au Burkina Faso. La transition y a un rapport de force défavorable en termes de mobilisation populaire. Les politiques, notamment la majorité politique déchue détient toujours une force de mobilisation populaire latente prête à rammer à contre courant des autorités de la transition. En témoignent des manifestations et activités d'acteurs politiques et de la société civile, soit pour soutenir le président sortant, soit pour une nouvelle collaboration militaire pour mieux lutter contre le terrorisme.

D'une nouvelle collaboration militaire, puisqu'on en parle,cet aspect marque également une différence entre les deux pouvoirs transitoires. Tandis que le Mali s'est inscrit dans une logique de rupture avec l'ancienne puissance coloniale qui est la France,au Burkina Faso,la logique reste plutôt conservatrice. La junte malienne a ouvertement dénoncé les accords de partenariat avec la France. Elle est plutôt pour l'option russe en termes de collaboration. 

Au Burkina Faso l'on n'en est pas à ce stade. "Le Burkina Faso n'est pas le Mali", avait affirmé le porte parole du gouvernement de transition du Burkina,M.Lionel BILGO. Ceci pour signifier que le Burkina Faso ne s'inscrit pas systématiquement dans la logique malienne. Le Burkina Faso semble ouvert à une diversification des partenariats loin du sentiment anti-occident qui a visiblement pris le dessus au Mali.

Par ailleurs , dans la même logique,la Mali fait un coup deux pierres et joint la CEDEAO à la France dans sa stratégie de défiance. C'est aussi une caractéristique différente chez les deux pouvoirs de transition à savoir la manière et la diplomatie par laquelle ils font face à la CEDEAO et à la France.En effet si le Mali se lance dans un bras de fer qui lui a valu une batterie de sanctions,au Burkina Faso,les autorités ont eu la malice de s'inscrire dans une logique de coopération avec l'Organisation régionale qu'est la CEDEAO et a , apparemment réussi à faire accepter sa durée de transition sans grande conséquences ,le tout,en bénéficiant d'ailleurs de plus de soutien officiel de la part de la communauté internationale.

L'un des intérêts majeur des différences entre les deux pouvoirs transitoires est relatif au degré de l'adhésion populaire. Au Mali cette adhésion peut être un couteau à double tranchant. Elle laisse une marge insuffisante pour la veille citoyenne sur le pouvoir du colonel Assimi GOÏTA. Contrairement au Burkina Faso où une bonne partie des acteurs arrive à émettre une opinion favorable ou défavorable sur tel ou tel aspect du pouvoir de P.H.S.DAMIBA . Il y a donc un risque élevé de commettre des erreurs au Mali par rapport au Burkina Faso.

Il faut noter également que toutes ces différences traduisent l'incapacité des régimes africains à s'inscrire dans une logique d'union même lorsque les difficultés et les situations à régler sont semblables comme c'est le cas entre le Mali et le Burkina Faso qui ont à peu près les mêmes réalités liées aux frontières communes et à l'insécurité. Comme si cela ne suffisait pas,la fragilité des organisations sous régionales vient affaiblir davantage les différents pays dans la lutte contre le terrorisme. 




samedi 7 mai 2022

AFRIQUE: RISQUES D'UNE INSTABILITÉ SOCIOPOLITIQUE DURABLE

 Le continent Africain est en ébullition. Crises politiques, crises sécuritaires, défis de création d'emplois,etc. Et à l'image du monde entier il faut faire face à la recomposition de l'ordre mondial en cours.

Par ailleurs si dans les autres continents les pays ont des systèmes solides de conquête et de gestion du pouvoir d'Etat et sur le plan économique,en Afrique la plupart des États se trouvent à mi-chemin entre le système démocratique et les autres systèmes politiques. Y-a-t-il des raisons d'entrevoir une instabilité politique durable sur le continent ?

✍️: Issouf SAGNON.





CONTEXTE ET CONSTAT

Le contexte sur le plan politique est que la majorité des pays africains sont dans l'incertitude sur le mode d'acquisition et de de gestion du pouvoir politique. Le processus démocratique enclencher dans les années 90 est loin d'être à terme et d'être efficace. La majorité des dirigeants politiques et des acteurs sur le continent sont toujours sceptiques sur la question du choix définitif de la démocratie électoraliste. D'où les tentatives ou les modifications de constitutions pour perdurer au pouvoir d'une part et des coups de force pour renverser les gouvernements démocratiquement élus dès lors que des difficultés majeures se dressent, d'autre part.

En Côte d'Ivoire Alassane Dramane Ouattara a obtenu son troisième mandat. Il est certain que cela ne répond pas aux principes démocratiques strictement parlé.

Au Mali,au Burkina Faso,en Guinée l'option des coups d'État a été explorée après des difficultés pour les présidents déchus à trouver des réponses adéquates sur les crises sécuritaires. Il est certain que ces changements anti-constitutionnels ne répondent à aucun principe démocratique.

Au Rwanda les acteurs semblent trouver un compromis autour de leur leader Paul Kagame dans la conduite des affaires du pays. Comment faut-il qualifier leur système politique de gestion du pouvoir politique ? De démocratie? De démocratie populaire comme en Chine ? De révolutionnaire ?

Sur le plan économique les pays tergiversent au sujet de la monnaie commune, notamment dans l'espace francophone. Les pays anglophones essaient de tirer leur épingle du jeu tant bien que mal avec des monnaies différentes. Le facteur commun est le défi de l'emploi décent proportionnellement à la jeunesse de la population ainsi que d'une éducation et de la formation adéquates.

Le constat est que de façon générale en Afrique, aucun système solide et fiable pouvant s'inscrire dans la durée n'est trouvé à la fois sur les plans politique et économique. D'où l'inquiétude et le spectre d'une instabilité durable pour les années à venir.


DES RISQUES D'INSTABILITÉ DURABLES EN PERSPECTIVE 

En essayant de se projeter dans un futur plus ou moins lointain il y a des motifs d'inquiétudes. Il est vrai que de façon générale les consciences semblent éveillées, notamment dans un élan panafricaniste.

Cependant peut ont s'inscrire dans une logique de coup d'État à long terme ? Faut-il rappeler que bon nombre d'acteurs estiment que la démocratie est inadaptée en Afrique. Au même moment les réalités ethniques et culturelles empêchent de s'accorder sur un système calqué sur la royauté ou sur la démocratie populaire à la chinoise. 

Au Mali,au Burkina Faso et en Guinée,les autorités des transitions entendent gouverner selon les durées déterminées par les différents acteurs des pays respectifs. Quelle alternative crédible faut-il envisager au terme des différentes transitions ? Les militaires au pouvoir réussiront-ils à transmettre les pouvoirs à l'issue d'un système politique fiable adopté dans chaque pays ? On est tenté d'affirmer que l'incertitude planne à l'horizon.

Peut-on s'inscrire à long terme dans une logique de prolongation de mandats électoraux ? L'exemple burkinabè de 2014 nous pousse à répondre par la négative. Cela sous-entend qu'en Côte d'Ivoire ou au Rwanda il faudra penser à l'après Ouattara et à l'après Kagame dans l'espoir de trouver une alternative heureuse. Cela voudrait dire également que partout ailleurs sur le continent il serait toujours risqué de tenter de confisquer le pouvoir dans l'avenir.

Peut-on s'inscrire à long terme dans une logique panafricaniste en rang dispersé au niveau des chefs d'États africains et espérer un succès ? Faut-il rappeler que le continent a connu des leaders plus engagés et intelligents comme Sekou Touré,Thomas Sankara,Patrice Lumumba ,etc ,qui cependant se sont fait assassiner soit physiquement,soit économiquement par manque d'union ? Jusque là, la propagande panafricaniste est en marche, mais les gouvernements africains ont visiblement des stratégies differentes,loin d'une quelconque union.

Dans un contexte de recomposition de l'ordre mondial,seuls les blocs solides réussiront à s'imposer et à tirer profit. Les Etats Unis et leurs alliés forment un bloc solide. l'Union européenne et ses alliés forment un bloc solide. La Chine et ses alliés forment un bloc solide. Les puissances émergentes trouvent leur compte dans les regroupements politiques et économiques. 

Pendant ce temps en Afrique les organisations régionales sont fragilisées par l'orgeuil de certains dirigeants,le manque de confiance des peuples et par leur dépendance vis-à-vis de certaines puissance. Il appartient aux leaders africains de mieux coordonner les luttes au sein des blocs solides pour mieux affronter les défis du moment.

Tout porte à croire que l'Afrique est tombée dans le piège des grandes puissances,qui sans l'avouer, ont intérêt à voir un continent instable avec de nombreux défis à relever à la fois afin de mieux y consolider leur hégémonie pour les unes ou de mieux l'installer pour les autres. Le cas concret et actuel est que les difficultés sécuritaires dans le Sahel offre un spectacle désolant où la Russie tente de récupérer l'hégémonie de la France au moment où le sentiment anti-français est grandissant ; le tout, parce que les dirigeants africains sont dans l'incapacité d'avoir des politiques,des stratégies commune de lutte dans une logique d'union.

Il urge alors que tous les acteurs du continent ouvrent l'oeil et le bon. Des acteurs politiques à la jeunesse en passant par les différents peuples et couches socioprofessionnels,l'engagement et la participation de façon active à la construction des pays du continent demeure un impératif. Pour cela il faudra que les leaders s'accordent sur des systèmes politiques et économiques solides qui puissent s'inscrire dans la durée au profit des populations de toutes les générations.




 


L'URBANISATION AU BURKINA FASO.

  L'urbanisation désigne bien évidemment l'augmentation du nombre de villes mais aussi de la population urbaine. Au Burkina Faso que...