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jeudi 10 mars 2022

QUELQUES DÉFIS PRATIQUES À RELEVER DANS L'ÉDUCATION NATIONALE AU BURKINA FASO 🇧🇫

Au Burkina Faso il est connu de tous que le système éducatif rencontre d'énormes difficultés de façon générale. Dans la pratique certains problèmes attirent notre attention, et qui méritent de susciter sérieusement des interrogations au niveau des dirigeants du secteur de l'éducation.



QUELQUES DÉFIS ET DYSFONCTIONNEMENTS PRATIQUES DANS LE SYSTÈME DE L'ÉDUCATION DE BASE.

Le système qui va du Ministère de l'éducation nationale aux différents établissements en passant par les différentes directions (régionales et provinciales) est composé de plusieurs maillons interdépendants . Par conséquent le moindre soucis sur un maillon donné impacte sur toute la chaîne du système. 

D'où la nécessité de faire un diagnostic sérieux sur la pratique des activités d'enseignement au sein du système. Dès lors on peut retenir :


1-Le défis des réformes ancrées dans la durée :

Ce défi paraît général, mais il aura son impact sur la pratique.

Nous avons fait la remarque selon laquelle les réformes au sujet de l'éducation nationale sont presque conjoncturelles. Elles semblent être menées selon les orientations "politiciennes" et non selon les attentes d'une éducation, socle de tout développement. Et pourtant, tout n'est pas à politiser ! Il faut "dépolitiser" le secteur de l'éducation, même si cela semble impossible.

Et la meilleure façon de le faire n'est -elle pas celle d'une réforme structurelle inscrite dans la durée ? 

Et la période de la transition politique est la meilleure opportunité.

Nous pensons à une sorte de Politique Nationale en matière D'Éducation Nationale adoptée et consacrée par la Constitution. Ladite politique pourra être conçue par différents acteurs (praticiens du monde éducatif,OSC, Syndicats, politiques,etc). Elle fixera les objectifs à atteindre à cours, moyen et long terme. Une loi d'application pourra en définir le régime juridique et institutionnel.

Une telle réforme constitutionnelle sur la Politique Nationale en matière D'éducation a plusieurs mérites. Notamment celui de mettre en relief le caractère primordial de l'éducation et surtout le mérite d'éviter que les hommes politiques viennent "flirter" avec l'éducation à travers des "réformettes" dont l'objectif est beaucoup plus politique. 

Surtout quant on sait que " l'homme politique pense aux prochaines élections, contrairement à l'homme d'État".

D'autres réformes seront certainement nécessaires dans le cadre de la mise en œuvre du protocole d'accord sur le statut valorisant de l'enseignant ou dans cadre de la révision des curricula.

2-Le problème de la formation continue sur le terrain :  

Ce problème est beaucoup plus pratique.

Nul besoin de rappeler les conditions de recrutement du personnel au profit du système éducatif. Une chose est sûre, plusieurs acteurs y arrivent avec des insuffisances et parfois avec moins de vocation. La formation continue s'impose si on tient vraiment à la qualité des résultats recherchés. 

Mais dans la pratique,les séances de renforcement des capacités organisées sur le terrain,le sont beaucoup plus au profit des acteurs occupant des postes de responsabilité et d'encadrement. Les acteurs directs sur le terrain que sont les enseignants,les conseillers et assistants d'éducation,etc ,en bénéficient de façon insuffisante. Alors qu'ils sont les mieux placés pour impacter beaucoup plus sur les résultats attendus !

Il appartient alors aux nouvelles autorités de donner des orientations et des recommandations nécessaires pour améliorer cet aspect au niveau des différentes directions régionales et provinciales.

3-Le problème relatif aux associations des parents d'élèves (APE):

Il faut rappeler que les APE sont également considérées comme les acteurs du système éducatif et sont des partenaires dans le fonctionnement des différents établissements. Mais ce partenariat est-il vraiment fructueux au profit de l'État et des écoles ? La réponse par l'affirmative est loin d'être évidente. 

De façon pratique,ces structures tirent leurs ressources financières au sein des établissements, mais disposent d'une autonomie dans leurs gestions. Il se trouve que leur gestion financière n'est pas toujours au profit des pauvres élèves dont les parents côtisent. Si dans certaines écoles,les APE font des réalisations, force est de constater que l'apport de ces structures reste insuffisant au moment où l'État et les services déconcentrés sont à la recherche permanente de partenaires pour la réalisation des différentes attentes.

Il est alors impérieux de revoir le régime juridique des APE dans le sens d'un partenariat beaucoup plus fructueux. Sans oublier la nécessité d'accompagner leurs membres avec des séances de formation et de sensibilisation autour des objectifs,des besoins et de la législation du système éducatif.

4- La crise de générations sur le terrain :

Ça n'a l'air de rien, mais c'est bien réel et a un impact sur les relations au sein du système éducatif. Les nouvelles générations sont de plus en plus éveillées, cultivées et réformistes. Les anciennes générations sont plus ou moins conservatrices.

De façon pratique certaines actions de modernisation sont mal comprises et moins soutenues par les anciens ; certaines démarches de lutte sont perçues comme une défiance par les anciens ; certaines prises de position dans le sens du débat constructif autour du service public sont parfois interprétées comme manque de respect à l'endroit des anciens, et j'en passe.

Et pourtant le personnel du domaine éducatif est de plus en plus jeune avec ses caractéristiques qui vont avec. Les conflits de générations sont réels. Du coup il est nécessaire pour le Ministère de l'Éducation Nationale et ses différents partenaires, d'entreprendre un travail d'adaptation de l'état d'esprit des différentes générations au sein des acteurs du secteur de l'éducation.

5- Le défis de l'éducation financière au sein des Conseils de Gestion des Établissements Scolaires (COGES) :

L'argent, c'est" le nerf de la guerre" dit-on. D'où la nécessité d'avoir une éducation adéquate en matière de gestion des maigres ressources financières au sein des établissements. Déjà l'accompagnement de l'État au fonctionnement pratique des établissements est insuffisant. Il est alors important que les ressources endogènes récoltées soient gérées de façon efficiente et responsable pour le bonheur des établissements scolaires.

La pratique montre des situations délicates au sujet de la gestion financière. C'est l'exemple des missions multiples et moins nécessaires ou des cas de surfacturations,etc. Faut-il rappeler alors qu'il est important de jeter davantage un œil sur cet aspect ? 

De la sensibilisation à la sanction en passant par les contrôles réguliers,il faudra alors trouver une formule pour une gestion responsable. Cela entre dans le cadre général de la lutte contre la corruption et pour une gouvernance vertueuse.


En sommes les défis à relever dans le secteur sont nombreux. La liste est longue. La meilleure façon d y arriver serait de se vêtir du costume et de l'âme du leader à tous les niveaux de responsabilité,de rester fortement attaché aux valeurs de patriotisme et d'intégrité sans oublier les principes de compétences à tous les niveaux. Puisque "éduquer ou périr" reste plus que jamais un impératif sur les générations présentes au profit de celles à venir surtout.


Issouf SAGNON



2 commentaires:

  1. Analyse très pertinente. Très inspiré. J'ose espérer que ça va tomber l'oreille qu'il faut.

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