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dimanche 3 avril 2022

LA LAÏCITÉ AU BURKINA FASO 🇧🇫 : IMPLICATIONS ET PRATIQUES

 En rappel la laïcité est un principe de séparation en l'État et les institutions religieuses, l'État n'exerçant aucun pouvoir religieux et les institutions religieuses n'exerçant aucun pouvoir politique. Quels sont les principes de la laïcité ? Quels en sont les fondements juridiques ? Et enfin qu'en est-il de la pratique au Burkina Faso?


Par Issouf SAGNON,in MON BLOG.BF le 03 avril 2022.





DES PRINCIPES DE LA LAÏCITÉ

Dès les origines et même aujourd'hui la notion de laïcité renvoit à quatre piliers essentiels. Il s'agit d'abord de la liberté. Cela implique que les citoyens ont la liberté de croire,de ne pas croire,de changer de religion ou même de ne pas en avoir. Cette liberté porte aussi sur la pratique de sa religion chez soi ou en public dans les limites du respect de l'ordre public. Par exemple je peux porter un "boubou",un voile,une croix dans la rue, pour aller voter ou dans un bus de transport en commun.

Le deuxième pilier est celui de la séparation de l'État et des institutions religieuses. Autrement dit les institutions de culte n'interviennent pas dans la gestion politique de l'État et l'État n'intervient pas dans leur organisation interne.

Il y a également le principe de neutralité de l'État . Il concerne surtout les représentants de l'État, c'est à dire ses agents et ceux des services publics mais pas ses usagers. Par exemple les enseignants,les juges,les policiers,etc ne doivent pas exposer leur appartenance religieuse de façon incitative. Mais là,il faut préciser que neutralité ne veut pas dire indifférence. Parce que l'État à travers le President du Faso ou le ministre de l'intérieur peut entretenir des relations avec les représentants religieux dans le sens de l'intérêt général.

Enfin il faut noter le principe de l'égalité devant la loi qui signifie que quelques soient leurs convictions,tous les citoyens sont égaux devant les lois de la République. Aucun traitement de faveur n'est alors admis selon telle ou telle conviction religieuses.

Tous ces principes peuvent trouver des fondements juridiques tant au plan international que national.

LES FONDEMENTS JURIDIQUES DE LA LAÏCITÉ

Il s'agit entre autres de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme de 1948 ,ou du Pacte des Droits civils et Politiques de 1966 ,au plan international. Par exemple l'article 18 de la déclaration de 1948 stipule que " toute personne a droit à la liberté de pensée,de conscience et de religion...". Cette liberté implique également la manifestation de sa religion seul ou en commun,en privé ou en public dans la limite du respect de la loi.

En outre la constitution du Burkina Faso consacre cette liberté. En effet le Titre premier qui porte sur les droits et devoirs fondamentaux contient dans l'article premier la stipulation selon laquelle "tous les Burkinabè naissent libres et égaux en droits." Le deuxième alinéa renchérit que "les discriminations de toutes sortes, notamment celles fondées sur la race,la langue, l'ethnie,la couleur,le sexe,la religion [...] sont prohibées.

Ainsi fondé juridiquement,le principe général de la laïcité trouve plus que jamais son fondement sociopolitique dans un contexte marqué par des cas de radicalisme et par une forte influence des religions sur la vie des citoyens. Reste à savoir si dans la pratique le principe est suffisamment cerné par tous les acteurs.


LA LAÏCITÉ DANS LA PRATIQUE AU BURKINA FASO.

Comme très souvent l'adoption des textes et la consécration des principes est une chose...et la pratique réelle sur le terrain en est une autre.

Si l'on s'accorde qu'en général le Burkina Faso demeure un Etat laïc,il n'en demeure pas moins que la réalité sur le terrain nécessite des efforts supplémentaires pour une meilleure mise en œuvre de ses différents piliers.

Déjà la séparation entre Etat et religion ainsi que la neutralité de l'État semblent atténuées en pratique par une collaboration entre ses deux catégories d'institutions. Il arrive que la religion joue un rôle essentiel dans l'État surtout lorsque ce dernier fait preuve d'impuissance ou d'insuffisance organisationnelle face à une situation donnée. L'exemple récent et récurrent est celui d'appeler à une journée nationale de prière par le Président du Faso lui-même eu égard à la situation sécuritaire alarmente. Un simple appel aux différents croyants par l'intermédiaire des représentants des institutions religieuses à initier de façon privée des séances de cultes,n'était-il pas suffisant ? Parce que la décision de la présidence d'initier une journée de prière semble inviter davantage la religion à s'impliquer à l'accomplissement de missions d'intérêt général,ne serait-ce que que façon indirecte ! On a constaté également une sorte de compromis dans la désignation des responsables à la tête d'institutions comme la Commission Électorale Nationale Indépendante,qui semble opter pour une rotation selon les obédiencces religieuses.

Mieux encore un département ministériel a été créé en charge des cultes !

Mais l'aspect le plus important est surtout celui de la compréhension qu'ont les citoyens sur la notion de laïcité et de ses implications. L'expérience nous montre clairement que la notion n'est pas suffisamment assimilée à la base. Parce que des actes de radicalisme religieux sont fréquents. On a assisté au saccage des lieux de commerce, notamment des maquis,sur la base des considérations religieuses.

D'où la nécessité d'une campagne de sensibilisation afin que les populations sachent réellement quelle est la portée de la laïcité dans notre pays. Sans oublier des sanctions à l'encontre de tous ceux qui ne viendraient pas à respecter la liberté d'autrui dans l'expression de ses convictions religieuses. 

Par ailleurs les études ont montré également que le radicalisme religieux peut être facilité par le chômage et par l'injustice sociale. Il faudra alors travailler à améliorer les conditions de vie des populations et à lutter contre toutes sortes d'injustice sociale.




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