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dimanche 30 janvier 2022

NOMADISME POLITIQUE,ON EN PARLE TOUJOURS 🇧🇫

 S'il y a un phénomène qui impacte peu honorablement sur le domaine politique au Burkina Faso c'est bien la migration politique,le nomadisme politique entre différentes formations politiques.

L'animation de la vie politique est assurée essentiellement par les partis politiques en conformité avec la charte des partis politiques adoptée par la loi du 28 novembre 2001. 

Cette animation est également encadrée juridiquement par des dispositions de la constitution,du code électoral et parfois par la jurisprudence à travers les cours de juridictions notamment le conseil d'État.

Malgré cet arsenal juridique le milieu politique est loin de présenter un visage reluisant d'autant plus que les hommes qui l'animent sont loin de la perfection. Il y a une vingtaine d'années le Dr Arsène Bognessan Yé ne pensait certainement pas si bien le dire, lorsqu'il affirmait que la morale a foutu le camp. 

En effet il est fréquent de voir des militants de partis politiques fouler au pieds les règles de bienséance en monayant leurs convictions politiques au profit de formations politiques autres que leur parti d'origine. 

Ce nomadisme se concrétise le plus souvent par des démissions au profit d'un parti politique selon les meilleurs opportunités offertes. Il se pose bien sûr le problème de conviction et d'idéologie censées guider les Hommes politiques au moment de leur engagement. 

Pour tenter de lutter contre ce nomadisme politique la constitution en son article 85 précise que "tout mandat impératif est nul". Avant de préciser par le même article qu'en cas de démission par un député de son parti ou formation d'origine,il est déchu de son mandat. Il en est de même que l'indépendant lorsqu'il perd son statut au profit d'un parti ou formation politique. "Il est procédé à son remplacement conformément à la loi".

Le code électoral également en son article 238 s'inscrit dans la même logique et prescrit le remplacement des élus démissionnaires de façon officielle. Cependant ces sources juridiques ne prévoient pas clairement tous les détails. Qu'en est-il par exemple des démissions officieuses ? Et que dire des situations conjoncturelles pouvant entraîner un bouleversement au sein des partis et formations politiques ?

En fait il est possible de constater qu'en cours de mandats,des élus adoptent des attitudes ne s'inscrivant pas dans les lignes de conduite de leur formation d'origine,sans pour autant démissionner officiellement. C'est d'ailleurs ce genre de situations qui ont poussé le ministère de l'administration territoriale en charge de la vie politique à adresser une correspondance au Conseil d'État le 03 Décembre 2020 afin d'obtenir son avis. On se rappelle que la haute juridiction administrative avait rappeler la possibilité de remplacement par le suppléant de l'élu démissionnaire avant de préciser qu'il appartient aux partis politiques de veiller à inviter l'élu qui viendrait à rompre le"contrat moral" qui le liait à son parti ou formation politique d'origine,de présenter sa démission de façon officielle afin d'en tirer toutes les conséquences y relatives.

La pratique nous fait constater également des retournements spectaculaires de "vestes" dès lors qu'une situation conjoncturelle se présente sur le plan politique avec un avenir sombre en termes d'opportunités. Ce fut le cas en 2015 après l'insurrection populaire au Burkina Faso où l'ex majorité s'est explosée à travers des démissions en cascades au profit du nouveau pouvoir. Ce sera certainement le cas avec la chute du régime Kaboré et du MPP par le coup d'État du 24 janvier 2022.

Il urge alors de revoir une fois de plus la législation en la matière afin de mettre fin ou de minimiser au maximum ces migrations politiques qui le plus souvent ne se justifient par aucune conviction ou idéologie politique.Pourquoi pas adopter une législation contraignant les partis et formations politiques à ne se constituer qu'autour de deux blocs idéologiques comme c'est le cas aux États Unis d'Amérique ? De façon à ce que dès sa création tout parti ou formation politique s'inscrive forcément sur le registre de tel ou tel bloc idéologique, quit à passer par des élections primaires pour une éventuelle désignation de candidats aux différents postes électifs ?

Les nouvelles autorités sont alors interpellées. Dans tous les cas il faudra que les hommes politiques et les acteurs de la société burkinabè dans leur ensemble s'efforcent à incarner des valeurs,des idéologies afin d'espérer une meilleure moralisation de la vie politique dans notre pays.


Issouf SAGNON

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