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mercredi 25 mai 2022

ANALYSE COMPARÉE DES TRANSITIONS AU BURKINA FASO ET AU MALI

 Le Burkina Faso et le Mali traversent des situations d'instabilité politique causées essentiellement par les situations sécuritaires. Après des coups d'État ouvrant la voie aux périodes transitoires dans ces deux pays voisins,une lecture attentive nous permet de noter des ressemblances mais surtout de nombreuses dissemblances.

✍️: Issouf SAGNON

📷 : Image d'illustration




LES PRINCIPAUX FACTEURS COMMUNS

On peut noter d'emblée que chacun des coups d'État est apparu comme une lueur d'espoir pour les populations,eu égard aux difficultés rencontrées par les pouvoirs sortants à trouver des solutions adaptées aux crises sécuritaires. Au Mali comme au Burkina Faso on est tenté de dire que plusieurs acteurs appelaient plus ou moins ouvertement à ce que les militaires"prennent leurs responsabilités". Un aspect qui démontre une fois de plus la faillite des États dans leur mission de sécurisation des différents territoires et populations.

L'autre caractéristique commune est relative à l'attitude des différentes autorités de transition vis à vis des organisations sous régionales, notamment la CEDEAO,en ce qui concerne les durées des transitions. En effet les autorités des deux pays ont tenu à respecter leurs propres délais arrêtés à l'issue de concertations internes. Cela, malgré la volonté de la communauté internationale et régionale de vouloir un délai raisonnable pour la durée des transitions. On note là la faiblesse des organisations sous régionales de s'imposer comme institutions fortes,en grande partie, à cause de leurs apports insuffisants dans la résolution des problèmes que connaissent les différents pays membres.

Par ailleurs l'un des constats valable pour les deux transitions est que malgré le renversement des pouvoirs antérieurs,on n'a pas encore trouvé la formule magique contre le terrorisme. Les attaques terroristes continuent à avoir lieu, même si au Mali l'impression est que les FAMA semblent connaître un progrès.

Au delà de ces quelques caractéristiques communes,il y a de nombreux aspects qui différencient la transition du Burkina Faso à celle du Mali.

DES DISSEMBLANCES ENTRE LES TRANSITIONS AU BURKINA FASO ET AU MALI.

Si l'avènement des régimes exeptionnels a suscité beaucoup d'espoir de part et d'autre, force est de constater que le soutien et l'adhésion populaires diffèrent d'un pays à l'autre. Les autorités maliennes semblent avoir une adhésion populaire beaucoup plus confortable par rapport à celles du Burkina Faso. En témoignent plusieurs manifestations de grande envergure en guise de soutien à la junte malienne. 

Le contexte est tout autre au Burkina Faso. La transition y a un rapport de force défavorable en termes de mobilisation populaire. Les politiques, notamment la majorité politique déchue détient toujours une force de mobilisation populaire latente prête à rammer à contre courant des autorités de la transition. En témoignent des manifestations et activités d'acteurs politiques et de la société civile, soit pour soutenir le président sortant, soit pour une nouvelle collaboration militaire pour mieux lutter contre le terrorisme.

D'une nouvelle collaboration militaire, puisqu'on en parle,cet aspect marque également une différence entre les deux pouvoirs transitoires. Tandis que le Mali s'est inscrit dans une logique de rupture avec l'ancienne puissance coloniale qui est la France,au Burkina Faso,la logique reste plutôt conservatrice. La junte malienne a ouvertement dénoncé les accords de partenariat avec la France. Elle est plutôt pour l'option russe en termes de collaboration. 

Au Burkina Faso l'on n'en est pas à ce stade. "Le Burkina Faso n'est pas le Mali", avait affirmé le porte parole du gouvernement de transition du Burkina,M.Lionel BILGO. Ceci pour signifier que le Burkina Faso ne s'inscrit pas systématiquement dans la logique malienne. Le Burkina Faso semble ouvert à une diversification des partenariats loin du sentiment anti-occident qui a visiblement pris le dessus au Mali.

Par ailleurs , dans la même logique,la Mali fait un coup deux pierres et joint la CEDEAO à la France dans sa stratégie de défiance. C'est aussi une caractéristique différente chez les deux pouvoirs de transition à savoir la manière et la diplomatie par laquelle ils font face à la CEDEAO et à la France.En effet si le Mali se lance dans un bras de fer qui lui a valu une batterie de sanctions,au Burkina Faso,les autorités ont eu la malice de s'inscrire dans une logique de coopération avec l'Organisation régionale qu'est la CEDEAO et a , apparemment réussi à faire accepter sa durée de transition sans grande conséquences ,le tout,en bénéficiant d'ailleurs de plus de soutien officiel de la part de la communauté internationale.

L'un des intérêts majeur des différences entre les deux pouvoirs transitoires est relatif au degré de l'adhésion populaire. Au Mali cette adhésion peut être un couteau à double tranchant. Elle laisse une marge insuffisante pour la veille citoyenne sur le pouvoir du colonel Assimi GOÏTA. Contrairement au Burkina Faso où une bonne partie des acteurs arrive à émettre une opinion favorable ou défavorable sur tel ou tel aspect du pouvoir de P.H.S.DAMIBA . Il y a donc un risque élevé de commettre des erreurs au Mali par rapport au Burkina Faso.

Il faut noter également que toutes ces différences traduisent l'incapacité des régimes africains à s'inscrire dans une logique d'union même lorsque les difficultés et les situations à régler sont semblables comme c'est le cas entre le Mali et le Burkina Faso qui ont à peu près les mêmes réalités liées aux frontières communes et à l'insécurité. Comme si cela ne suffisait pas,la fragilité des organisations sous régionales vient affaiblir davantage les différents pays dans la lutte contre le terrorisme. 




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