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samedi 16 avril 2022

QUELLES QUALITÉS POUR LE FUTUR PRÉSIDENT DU FASO ISSU DES URNES ?

Durant ces dix dernières années le Burkina Faso traverse une instabilité politique due à plusieurs raisons. De la volonté du Congrès pour la Démocratie et le Progrès de modifier l'article 37 afin d'offrir un troisième mandat à Blaise Compaoré jusqu'au coup d'État du 24 janvier 2022 en passant par l'insurrection populaire d'octobre 2014 la classe politique n'a pas réussi à trouver un compromis et une cohésion nécessaire autour d'un chef d'Etat dans sa gouvernance.

En plus de cela viennent s'ajouter la crise sécuritaire depuis 2016,la problématique de la création d'emplois,la question du dialogue socioprofessionnel entre Etat et travailleurs, la question de la réconciliation nationale, etc.

Autant dire que les défis à relever sont très nombreux.D'où la nécessité de s'interroger sur les principales caractéristiques que devra avoir le futur président du Faso issu des prochaines élections.

✍️: Issouf SAGNON




LE PROCHAIN PRÉSIDENT DU FASO DEVRA INCARNER LA COHÉSION.

Les acteurs politiques sont visiblement divisés à tel point que même si la situation nationale l'exige on n'arrive pas à apercevoir une union sacrée pour faire fasse aux défis. 

En plus,la plupart de ces acteurs sont sur la scène politique depuis de nombreuses années et sont donc comptables de l'échec de la classe politique de façon générale. Alors pour réussir à se faire élire,le prochain président du Faso devra sortir du lot de part son parcours et susciter l'espoir de rassembler davantage autour de lui.

AVOIR UN PROGRAMME POLITIQUE INNOVANT.

Pour réussir à se faire élire le candidat devra être convainquant et facile à comprendre dans son programme politique. Les défis majeurs sont connus. Les priorités également. 

Le futur président devra alors pouvoir expliquer dans toutes les régions du Burkina Faso comment il compte s'y prendre face à telle ou telle situation. Pour cela,il faudra faire autrement. Il faudra faire des propositions réalistes et réalisables dans les différentes provinces du pays. Il faudra avoir une communication efficace sur ces propositions concrètes en évitant la démagogie tout en adaptant le langage et le style de communication aux différentes régions de passage lors de la campagne électorale.

REVÊTIR UN COSTUME DE LEADER.

Le futur locataire de Kossyam après les élections présidentielles à venir devra être un véritable leader. Cela passera par son aptitude à pouvoir réunir autour de lui l'ensemble des militants de son parti ou regroupement politique. 

Réussir à convaincre d'autres partis ou regroupements politiques ayant à peu près les mêmes idéologies et visions dans le cadre d'une Union politique serait un véritable atout. Il lui faudra avoir également un discours rassembleur et conciliateur au profit de tous les acteurs de la société burkinabè.

SAVOIR MOBILISER LES RESSOURCES FINANCIÈRES ET HUMAINES

La mobilisation des ressources humaines consistera, dans une logique d'anticipation, à pouvoir susciter l'intérêt des différentes couches de la société à travers des activités politiques diverses dès à présent. Il faudra pour cela que l'état major de son parti identifie les besoins des acteurs en fonction des domaines et des milieux.

 L'organisation par exemple d'une séance de formation sur les techniques de recherche efficace d'emplois au profit des étudiants est une méthode de mobilisation.

Initier des séances de renforcement de capacités au profit des travailleurs de tel ou tel milieu pourrait être un coup de maître. 

Installer des cellules d'assistance sociale auprès d'un camp de personnes déplacées internes serait la bienvenue. Et j'en passe. 

Une chose est sûre,il faudra réussir à mobiliser mieux qu'avant sans attendre l'approche des élections.

Pour les ressources financières le leader devra être en mesure de tisser des relations mais aussi de susciter à l'interne l'esprit de sacrifice auprès de ses militants. Son parti devra développer de nouvelles stratégies de financement licites afin de faciliter la mise en œuvre de ses actions.

Dans tous les cas,la tâche s'annonce bien difficile dans la mesure où la crise de confiance est réelle entre hommes politiques et populations au vue des résultats politiques de ces dernières années.

 Voilà pourquoi la conquête du fauteuil présidentiel devra commencer dès à présent avec malice en tenant compte de la conjoncture actuelle. Mais surtout avec de l'innovation,de l'anticipation et d'une abnégation sans faille afin de pouvoir conquérir et gérer le pouvoir politique dans les années à venir.





vendredi 8 avril 2022

ETHNICISME AU BURKINA FASO 🇧🇫 : QUE FAIRE ?

 Le régionalisme, l'ethnicisme ont très peu fait l'objet de discussions "officielles"au Burkina Faso. Ces  questions ont longtemps été considérées comme tabou ou comme très sensibles pour être évoquées. Cependant ,de plus en plus la question ethnique refait surface et est soulevée ouvertement par les plus courageux et réalistes. Que faire alors pour éviter d'éventuelles situations désagréables en rapport avec les questions susmentionnées ?

✍️: Issouf SAGNON

📷: Image d'illustration




D'ABORD ADMETTRE QU'IL Y A UN MALAISE LIÉ À LA QUESTION ETHNIQUE

Mieux vaut prendre au sérieux la situation et admettre que la cohésion sociale pourrait être mise à mal à cause des situations délicates relatives aux considérations ethniques. Au sein de la société burkinabè il existe des préjugés sociaux sur des bases ethniques. C'est réel. Il faut l'admettre. Sur le plan politique nos populations n'ont pas l'éveil nécessaire pour faire le distinguo entre des hommes d'État pour leurs qualités et valeurs au profit de la société et hommes ressortissants de telle ou telle localité donnée,au moment d'opérer des choix politiques. Il faut l'admettre également. C'est seulement après cela que nous pourrons faire un diagnostic sérieux et mieux contrecarrer d'éventuelles conséquences désagréables y afférentes.


S'ATTACHER AUX SYSTÈMES DOTÉS DE PRINCIPES ET DE VALEURS RIGOUREUX.

Il faut impérativement s'attacher aux systèmes dotés de principes rigoureux et de valeurs cardinales. Et la religion sur le plan social et la démocratie sur le plan politique semblent meilleurs pour jouer les rôles de dénominateur commun et de catalyseur au profit de la cohésion nationale.

Parce qu'une bonne éducation religieuse permettra aux citoyens de considérer autrui comme un frère ou sœur sans considération ethnique,surtout lorsqu'il y a une appartenance à la même religion.

Une bonne culture démocratique permettra aux citoyens de savoir qu'au moment de choisir leurs représentants électifs,il faudra tenir compte de l'offre politique et non des considérations ethnique ou régionaliste. Parce qu'avant tout,en la matière,seuls les aspirations populaires et les meilleurs propositions politiques pour y faire fasse doivent orienter les choix.


ÉDUQUER ET RÉÉDUQUER SÉRIEUSEMENT SUR LES ASPECTS RELIGIEUX ET DÉMOCRATIQUES

Chaque religion est censée faire la promotion de la cohésion sociale et du vivre ensemble,sans aucune considération ethnique ou culturelle. Il faut alors renforcer l'éducation en la matière et insister sur ces valeurs aux profits des masses dans les lieux de cultes et dans les écoles.

Toute bonne éducation démocratique rend meilleure le jeu politique au profit de la société. La boussole reste les principes de transparence,de compétence, d'alternance,de justice sociale,etc. Alors le processus de conquête et de gestion du pouvoir politique se débarrassera de plus en plus des critères régionalistes ou ethniques .

Pour y arriver les structures étatiques et communales ,les partis politiques,les organisations de la société civile,les leaders coutumiers et religieux et les intellectuels dans leur ensemble sont interpelés et doivent tous être impliqués dans une politique particulière à cet effet.





dimanche 3 avril 2022

LA LAÏCITÉ AU BURKINA FASO 🇧🇫 : IMPLICATIONS ET PRATIQUES

 En rappel la laïcité est un principe de séparation en l'État et les institutions religieuses, l'État n'exerçant aucun pouvoir religieux et les institutions religieuses n'exerçant aucun pouvoir politique. Quels sont les principes de la laïcité ? Quels en sont les fondements juridiques ? Et enfin qu'en est-il de la pratique au Burkina Faso?


Par Issouf SAGNON,in MON BLOG.BF le 03 avril 2022.





DES PRINCIPES DE LA LAÏCITÉ

Dès les origines et même aujourd'hui la notion de laïcité renvoit à quatre piliers essentiels. Il s'agit d'abord de la liberté. Cela implique que les citoyens ont la liberté de croire,de ne pas croire,de changer de religion ou même de ne pas en avoir. Cette liberté porte aussi sur la pratique de sa religion chez soi ou en public dans les limites du respect de l'ordre public. Par exemple je peux porter un "boubou",un voile,une croix dans la rue, pour aller voter ou dans un bus de transport en commun.

Le deuxième pilier est celui de la séparation de l'État et des institutions religieuses. Autrement dit les institutions de culte n'interviennent pas dans la gestion politique de l'État et l'État n'intervient pas dans leur organisation interne.

Il y a également le principe de neutralité de l'État . Il concerne surtout les représentants de l'État, c'est à dire ses agents et ceux des services publics mais pas ses usagers. Par exemple les enseignants,les juges,les policiers,etc ne doivent pas exposer leur appartenance religieuse de façon incitative. Mais là,il faut préciser que neutralité ne veut pas dire indifférence. Parce que l'État à travers le President du Faso ou le ministre de l'intérieur peut entretenir des relations avec les représentants religieux dans le sens de l'intérêt général.

Enfin il faut noter le principe de l'égalité devant la loi qui signifie que quelques soient leurs convictions,tous les citoyens sont égaux devant les lois de la République. Aucun traitement de faveur n'est alors admis selon telle ou telle conviction religieuses.

Tous ces principes peuvent trouver des fondements juridiques tant au plan international que national.

LES FONDEMENTS JURIDIQUES DE LA LAÏCITÉ

Il s'agit entre autres de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme de 1948 ,ou du Pacte des Droits civils et Politiques de 1966 ,au plan international. Par exemple l'article 18 de la déclaration de 1948 stipule que " toute personne a droit à la liberté de pensée,de conscience et de religion...". Cette liberté implique également la manifestation de sa religion seul ou en commun,en privé ou en public dans la limite du respect de la loi.

En outre la constitution du Burkina Faso consacre cette liberté. En effet le Titre premier qui porte sur les droits et devoirs fondamentaux contient dans l'article premier la stipulation selon laquelle "tous les Burkinabè naissent libres et égaux en droits." Le deuxième alinéa renchérit que "les discriminations de toutes sortes, notamment celles fondées sur la race,la langue, l'ethnie,la couleur,le sexe,la religion [...] sont prohibées.

Ainsi fondé juridiquement,le principe général de la laïcité trouve plus que jamais son fondement sociopolitique dans un contexte marqué par des cas de radicalisme et par une forte influence des religions sur la vie des citoyens. Reste à savoir si dans la pratique le principe est suffisamment cerné par tous les acteurs.


LA LAÏCITÉ DANS LA PRATIQUE AU BURKINA FASO.

Comme très souvent l'adoption des textes et la consécration des principes est une chose...et la pratique réelle sur le terrain en est une autre.

Si l'on s'accorde qu'en général le Burkina Faso demeure un Etat laïc,il n'en demeure pas moins que la réalité sur le terrain nécessite des efforts supplémentaires pour une meilleure mise en œuvre de ses différents piliers.

Déjà la séparation entre Etat et religion ainsi que la neutralité de l'État semblent atténuées en pratique par une collaboration entre ses deux catégories d'institutions. Il arrive que la religion joue un rôle essentiel dans l'État surtout lorsque ce dernier fait preuve d'impuissance ou d'insuffisance organisationnelle face à une situation donnée. L'exemple récent et récurrent est celui d'appeler à une journée nationale de prière par le Président du Faso lui-même eu égard à la situation sécuritaire alarmente. Un simple appel aux différents croyants par l'intermédiaire des représentants des institutions religieuses à initier de façon privée des séances de cultes,n'était-il pas suffisant ? Parce que la décision de la présidence d'initier une journée de prière semble inviter davantage la religion à s'impliquer à l'accomplissement de missions d'intérêt général,ne serait-ce que que façon indirecte ! On a constaté également une sorte de compromis dans la désignation des responsables à la tête d'institutions comme la Commission Électorale Nationale Indépendante,qui semble opter pour une rotation selon les obédiencces religieuses.

Mieux encore un département ministériel a été créé en charge des cultes !

Mais l'aspect le plus important est surtout celui de la compréhension qu'ont les citoyens sur la notion de laïcité et de ses implications. L'expérience nous montre clairement que la notion n'est pas suffisamment assimilée à la base. Parce que des actes de radicalisme religieux sont fréquents. On a assisté au saccage des lieux de commerce, notamment des maquis,sur la base des considérations religieuses.

D'où la nécessité d'une campagne de sensibilisation afin que les populations sachent réellement quelle est la portée de la laïcité dans notre pays. Sans oublier des sanctions à l'encontre de tous ceux qui ne viendraient pas à respecter la liberté d'autrui dans l'expression de ses convictions religieuses. 

Par ailleurs les études ont montré également que le radicalisme religieux peut être facilité par le chômage et par l'injustice sociale. Il faudra alors travailler à améliorer les conditions de vie des populations et à lutter contre toutes sortes d'injustice sociale.




L'URBANISATION AU BURKINA FASO.

  L'urbanisation désigne bien évidemment l'augmentation du nombre de villes mais aussi de la population urbaine. Au Burkina Faso que...