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samedi 26 mars 2022

LA CRISE DU COMPORTEMENT AU BURKINA FASO 🇧🇫

LA PRINCIPALE CRISE AU BURKINA FASO NE RELÈVE-T-ELLE PAS DU COMPORTEMENT ?


Le Burkina Faso traverse une instabilité politique et sociale ces dernières années. S'il est vrai qu'à priori,les crises semblent politique et sécuritaire, force est de reconnaître que l'attitude,le comportement du Burkinabè laisse entrevoir une véritable crise sociale, celle comportementale.

Le comportement des citoyens au Burkina Faso soulève de façon générale deux fléaux essentiels: l'incivisme grandissant et une baisse du degré de patriotisme dans les faits.


L'incivisme se constate à tous les niveaux de la société. Des quartiers aux espaces publics en passant par la rue,les actes de l'incivisme sont de plus en plus récurrents. Cela traduit clairement une faiblesse de l'autorité de l'État sur les citoyens. Il est vrai que tous aspirent à la liberté mais en toute chose l'excès nuit.Il est alors urgent de rectifier le tir surtout à la base. Et les acteurs principaux de la société burkinabè sont interpelés.

 Il s'agit bien sûr des parents d'enfants dans chaque ménage. Chaque chef de famille devra durcir les conditions d'éducation de base en famille.

Il s'agit également des institutions en charge de l'éducation à commencer par l'État central et de l'école. Pourquoi pas généraliser et renforcer l'enseignement de l'éducation civique et morale au sein des établissements scolaires ? 

Il s'agit en outre des organisations coutumières et religieuses qui doivent insister sur le rôle du citoyen exemplaire au sein de la société. La réception du message peut être bien meilleure selon le milieu social.

Il s'agit enfin des cadres socioprofessionnels tels que les organisations de la société civile et celles syndicales qui devront impacter à leur niveau sur les mentalités des militants à travers des séances de sensibilisation et des stratégies de rappel sur la citoyenneté responsable. Tout ne devrait pas se résumer aux revendications diverses.

Il faudra dans tous les cas une synergie d'actions pour se pencher sérieusement sur la question afin d'espérer dans les années à venir, une baisse de l'incivisme dans le pays.


L'autre défis est celui du patriotisme. On est tenté de se demander si le Burkina Faso mérite toujours le surnom du pays des hommes intègres. Tant l'amour pour la patrie peine à se faire sentir dans les actes de tous les jours des différents acteurs de la société burkinabè.

Dans l'administration publique l'intérêt général semble être relégué au second plan au profit de l'intérêt personnel. Cela a certainement un impact négatif sur la qualité du service rendu ça et là. De quoi accentuer le retard du pays sur divers plans. Malheureusement, dans les services essentiels de la nation tels que l'armée, l'éducation,la santé,la justice,on constate des faits et des comportements qui prouvent un degré insuffisant de patriotisme au niveau des acteurs de terrain.

Du défaut de résilience aux détournements de fonds en passant par l'absentéisme et les retards,les preuves ne manquent pas pour incriminer bon nombre de travailleurs d'insuffisance patriotique. 

Sur la scène politique le constat est encore plus évident. Le comportement des militants politiques indique clairement que la majorité se bat pour des intérêts égoïstes, loin des intérêts généraux au profit de la nation. C'est certainement ce qui explique les revirements spectaculaires et des démissions d'une formation politique à une autre en fonction de la conjoncture et des opportunités offertes. Loin donc des principes de convictions et d'idéologies au profit du pays.

Cette crise du comportement nous paraît la plus importante à affronter. Parce que comment défendre ou servir idéalement son pays avec une éducation insuffisante en matière de civisme ?

Comment défendre ou servir idéalement son pays avec un degré insuffisant d'amour pour la nation et pour l'intérêt général ?

Il est donc impératif que l'État central ainsi que les collectivités territoriales adoptent des stratégies plus efficaces pour une éducation civique et morale à la base. Qu'on trouve également la politique adéquate pour cultiver l'amour pour la patrie !

Pour y arriver l'exemple doit certainement venir d'en haut avec une gouvernance vertueuse. Avec également une culture de la sanction , sans corruption,contre les actes inciviques et contre tout acte mettant en danger l'intérêt général.

Il est certain que quelque soit le domaine,le pays aura besoin des citoyens de qualité, vertueux, travailleurs et intègres afin que le pays continue de mériter pleinement son nom de pays des hommes intègres et que cette intégrité tant vantée ne se résume pas aux slogans. 


Issouf SAGNON



jeudi 10 mars 2022

QUELQUES DÉFIS PRATIQUES À RELEVER DANS L'ÉDUCATION NATIONALE AU BURKINA FASO 🇧🇫

Au Burkina Faso il est connu de tous que le système éducatif rencontre d'énormes difficultés de façon générale. Dans la pratique certains problèmes attirent notre attention, et qui méritent de susciter sérieusement des interrogations au niveau des dirigeants du secteur de l'éducation.



QUELQUES DÉFIS ET DYSFONCTIONNEMENTS PRATIQUES DANS LE SYSTÈME DE L'ÉDUCATION DE BASE.

Le système qui va du Ministère de l'éducation nationale aux différents établissements en passant par les différentes directions (régionales et provinciales) est composé de plusieurs maillons interdépendants . Par conséquent le moindre soucis sur un maillon donné impacte sur toute la chaîne du système. 

D'où la nécessité de faire un diagnostic sérieux sur la pratique des activités d'enseignement au sein du système. Dès lors on peut retenir :


1-Le défis des réformes ancrées dans la durée :

Ce défi paraît général, mais il aura son impact sur la pratique.

Nous avons fait la remarque selon laquelle les réformes au sujet de l'éducation nationale sont presque conjoncturelles. Elles semblent être menées selon les orientations "politiciennes" et non selon les attentes d'une éducation, socle de tout développement. Et pourtant, tout n'est pas à politiser ! Il faut "dépolitiser" le secteur de l'éducation, même si cela semble impossible.

Et la meilleure façon de le faire n'est -elle pas celle d'une réforme structurelle inscrite dans la durée ? 

Et la période de la transition politique est la meilleure opportunité.

Nous pensons à une sorte de Politique Nationale en matière D'Éducation Nationale adoptée et consacrée par la Constitution. Ladite politique pourra être conçue par différents acteurs (praticiens du monde éducatif,OSC, Syndicats, politiques,etc). Elle fixera les objectifs à atteindre à cours, moyen et long terme. Une loi d'application pourra en définir le régime juridique et institutionnel.

Une telle réforme constitutionnelle sur la Politique Nationale en matière D'éducation a plusieurs mérites. Notamment celui de mettre en relief le caractère primordial de l'éducation et surtout le mérite d'éviter que les hommes politiques viennent "flirter" avec l'éducation à travers des "réformettes" dont l'objectif est beaucoup plus politique. 

Surtout quant on sait que " l'homme politique pense aux prochaines élections, contrairement à l'homme d'État".

D'autres réformes seront certainement nécessaires dans le cadre de la mise en œuvre du protocole d'accord sur le statut valorisant de l'enseignant ou dans cadre de la révision des curricula.

2-Le problème de la formation continue sur le terrain :  

Ce problème est beaucoup plus pratique.

Nul besoin de rappeler les conditions de recrutement du personnel au profit du système éducatif. Une chose est sûre, plusieurs acteurs y arrivent avec des insuffisances et parfois avec moins de vocation. La formation continue s'impose si on tient vraiment à la qualité des résultats recherchés. 

Mais dans la pratique,les séances de renforcement des capacités organisées sur le terrain,le sont beaucoup plus au profit des acteurs occupant des postes de responsabilité et d'encadrement. Les acteurs directs sur le terrain que sont les enseignants,les conseillers et assistants d'éducation,etc ,en bénéficient de façon insuffisante. Alors qu'ils sont les mieux placés pour impacter beaucoup plus sur les résultats attendus !

Il appartient alors aux nouvelles autorités de donner des orientations et des recommandations nécessaires pour améliorer cet aspect au niveau des différentes directions régionales et provinciales.

3-Le problème relatif aux associations des parents d'élèves (APE):

Il faut rappeler que les APE sont également considérées comme les acteurs du système éducatif et sont des partenaires dans le fonctionnement des différents établissements. Mais ce partenariat est-il vraiment fructueux au profit de l'État et des écoles ? La réponse par l'affirmative est loin d'être évidente. 

De façon pratique,ces structures tirent leurs ressources financières au sein des établissements, mais disposent d'une autonomie dans leurs gestions. Il se trouve que leur gestion financière n'est pas toujours au profit des pauvres élèves dont les parents côtisent. Si dans certaines écoles,les APE font des réalisations, force est de constater que l'apport de ces structures reste insuffisant au moment où l'État et les services déconcentrés sont à la recherche permanente de partenaires pour la réalisation des différentes attentes.

Il est alors impérieux de revoir le régime juridique des APE dans le sens d'un partenariat beaucoup plus fructueux. Sans oublier la nécessité d'accompagner leurs membres avec des séances de formation et de sensibilisation autour des objectifs,des besoins et de la législation du système éducatif.

4- La crise de générations sur le terrain :

Ça n'a l'air de rien, mais c'est bien réel et a un impact sur les relations au sein du système éducatif. Les nouvelles générations sont de plus en plus éveillées, cultivées et réformistes. Les anciennes générations sont plus ou moins conservatrices.

De façon pratique certaines actions de modernisation sont mal comprises et moins soutenues par les anciens ; certaines démarches de lutte sont perçues comme une défiance par les anciens ; certaines prises de position dans le sens du débat constructif autour du service public sont parfois interprétées comme manque de respect à l'endroit des anciens, et j'en passe.

Et pourtant le personnel du domaine éducatif est de plus en plus jeune avec ses caractéristiques qui vont avec. Les conflits de générations sont réels. Du coup il est nécessaire pour le Ministère de l'Éducation Nationale et ses différents partenaires, d'entreprendre un travail d'adaptation de l'état d'esprit des différentes générations au sein des acteurs du secteur de l'éducation.

5- Le défis de l'éducation financière au sein des Conseils de Gestion des Établissements Scolaires (COGES) :

L'argent, c'est" le nerf de la guerre" dit-on. D'où la nécessité d'avoir une éducation adéquate en matière de gestion des maigres ressources financières au sein des établissements. Déjà l'accompagnement de l'État au fonctionnement pratique des établissements est insuffisant. Il est alors important que les ressources endogènes récoltées soient gérées de façon efficiente et responsable pour le bonheur des établissements scolaires.

La pratique montre des situations délicates au sujet de la gestion financière. C'est l'exemple des missions multiples et moins nécessaires ou des cas de surfacturations,etc. Faut-il rappeler alors qu'il est important de jeter davantage un œil sur cet aspect ? 

De la sensibilisation à la sanction en passant par les contrôles réguliers,il faudra alors trouver une formule pour une gestion responsable. Cela entre dans le cadre général de la lutte contre la corruption et pour une gouvernance vertueuse.


En sommes les défis à relever dans le secteur sont nombreux. La liste est longue. La meilleure façon d y arriver serait de se vêtir du costume et de l'âme du leader à tous les niveaux de responsabilité,de rester fortement attaché aux valeurs de patriotisme et d'intégrité sans oublier les principes de compétences à tous les niveaux. Puisque "éduquer ou périr" reste plus que jamais un impératif sur les générations présentes au profit de celles à venir surtout.


Issouf SAGNON



dimanche 6 mars 2022

GOUVERNEMENT DE TRANSITION, ANALYSE ET PERSPECTIVES

 Nommé comme premier ministre de transition quarante huit heures après le Dr Albert OUEDRAOGO et le lieutenant Colonel P.H.S.DAMIBA ont rendu publique la composition du gouvernement de transition. Et une chose est certaine,il y a des surprises comme il fallait s'y attendre.

Quelle analyse pouvons-nous faire de cette composition ?

À quoi faut-il s'attendre avec une telle équipe gouvernementale ?


NOTRE ANALYSE DE LA COMPOSITION DU GOUVERNEMENT ALBERT OUEDRAOGO I :


Le premier constat que l'on peut faire est l'arrivée de nouvelles têtes , disons nouvelles à ce niveau de responsabilité politique mais bien connues dans la construction de l'opinion publique.
Il s'agit notamment de la présence de Lionel BILGO à la tête de l'éducation nationale et surtout de Bassolma BAZIE en charge de la fonction publique dont l'entrée qui fait couler beaucoup d'encre. 

Sur la base de leur prise de position et de valeurs que ces derniers dégagent,on peut affirmer que ces noms suscitent de l'espoir dans la logique de refondation . En effet ces deux sont connus pour leurs avis tranchants sur l'actualité nationale et internationale . Surnommé Général par les syndicats des travailleurs Bassolma BAZIE est connu dans ses luttes menées à la tête de la structure syndicale des travailleurs. Mais au delà de cet espoir sur la base de l'apparence, l'on sait tous que les bons diseurs ne sont pas forcément des bons faiseurs. Ce sera alors au pied du mur que ces derniers seront jugés.

Un autre aspect est que la machine gouvernementale pourra vite être grippée si les uns et les autres ne mettent pas de côté leur égo au service de nation. Dans la pratique il faudra fléchir sur certains détails et non être cramponné sur une position donnée avec le risque de vite quitter le navire comme pour mettre en avant son honneur et sa probité en lieu et place de l'urgence d'apporter des solutions adaptées pour la refondation.

Le deuxième constat sur les membres de ce gouvernement est le retour d'anciens militaires à la tête des départements en charge de l'administration et de la défense. Ainsi Yero BOLY ex ministre de la défense de Blaise Compaoré signe son retour et Barthélémy SIMPORE ministre sortant de la défense du régime déchu de Kaboré est reconduit.

La question que l'on se pose est de savoir ce qui a bien motivé surtout le retour de militaires du régime déchu d'autant plus que ces derniers sont tout aussi comptables de l'échec en matière de sécurité au même titre que le président sortant KABORÉ. L'on se rappelle que cet échec est l'un des motifs évoqués pour justifier le coup d'État du 24 janvier dernier. Alors pourquoi reconduire les acteurs qui visiblement n'ont pas pu contribuer à éviter le pire ? 

On peut penser justement que c'est dans l'espoir que leur expérience passée puisse mieux les inspirer pour de meilleures prise de décisions. Ils connaissent mieux les difficultés existentes et cela pourrait peut-être être un avantage. Il faudra dans tous les cas se rendre compte à l'évidence que les conditions d'exercice de leur mission sont différentes et que ce sera leur dernière chance de mieux faire au regard des nombreuses attentes. 
A quoi devront nous nous attendre avec la nouvelle équipe gouvernementale de cette transition de 2022?


PERSPECTIVES POSSIBLES:


Il faudra s'attendre à une rigueur de la part de l'opinion dans l'analyse et le jugement qui sera porté sur l'action gouvernementale. Cette éventualité se justifie par les qualités et les valeurs qui se cachent en certains nouveaux ministres d'une part et par l'expérience passée d'autres ministres d'autre part. Dans l'un ou dans l'autre cas cela suscite beaucoup d'espoir dans le sens de l'amélioration de la qualité de la gouvernance. Les membres du nouveau gouvernement devront donc travailler à relever le défi.

En outre il faudra s'attendre à des contestations dans la mesure où on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais surtout que certains acteurs sont issus des régimes déchus et bien placés pour être combattus. D'autres auront la tâche difficile à cause des acteurs qu'ils auront en face. Par exemple Bassolma BAZIE devra faire face à ses anciens camarades syndicats pour tenter d'apporter des réponses appropriées aux problèmes que lui-même soulevait lorsqu'il était à la tête de la structure syndicale des travailleurs. Quant à Lionel BILGO il aura la lourde tâche de réconcilier le personnel du MENA/PLN avec le ministère, tant cette relation n'était pas au beau fixe sous le ministre sortant Stanislas OUARO qui n'était pas loin de mépriser ses ressources humaines.

Au vue de tous ces aspects on peut prévoir une tâche difficile pour les différents ministres, surtout que la crise sécuritaire est loin d'être résolue. Et nous pensons qu'il faudra tirer des enseignements des équipes gouvernementales antérieures en ayant à l'esprit les aspirations populaires,en mettant en pratique les valeurs d'humilité et de considération dans la communication, et se rappellant que les leaders sont ceux qui arrivent à rassembler les gens autours d'un idéal commun,le tout dans un intérêt général.


Issouf SAGNON




L'URBANISATION AU BURKINA FASO.

  L'urbanisation désigne bien évidemment l'augmentation du nombre de villes mais aussi de la population urbaine. Au Burkina Faso que...