Au Burkina Faso et presque partout en Afrique les évènements nous conduisent à faire un constat amer, celui d'un échec multidimensionnel. Pas dans le but de dévaloriser ou de sous-estimer les progrès déjà réalisés de part et d'autre. Mais plutôt dans l'espoir d'arriver à un lendemain meilleur dans les domaines essentiel de développement.
Nous pouvons alors déduire des difficultés de l'heure l'échec du peuple, l'échec de la classe politique et l'échec de l'élite dans son ensemble.
POURQUOI L'ÉCHEC DU PEUPLE ?
Ne dit-on pas que le pouvoir appartient au peuple ?
Ne dit ont pas que chaque peuple mérite ses dirigeants ?
Parce qu'il appartient à chaque peuple de déterminer le chemin à suivre,de déterminer qui doit diriger,de déterminer comment diriger,etc ,le tout pour le présent et pour les générations à venir.
Et pour y arriver il faudra d'abord prendre conscience que le peuple comprend toutes les personnes de toutes les composantes de la société dans son ensemble. Ensuite il faudra une synergie d'actions entre les catégories d'acteurs de la société dans la prise de conscience collective, dans la politique de la société de façon générale. Par exemple l'intellectuel est censé servir d'ambassadeur auprès du paysan illettré pour une amélioration des affaires courantes de la société. Et ce,en considération des droits et devoirs des citoyens. Cette synergie d'actions devrait être réelle entre tous les membres de la société de façon à combler les manques ça et là afin que chacun puisse contribuer activement et positivement à la construction de la société.
Malheureusement il se trouve que dans chaque catégorie,les membres du peuple ne s'occupent que de ce qui les intéressent,de façon égoïste.
L'homme politique ne s'intéresse que de comment conquérir et conserver le pouvoir .
Le commerçant ne s'intéresse que de comment réaliser son profit dans ses affaires quotidiennes.
Le "petit bourgeois", fonctionnaire ou pas ,ne s'intéresse qu'à sa petite famille et à son compte bancaire.
Ainsi de suite, chacun semble se chercher de sorte que le facteur commun est ignoré jusqu'au jour où on se rende compte qu'il faut s'occuper de l'intérêt général sur tel ou tel plan.
Cette démission de la majorité des acteurs dans l'engagement citoyen pour l'intérêt général laisse alors la lassitude à une minorité de s'occuper à ce qui intéresse tout le monde. Par exemple sur le plan politique cela fausse la donne dans la mesure où une minorité de la population élit le plus souvent le président qui est censé incarner les aspirations de tous ou de la grande majorité.
Il est parfois fréquent d'entendre dire que les hommes politiques manipulent et profite de l'ignorance du "bas peuple" que l'on qualifie de "mouton", justifiant ainsi l'échec de celui ci. Comme si le manque d'instruction est synonyme d'absence de valeurs ! Comme si la pauvreté est forcément synonyme d'absence de valeurs!
IL faut alors reconnaître que le peuple a échoué en Afrique et au Burkina Faso car depuis les indépendances les pays sont à la traîne.
Le Burkina Faso y était presque après l'insurrection populaire en terme d'éveil de conscience. Mais le temps a prouvé l'inconsistance et l'incohérence du peuple dans son ensemble. Et ce , à tous les niveaux.
Il est alors urgent que la synergie d'actions soit réelle pour une prise de conscience collective afin que chaque citoyen puisse participer activement et de façon constructive à l'édification de nos pays.
POURQUOI L'ÉCHEC DE LA CLASSE POLITIQUE ?
Parce que c'est elle qui regroupe le mieux les décideurs et les responsables dans les domaines les plus importants du développement et dans les institutions les plus importantes. Il appartient donc à la classe politique de trouver les meilleures formules pour le bien être de tous dans la société. Pour y arriver le peuple et les intérêts du peuple devraient être au centre des préoccupations au niveau des dirigeants.
Le constat est que ce n'est pas le cas. L'objectif de la classe politique est clairement résumé à comment obtenir et conserver le pouvoir politique. D'où cet échec. Parce que les politiques et les systèmes dans les différents domaines ne sont pas adaptés aux besoins des populations mais plutôt aux besoins politiques des hommes politiques.
Voilà pourquoi les systèmes éducatifs ne sont pas adaptés aux réalités de l'emploi car cela demandera une vision et une volonté dans le long terme au moment où les hommes politiques pensent aux prochaines élections ;
Voilà pourquoi les systèmes sécuritaires n'ont jamais été adaptés à la protection des populations au moment où ils ont été façonnés pour la protection de tel ou tel régime ;
Et j'en passe...
Là également il est urgent que les futurs dirigeants sachent qu'il est temps d'apprendre à être des leaders et des hommes d'État qui auront de façon permanente à l'esprit la satisfaction des besoins réels des populations,et donc devront avoir au centre de leurs préoccupations la satisfaction des intérêts généraux en lieu et place des intérêts égoïstes. Ils devront apprendre à penser aux générations futures au moment où il faudra régler les problèmes de l'heure. D'où la nécessité de faire preuve d'anticipation, d'intelligence,de responsabilité, d'intégrer les valeurs et les principes légaux dans les actes de tous les jours.
POURQUOI L'ÉCHEC DE L'ÉLITE ?
Pour son incapacité à impacter positivement non seulement sur la qualité de la gouvernance mais aussi sur la qualité de l'éveil des consciences. La minorité qui arrive à y jouer sa partition n'y arrivera jamais seule. Parce que l"élite dans son ensemble a trahi son peuple" comme le dira le Pr Laurent BADO. En effet il est fréquent de voir des intellectuels mettre leurs compétences,leur intelligence au profit d'un régime,d'une classe politique en lieu et place du profit des populations.
Pour profiter des avantages du pouvoir des juristes ont eu à orienter des interprétations textuelles aux profits des hommes politiques et non au profit de l'intérêt général ;
Pour les mêmes raisons des économistes ont cautionné des prises de décisions sur l'économie nationale dans le sens des objectifs politiques à atteindre et non dans le sens de la satisfaction des besoins populaires.
De la même façon des leaders d'organisation de la société civile ont troqué leurs convictions et les règles de la morale avec des avantages politiques soit en manifestant activement leur soutien à telle ou telle famille politique au moment où leur rôle essentiel était d'assurer la veille, soit en adoptant une posture de silence complice sur des questions essentielles au moment où leur avis éclairé serait le bienvenu.
Et j'en passe...
Ces cas sont fréquents au Burkina Faso et ailleurs en Afrique. L'ensemble de ces échecs justifie suffisamment les difficultés existantes et l'ampleur des défis à relever. Il faut donc impérativement que l'élite également se mette au service de son peuple d'autant plus que c'est le peuple qui supporte le coût de sa formation scolaire et académique. Elle doit aussi incarner des valeurs, promouvoir l'engagement par convictions et participer franchement à l'éveil des consciences populaires.
Issouf SAGNON
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