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mercredi 15 juin 2022

BURKINA FASO 🇧🇫: TRANSITION ET INCERTITUDES

 La situation sécuritaire qui a conduit vers le coup d'État du 24 janvier reste toujours inquiétante. Le pays traverse toujours d'énormes difficultés liées à l'insécurité . Du coup le pays est plongé dans des incertitudes au vue des évènements et de l'attitude des différents acteurs.

✍️: Issouf SAGNON

📷: Carte du Burkina Faso 🇧🇫



DE L'ATTITUDE DES DIFFERENTS ACTEURS

Dès le début du terrorisme au lieu de prendre la question au sérieux le MPP a préféré soupçonner le pouvoir déchu d'être derrière les attaques en guise de déstabilisation. 

Par ailleurs,au sein des acteurs de l'opinion publique nationale nombreux sont ceux qui voient la France comme instigatrice du terrorisme ou comme une puissance qui arme les terroristes.

Au cours du mandat du président Kaboré on est tenté de parler de sabotage au vue de certains dysfonctionnements aussi bien au sein de l'armée que de l'administration en général. Il a manqué visiblement la cohésion nécessaire pour affronter le terrorisme,tant l'adversité politique issue de l'insurrection populaire d'octobre 2014 fut grande entre les acteurs. 

De ce qui précède, l'attitude des acteurs de la société burkinabè s'est caractérisée par une série d'accusations à tort ou à raison tantôt de telle ou telle famille politique, tantôt de la France,sans oublier les revendications des corps professionnels depuis le premier mandat du président Kaboré. 

Par conséquent il eut moins de lucidité pour comprendre réellement que les facteurs internes tels que la pauvreté des couches sociales,les inégalités selon les régions,les mésententes intercommunautaires, l'insuffisance de la cohésion entre acteurs du système sécuritaire,la corruption,le trafic mal maîtrisé des hydrocarbures,etc contribuent largement à l'entretien et à la propagation du terrorisme. Le constat évident fut l'incapacité du régime du MPP à trouver les  solutions adéquates pour contrer les attaques terroristes jusqu'à sa chute.

 Cette série d'attitudes loin d'être constructives se poursuit sous la transition. On est toujours dans une logique d'accusations et d'adversité. Certains se retrouvent mieux dans le camp du pouvoir de la transition qui a en face de lui les militants du MPP n'ayant pas digéré la perte du pouvoir,qu plus les pro-russe qui s'attendaient à une rupture formelle avec la France à l'image du Mali, plus d'honnêtes citoyens qui avaient espéré un meilleur changement et qui restent dans leur soif, plus l'inflation issue des réalités économiques,etc. 

Dans une telle logique on se trouve loin de la dynamique de cohésion et de rassemblement afin de mieux exploiter la transition qui demeure la meilleure opportunité possible pour fonder une nouvelle Nation à travers les bases solides. D'où l'impression d'incertitudes en ce qui concerne la paix et la stabilité dans notre pays d'autant plus que les différents évènements demeurent également moins rassurants.

DES ÉVÈNEMENTS CARACTÉRISTIQUES DE LA SITUATION DU PAYS

Comme on le sait tous depuis 2016 plusieurs évènements tragiques liés essentiellement aux terrorisme ont attristé les populations. De Yirgou à Saytenga en passant par Inata et Solhan,des centaines de civils ont été tués.

Si au départ les attaques touchaient principalement les convois de FDS et les symboles de l'État, aujourd'hui les terroristes n'épargnent pas les populations civiles selon la zone stratégique qui les intéresse.

Des cette succession d'événements tragique, s'en est suivi un coup d'État, suivi d'une transition après une gymnastique de normalisation du pouvoir issu du pusch par le conseil constitutionnel.

Après la mise en place des organes de la transition la question des émoluments des membres de l'Assemblée Législative de Transition ainsi que des salaires des membres de l'exécutif a fait des gorges chaudes. Au départ bon nombre de personnes ont pensé au bénévolat pour l'animation de l'ALT . Quand aux salaires des ministres,un décret a été pris pour en revoir le régime juridique. Au vue des montants de part et d'autre on s'accorde à dire que l'exemple est loin d'être donné en matière de réduction du train de vie de l'État. 

Sur le plan administratif et institutionnel on assiste à une sorte de réorganisation notamment avec de nouvelles nominations aux postes de responsabilité et des révocations"avec effet immédiat"qui sont perçues par plusieurs personnes comme des règlements de comptes.

En ce qui concerne la coopération internationale,on se souvient que le président de la transition avait rappeler qu'il ne s'inscrivait pas dans une logique de révolution. En matière de sécurité la coopération militaire avec la France semble demeurer. De quoi décevoir ceux qui s'attendaient à une véritable rupture en la matière. Surtout que rien n'est visiblement fait pour montrer que de nouvelles conditions de collaboration sont édictées afin que la France-Afrique d'antan ne soie plus d'actualité et que sonne l'ère d'une nouvelle collaboration franche.

De façon pratique,sur le terrain le nombre d'attaques terroristes ne baisse pas. Et en plus de leur stratégie nauséabonde de s'attaquer aux populations civiles,les terroristes semblent mieux exploiter les failles en matière de trafic d'hydrocarbures avec une vingtaine de citernes détournées dont 14 dans la région de l'est à la mi-juin.

Ces principaux évènements ont clairement affecté plusieurs acteurs dans leur élan d'apport constructif et de soutien,certains commençant déjà à porter la voix pour une démission du président de la transition, d'autres s'inscrivant de façon indirecte dans une logique de sabotage à travers une communication adaptée à cet effet.

Ces évènements et attitudes nous éloignent clairement d'un scénario d'union,de cohésion et de réconciliation pour mieux exploiter la nouvelle période transitoire dans l'espoir de fonder les bases du renouveau. D'où l'urgence pour les forces vives de la nation de se revoir,à commencer par les autorités, pour une transition réussie.


L'URBANISATION AU BURKINA FASO.

  L'urbanisation désigne bien évidemment l'augmentation du nombre de villes mais aussi de la population urbaine. Au Burkina Faso que...