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samedi 8 janvier 2022

ANALYSE DE LA DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRAL DU PREMIER MINISTRE LASSINA ZERBO

Au vue de la situation sécuritaire dégradante le président du Faso a procédé à de nombreux changements.

Un "gouvernement de combat " a été formé avec à sa tête Lassina Zerbo. Conformément à l'article 63 de la constitution celui-ci a fait une déclaration de politique générale devant l'Assemblée Nationale le 07 janvier 2022, à l'issue de laquelle il a été officiellement investi.


QUELLE LECTURE POUVONS-NOUS FAIRE DE CETTE DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE ?


Dans la forme il s'agit d'un document de 27 pages élaboré autour du slogan"seul le prononcé fait foi". Le document est vraiment élaboré en tenant compte de la situation d'exposé oral. Il n' y a donc pas eu de rigueur en ce qui concerne un plan détaillé dans la forme qui puisse permettre de maîtriser aisément le contenu.

Cependant,la déclaration s'articule essentiellement autour de quatre axes considérés comme des nouvelles priorités,vue le "changement de paradigmes" prôné par le président du Faso Rock Marc Christian Kaboré.

Ces piliers ou axes évoqués sont :

- le retour de la paix,de la sécurité et la consolidation de la résilience ;

- le retour des personnes déplacées internes dans leurs localités d'origine ;

- la réconciliation nationale ;

- la lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite.


Des heures durant, Lassina Zerbo a ainsi déroulé une déclaration empreinte d'optimisme et d'espoir puisque selon lui,"notre nation sera plus forte, plus unie et verra ses habitants vivre d'autant plus en harmonie et dans la cohésion que nous aurons parachevé la marche entamée vers la réconciliation nationale."

La réconciliation nationale puisqu'on en parle, fait partie des nouvelles priorités dégagées ci-dessus. Il est annoncé d'ailleurs la tenue du forum national de la réconciliation nationale courant premier trimestre de l'année 2022.

Dans la pratique comment arriver à une véritable réconciliation nationale?

Nous pensons qu'elle passe par une vérité absolue et par une justice sans complaisance. Et une justice sans complaisance demande forcément de sanctionner tout coupable sans considération de bord politique,sans considération de statut social.

À défaut d'avoir le courage et les moyens d'établir la vérité et la véritable justice,ne faut-il pas envisager l'option d'une amnistie générale comme le pensent déjà certains analystes politiques ?

 La question mérite alors une réflexion approfondie par les différents acteurs. L'opportunité semble belle dans la mesure où l'opposition politique semble baisser le ton et a même levé la suspension de sa participation aux instances de discussion.


Sur la première priorité citée l'enseignement retenu de la déclaration est que des instruments sont en cours de fonctionnement pour le retour de la paix et de la sécurité. 

L'on se souvient que le ton avait été donné par le président du Faso à travers le renouvellement des ressources humaines en matière de sécurité. Dans cette dynamique le premier ministre entend poursuivre à travers, entre autres,"l'action de renforcement de la résilience des populations de l'axe Djibo-Pobé-Mengao" qui nécessitera 20 milliards et 447 millions ; les instruments tels que la stratégie nationale de la cohésion sociale (SNCS),la stratégie nationale de la prévention de l'extrémisme violent(SNPREV) sont mis à contribution à coût de milliards.

IL est alors indispensable que le professionnalisme et la responsabilité soient de mise à tous les niveaux de la chaîne afin que ces milliards utilisés puissent permettre d'atteindre les résultats escomptés en matière de sécurité et de consolidation de la résilience.


Par ailleurs le retour de la sécurité et de la paix aura logiquement pour conséquence le retour des personnes déplacées internes. Leur retour dans les localités d'origine constitue une priorité selon la déclaration. Nous pensons que ce pilier est fortement lié à la première priorité citée et que le retour des déplacés devra logiquement suivre une fois que la sécurité sera rétablie.

Mais en attendant,il faudra continuer à assister ces personnes(et la contribution de tous est vivement souhaitée ) qui ne font que subir les conséquences de l'échec de la classe politique de ces dernières années sur le plan sécuritaire.


L'autre priorité contenue dans la déclaration de politique générale est la lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite. 

Là encore il s'agira de faire preuve de courage afin d'y arriver. Il faudra alors démanteler tout un système bâti depuis des années. Et la meilleure façon de commencer serait de donner l'exemple au sommet de l'État et au niveau de tous les postes de responsabilité au sein de l'administration publique. Écarter des postes de responsabilité les personnes fortement soupçonnées en attendant leur culpabilité ou leur innocence, s'occuper franchement des dossiers évoqués par les structures de contrôle, mettre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut, sont là autant d'actes qui pourraient témoigner de la bonne volonté du gouvernement à lutter efficacement contre la corruption et l'enrichissement illicite.

N'est-ce-pas pas dans cette optique que Lassina Zerbo reconnaît qu'il faudra doter  l'ALCE-LC et la justice de moyens adéquats dans cette lutte ?

Malgré la redéfinition des priorités, des thèmes comme la santé, l'éducation ou la réduction du train de vie de l'État ont été évoqués. 

Sur l'éducation par exemple le premier ministre rappelle que l'objectif du gouvernement est " d'accroître l'offre et la qualité de l'éducation tout en œuvrant à la mettre en phase avec les besoins de la transformation de l'économie".

Dans tous les cas,un aspect capital mais fréquemment négligé par les dirigeants,est celui de la mise en valeur et de la motivation des ressources humaines dans tous les domaines. 

La motivation n'est pas d'abord matérielle mais tient aussi à l'importance, à la considération, à la place qu'il faut, à la confiance accordées aux personnels de tous les secteurs. Ce sont ces valeurs qui pourraient pousser les différents responsables à mettre à la disposition des forces de défense et de sécurité,des enseignants,des agents de santé,etc tous les moyens nécessaires pour le bon fonctionnement de tout service d'intérêt général.

Quel respect et quelle considération avons nous pour des FDS s'ils doivent combattre à mort dans la faim et le manque du nécessaire ?

Quel respect et quelle considération a un ministre de l'éducation vis à vis de son personnel s'il faut le vilipender devant la représentation nationale ?


Il ressort clairement qu'au-delà des mots et des discours issus de la déclaration de politique générale du premier ministre ou antérieurement des autres membres de l'exécutif,c'est au pied du mur, comme d'habitude que le gouvernement tout entier sera jugé.

Il faudra alors imposer le changement de paradigmes au sommet de l'Etat, revoir l'attitude et le discours des ministres conformément à la logique de réconciliation, poursuivre la sensibilisation pour un combat sein d'idées au sein de l'opinion publique afin d'espérer retrouver un Burkina Faso meilleur.


Issouf SAGNON.

@sagnon_issouf 

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