Membres

dimanche 25 septembre 2022

TRIBUNE DE L'ONU, QUELLE LECTURE DE LA DÉCLARATION DU PRÉSIDENT DU FASO ?

 Présent à New York pour la 77e Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies,le Lieutenant colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA a livré une déclaration diplomatique au nom du Burkina Faso . Quels sont les enseignements que l'on peut tirer du message livré par la partie burkinabè à la tribune des nations unies ?

✍️: Issouf SAGNON

📷: Images d'illustrations ( P.H.S.DAMIBA; Siège de l'ONU).



Il faut noter d'emblée que cette 77e Assemblée Générale intervient dans un contexte de pouvoirs exceptionnels en Afrique Occidentale et dans un contexte de guerre en Ukraine. La représentation du Burkina Faso par le président DAMIBA peut à priori, susciter des interrogations d'autant plus que le Mali et la Guinée qui connaissent également des coups d'État n'y étaient pas représentés par leurs chefs d'États.

Mais cela paraît être la résultante d'une diplomatie beaucoup plus réussie par Ouagadougou en termes de confiance retrouvée de la communauté internationale après le coup d'État du 24 janvier.En effet les autorités de la transition ont su trouver un compromis sur plusieurs aspects notamment la durée de la transition et un processus beaucoup plus clair en termes de retour à la vie constitutionnelle. Ce qui n'est pas le cas de Bamako ou de Conakry qui sont plutôt dans une logique de rupture  avec la communauté internationale, notamment la CEDEAO, dans une logique de bras de fer .

Après avoir traduit sa reconnaissance à l'endroit du SG de L'ONU (Antonio Guteres ) et félicité les différents présidents des AG, le président du Faso a fait un bref rappel des thèmes récurrents des AG et des défis communs de l'heure. De là il ressort que les Etats et les institutions ne sont pas suffisamment dynamiques pour trouver des solutions contre les difficultés qui menacent la paix mondiale. De la question du Sahara occidental à la guerre en Ukraine en passant par les crises sécuritaire et économique,il y a des exemples qui mettent à nu les faiblesses aussi bien individuelles que collectives dans les relations intra et interétatiques.Ce que le chef d'État traduit par "la fragilité individuelle et collective",tout en appelant à une "solidarité internationale".

Sur le plan national,il tente d'expliquer les raisons du coup d'État du 24 janvier en évoquant "la dérive de la gouvernance politique en place, l'insécurité grandissante, la désintégration progressive et continue de l'État".

À priori,pour qui souhaite une véritable construction démocratique, c'est évidemment gênant de parler d'un coup d'État, à fortiori d'en trouver des arguments pour une quelconque justification. Par contre,on en est là,au Burkina Faso, parce que les militants du pouvoir déchu qui avaient pourtant la majorité présidentielle,ne se sont pas opposé farouchement au coup d'État ; tout comme les forces vives de la nation qui n'y ont pas opposé une résistance à l'image de celle de 2016 contre le Gal. Gilbert Diendéré. Cerise sur le gâteau,le conseil constitutionnel,qui aurait pu s'appuyer sur des résistances populaires au push pour faire blocage également, s'est retourné dans une posture de validation d'un pouvoir non issu des urnes. Autant dire que le peuple dans son ensemble n'a rien dit sur le coup d'État,ce qui octroie une légitimité aux autorités actuelles, chose que le président DAMIBA n'a pas manqué de rappeler subtilement.

Sur les difficultés à l'interne le président du Faso rappelle que le nombre de déplacés internes de 1.520.012 à la date du 31 août 2022 dont 61,27% d'enfants,22,13% de femmes et 16,6% d'hommes , correspond au plus grand nombre dans l'histoire du pays et de la sous région. 
Pour faire face à ces crises sécuritaire, humanitaire et alimentaire, quatre objectifs stratégiques ont été fixés, selon la déclaration du président. Il s'agit de la lutte contre le terrorisme,la restauration de l'intégrité du territoire, apporter une réponse humanitaire,la réconciliation nationale.

La réalité sur le terrain est que le terrorisme continue,des déplacés internes existent toujours en nombre important et le processus de réconciliation nationale est loin de faire l'unanimité quant aux procédures. L'engagement,les réformes et la bonne volonté des dirigeants restent salutaires mais il est évident que les problèmes ne seront pas tous réglés avant la fin de la transition.

Pour qui sait observer l'histoire  des militaires qui arrivent au pouvoir,le constat est qu'au départ ils n'ont pas pour objectif de durer au pouvoir. Ils prétendent mettre de l'ordre."Le pouvoir ne nous intéressent pas",dira Dadis Camara à l'époque. 
La pratique montre que ces dirigeants militaires finissent par prendre goût à la gestion du pouvoir. 
Dans le cas du Burkina Faso, l'on reconnaît au moins qu'il existe des intentions claires de retour à la vie constitutionnelle avec calendrier électoral dans un délai raisonnable. Reste à savoir si les défis et le goût du pouvoir ne pousseront pas à revoir les ambitions du côté de Ouagadougou.

 L'idéal serait que tout se déroule selon les textes et selon un consensus national nécessaire à la fois pour préserver la cohésion nationale que pour lancer les fondements d'un Etat de plus en plus fort.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

ASTUCES VACANCES SCOLAIRES

C'est la fin de l'année scolaire. Place aux vacances ! Avez-vous un programme de vacances scolaires pour vos enfants ? Si vous n'...