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mardi 25 janvier 2022

COUP D'ÉTAT AU BURKINA FASO , QUELLE LECTURE ?🇧🇫

 Comme au Mali la situation politico- sécuritaire a fini par conduire vers une situation d'exception. Un coup d'État restera toujours un moyen exceptionnel d'arriver au pouvoir,loin des modes d'acquisition et de gestion réglementaires. Et tout bon démocrate ne devrait pas s'en réjouir. Tant que nos textes resteront en l'état, tout coup d'État doit être condamné.

Mais lorsque vous vous retrouvez déjà dans la situation d'exception, que faire ? À cette question nous pensons qu'il faut évaluer les causes et envisager les meilleures perspectives possibles.


POURQUOI UN COUP D'ÉTAT ?


De prime abord l'incapacité des dirigeants à trouver des réponses appropriées au problème sécuritaire est la principale raison (qui ne justifie pas pleinement un coup d'État). 

En clair,sur le plan sécuritaire aucune stratégie adéquate n'a pu être trouvée pour jubiler la crise. Il faut dire que depuis la transition de 2015 et la dissolution du Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP) le système sécuritaire a été bouleversé et ne répondait plus aux impératifs sécuritaires. Surtout qu'à l'époque la stabilité apparente du pays n'était pas forcément liée à la fiabilité d'un système de défense et de sécurité mais beaucoup plus à une gestion axée sur des compromis.

Comment le régime Kaboré pouvait-il trouvé la solution efficace si dès les premières attaques terroristes l'on a préféré soupçonner le régime sortant, plutôt que de prendre la situation au sérieux ? Par la suite s'en est suivi un changement de gouvernements et de personnes de façon conjoncturelle sans pour autant arriver à mettre en place une stratégie structurelle efficace.

Parce qu'en réalité les résultats prouvent un échec en matière de sécurité. Du nombre de morts de personnes civiles et de forces de défense et de sécurité à la mauvaise gestion des crises par la hiérarchie militaire en passant par le nombre de personnes déplacées internes on a pu découvrir l'incapacité à trouver des réponses adaptées.

Pire encore le mensonge,la corruption et le manque de leadership ont été constatés dans la gestion de la crise sécuritaire. Comment avoir l'adhésion populaire pour la lutte après la gestion des cas de Solhan,d'Inatan ou d'acquisition d' hélicoptères  avec à chaque fois des révélations troublantes ?

Le comble fut donc de constater la déception des populations de tout bord politique et social. Comme si cela ne suffisait pas une sorte de restriction de liberté a été constatée à travers les coupures intempestives d'internet et les arrestations fréquentes des leaders des manifestations après les interdictions de manifester difficilement justifiables et objectives.

Dans d'autres secteurs comme la justice, l'exemple était loin d'être donné. Les dossiers emblématiques, d'envergure politique jugés et en cours de jugement ne suffisent pas pour convaincre. Parce qu'après plusieurs révélations et enquêtes d'organes de lutte contre la corruption,l'initiative a rarement été prise d'inquiéter des personnes en raison de leur proximité d'avec le pouvoir politique.

Sur le plan de la gouvernance,il a été fréquemment constaté un manque d'humilité et de leadership notamment sur certains responsables ministériels qui n'ont pas su réunir leur personnel autour d'un même idéal.

Du coup un ensemble de conditions semblaient réunies d'autant plus que sur le plan sécuritaire les forces de défense et de sécurité sont les principales victimes du terrorisme avec les populations locales. Surtout la franche jeune de ces FDS . D'où, certainement l'option, pour eux,de passer par la force pour tenter de susciter un nouvel espoir. Le coup d'État étant déjà fait, quelle conduite pour la suite ?


COUP D'ÉTAT,ET APRÈS ?


Après il faut d'abord se souvenir qu'il s'agit d'une situation exceptionnelle. Donc il faudrait envisager un retour à la normale avec un calendrier et un timing raisonnable afin de minimiser les conséquences vis à vis des organisations régionales et internationales. Mais aussi afin d'être cohérent avec les principes démocratiques et de bonne gouvernance.

Ensuite il faudra avoir en tête qu'une transition politique demeure la meilleure opportunité de mieux refaire,de fonder les bases du renouveau. Pour y arriver il faudra tirer des leçons du passé et éviter les erreurs commises par la transition politique antérieure. Notamment éviter le piège d'une vengeance sous une quelconque forme. Parce que les intérêts de la nation doivent restées au-dessus des différends personnels et politiques. Il urge donc de pouvoir dominer ses émotions et faire les choses sur la base des principes et non sur la base de préjugés et de désirs quelconques.

Par ailleurs il faut aussi éviter le piège du populisme et se rendre compte que la meilleure des façons d'enclencher une nouvelle dynamique positive est de passer par les actes et non par les slogans du genre"plus rien ne sera comme avant" alors que dans les actes nous réunissons les conditions pour que tout soit pire qu'avant.

En tout état de cause et dans tous les cas,il faudra s'appuyer sur des principes, des valeurs et les aspirations populaires pour fonder les bases d'un nouveau Burkina Faso sur les plans politique, sécuritaire et de la bonne gouvernance.


Issouf SAGNON


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