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samedi 7 mai 2022

AFRIQUE: RISQUES D'UNE INSTABILITÉ SOCIOPOLITIQUE DURABLE

 Le continent Africain est en ébullition. Crises politiques, crises sécuritaires, défis de création d'emplois,etc. Et à l'image du monde entier il faut faire face à la recomposition de l'ordre mondial en cours.

Par ailleurs si dans les autres continents les pays ont des systèmes solides de conquête et de gestion du pouvoir d'Etat et sur le plan économique,en Afrique la plupart des États se trouvent à mi-chemin entre le système démocratique et les autres systèmes politiques. Y-a-t-il des raisons d'entrevoir une instabilité politique durable sur le continent ?

✍️: Issouf SAGNON.





CONTEXTE ET CONSTAT

Le contexte sur le plan politique est que la majorité des pays africains sont dans l'incertitude sur le mode d'acquisition et de de gestion du pouvoir politique. Le processus démocratique enclencher dans les années 90 est loin d'être à terme et d'être efficace. La majorité des dirigeants politiques et des acteurs sur le continent sont toujours sceptiques sur la question du choix définitif de la démocratie électoraliste. D'où les tentatives ou les modifications de constitutions pour perdurer au pouvoir d'une part et des coups de force pour renverser les gouvernements démocratiquement élus dès lors que des difficultés majeures se dressent, d'autre part.

En Côte d'Ivoire Alassane Dramane Ouattara a obtenu son troisième mandat. Il est certain que cela ne répond pas aux principes démocratiques strictement parlé.

Au Mali,au Burkina Faso,en Guinée l'option des coups d'État a été explorée après des difficultés pour les présidents déchus à trouver des réponses adéquates sur les crises sécuritaires. Il est certain que ces changements anti-constitutionnels ne répondent à aucun principe démocratique.

Au Rwanda les acteurs semblent trouver un compromis autour de leur leader Paul Kagame dans la conduite des affaires du pays. Comment faut-il qualifier leur système politique de gestion du pouvoir politique ? De démocratie? De démocratie populaire comme en Chine ? De révolutionnaire ?

Sur le plan économique les pays tergiversent au sujet de la monnaie commune, notamment dans l'espace francophone. Les pays anglophones essaient de tirer leur épingle du jeu tant bien que mal avec des monnaies différentes. Le facteur commun est le défi de l'emploi décent proportionnellement à la jeunesse de la population ainsi que d'une éducation et de la formation adéquates.

Le constat est que de façon générale en Afrique, aucun système solide et fiable pouvant s'inscrire dans la durée n'est trouvé à la fois sur les plans politique et économique. D'où l'inquiétude et le spectre d'une instabilité durable pour les années à venir.


DES RISQUES D'INSTABILITÉ DURABLES EN PERSPECTIVE 

En essayant de se projeter dans un futur plus ou moins lointain il y a des motifs d'inquiétudes. Il est vrai que de façon générale les consciences semblent éveillées, notamment dans un élan panafricaniste.

Cependant peut ont s'inscrire dans une logique de coup d'État à long terme ? Faut-il rappeler que bon nombre d'acteurs estiment que la démocratie est inadaptée en Afrique. Au même moment les réalités ethniques et culturelles empêchent de s'accorder sur un système calqué sur la royauté ou sur la démocratie populaire à la chinoise. 

Au Mali,au Burkina Faso et en Guinée,les autorités des transitions entendent gouverner selon les durées déterminées par les différents acteurs des pays respectifs. Quelle alternative crédible faut-il envisager au terme des différentes transitions ? Les militaires au pouvoir réussiront-ils à transmettre les pouvoirs à l'issue d'un système politique fiable adopté dans chaque pays ? On est tenté d'affirmer que l'incertitude planne à l'horizon.

Peut-on s'inscrire à long terme dans une logique de prolongation de mandats électoraux ? L'exemple burkinabè de 2014 nous pousse à répondre par la négative. Cela sous-entend qu'en Côte d'Ivoire ou au Rwanda il faudra penser à l'après Ouattara et à l'après Kagame dans l'espoir de trouver une alternative heureuse. Cela voudrait dire également que partout ailleurs sur le continent il serait toujours risqué de tenter de confisquer le pouvoir dans l'avenir.

Peut-on s'inscrire à long terme dans une logique panafricaniste en rang dispersé au niveau des chefs d'États africains et espérer un succès ? Faut-il rappeler que le continent a connu des leaders plus engagés et intelligents comme Sekou Touré,Thomas Sankara,Patrice Lumumba ,etc ,qui cependant se sont fait assassiner soit physiquement,soit économiquement par manque d'union ? Jusque là, la propagande panafricaniste est en marche, mais les gouvernements africains ont visiblement des stratégies differentes,loin d'une quelconque union.

Dans un contexte de recomposition de l'ordre mondial,seuls les blocs solides réussiront à s'imposer et à tirer profit. Les Etats Unis et leurs alliés forment un bloc solide. l'Union européenne et ses alliés forment un bloc solide. La Chine et ses alliés forment un bloc solide. Les puissances émergentes trouvent leur compte dans les regroupements politiques et économiques. 

Pendant ce temps en Afrique les organisations régionales sont fragilisées par l'orgeuil de certains dirigeants,le manque de confiance des peuples et par leur dépendance vis-à-vis de certaines puissance. Il appartient aux leaders africains de mieux coordonner les luttes au sein des blocs solides pour mieux affronter les défis du moment.

Tout porte à croire que l'Afrique est tombée dans le piège des grandes puissances,qui sans l'avouer, ont intérêt à voir un continent instable avec de nombreux défis à relever à la fois afin de mieux y consolider leur hégémonie pour les unes ou de mieux l'installer pour les autres. Le cas concret et actuel est que les difficultés sécuritaires dans le Sahel offre un spectacle désolant où la Russie tente de récupérer l'hégémonie de la France au moment où le sentiment anti-français est grandissant ; le tout, parce que les dirigeants africains sont dans l'incapacité d'avoir des politiques,des stratégies commune de lutte dans une logique d'union.

Il urge alors que tous les acteurs du continent ouvrent l'oeil et le bon. Des acteurs politiques à la jeunesse en passant par les différents peuples et couches socioprofessionnels,l'engagement et la participation de façon active à la construction des pays du continent demeure un impératif. Pour cela il faudra que les leaders s'accordent sur des systèmes politiques et économiques solides qui puissent s'inscrire dans la durée au profit des populations de toutes les générations.




 


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