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jeudi 24 février 2022

QUELQUES INTERROGATIONS URGENTES À SE SOUMETTRE

DU CONTEXTE


Au Burkina Faso et en Afrique occidentale on assiste à une résurgence des coups d'État paradoxalement "acceptés".

Dès lors,on est en droit de s'interroger sur la politique de gouvernance adéquate en Afrique surtout entre les systèmes révolutionnaire et démocratique.

✍️: Issouf SAGNON


DÉMOCRATIE LÉGALE OU RÉVOLUTION LÉGITIME?

En Afrique malgré l'avènement des régimes démocratiques depuis les années 1990, force est de constater que le continent peine à se hisser au niveau des puissances émergentes. La faute,en grande partie ,aux querelles liées à la qualité de la gouvernance politique le plus souvent.

En Afrique occidentale les défis du moment ont même conduit au retour des prises de pouvoir par les armes. Curieusement ces coup d'État semblent être bien accueillis du fait des difficultés à trouver des réponses adéquates aux défis économiques et sécuritaires de la part des régimes déchus.

Le paradoxe est encore plus grand lorsque des acteurs censés défendre les principes démocratiques tendent à justifier les coups de force pour le pouvoir politique, dans le même sens que des populations qui en trouvent un motif d'espoir . De quoi faire avancer l'argument de la légitimité au-dessus de celui de la légalité. 

Faisant le rapport avec le bilan de l'avènement de la démocratie,on est tenté de se demander s'il faut continuer à opter pour des régimes démocratiques, étant donné que la plupart des pouvoirs issus de ces régimes n'ont pas réussi à porter les pays respectifs au rang des puissances émergentes depuis les indépendances jusqu'à nos jours.

Il faut cependant pousser la réflexion plus loin afin de relever quelques nouvelles questions :

Est-ce la faute aux principes démocratiques ?

Ou la faute des hommes politiques qui en font mauvais usage ?

 Si dans un pays donné il est reconnu que les difficultés sont liées aux principes démocratiques,il faudra y alors repenser la démocratie ,la réadapter au contexte socio-culturel dudit pays.Il faudra certainement s'attendre à d'énormes difficultés d'application eu égard aux réalités sociales (notamment sur ,l'ethnie la religion,la culture) qui ont un poids lourd sur l'organisation des systèmes de dévolution et de gestion du pouvoir politique, hormis un cadre légal rigoureux.

Si l'on s'accorde aussi que la faute n'est pas imputable aux principes démocratiques mais plutôt aux hommes politiques qui en font un usage déplacé ou qui n'en utilisent pas,il faudra alors renforcer nos systèmes démocratiques, rendre vivace et sein le débat public politique afin d'aboutir à une grande et meilleure participation des populations au jeu électoral. 


En tout état de cause,il faudra se résoudre à faire un choix de gouvernance. Au regard des deux grandes tendances "RÉVOLUTION LÉGITIME" et "DÉMOCRATIE LÉGALE" qui se dessinent,la meilleure option semble être le recadrage des acteurs du jeu électoral que sont essentiellement les partis politiques autour de ces deux blocs idéologiques. Ceci aura le mérite de guider l'engagement et le militantisme vers des bases idéologiques auxquelles les acteurs pourront y joindre des programmes et de nouvelles convictions.


vendredi 11 février 2022

ACTUALITÉ JURIDIQUE AU BURKINA FASO, QUELLE LECTURE ?

Ces dernières années l'actualité juridique au Burkina Faso a été beaucoup mouvementée. En effet depuis plus d'une dizaine d'années des réformes et des tentatives de réformes ont été initiées ou menées par les autorités politiques diverses. Le constat est que cela traduit une instabilité juridique qui n'est pas sans conséquence sur la stabilité politique du pays.





UNE INSTABILITÉ JURIDIQUE, CAUSE DE L'INSTABILITÉ POLITIQUE ! 


Depuis les années 2011-2012 le pays a connu fréquemment une actualité houleuse sur les plans juridique et legal. La tentative de réforme majeure demeure celle au sujet de l'article 37 de la constitution de l'époque et de l'institutionnalisation du Sénat. On se rappelle que la volonté d'opérer ces réformes avait nécessité la mise en place d'un cadre de concertation pour les réformes politiques (CCRP). Chose qui a longtemps animée la classe politique jusqu'à un aboutissement inattendu en 2014 avec la chute du régime Compaoré. 

Sous la transition politique de 2015 des réformes ont été opérées également. Le milieu juridique a été mouvementé par la même occasion. Là également on se souvient qu'au départ de la transition des forces vives ont dû adopté une charte de la transition après l'appel du Conseil Constitutionnel et on a assisté à la suspension de la constitution. En outre la fameuse loi "Shérif" a été adoptée, entre autres,et consacrait l'exclusion de certains candidats issus de l'ex majorité,en guise de sanction politique pour leur part de responsabilité dans les évènements ayant conduit à l'insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014. 

Le nouveau régime issu des élections du 29 Novembre 2015 a à son tour adopté des réformes et marqué l'actualité juridique qui cependant était éclipsée par la situation sécuritaire du pays. De la révision du code pénal à l'adoption de la loi portant création des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) en passant par la relecture de la constitution et du code électoral,on a assisté à de nombreuses réformes qui cependant, ne se sont pas toujours inscrites dans la durée et n'ont pas toujours été à l'origine d'institutions fortes.

Ce manque de "solidité" dans la durée de certaines réformes a été la cause de crises politiques fréquentes et donc d'une instabilité politique parce que les institutions républicaines demeurent moins fortes. Par conséquent la mission des praticiens du Droit et des exécutants des textes s'avère délicate.D'autant plus que de nouveaux éléments entrent en jeu, notamment les aspects de légitimité et de rapport de force.


L'IMPACT DE LA LÉGITIMITÉ ET DU RAPPORT DE FORCE SUR LE DROIT ET LA LÉGALITÉ.


La remarque que nous avons pu faire est que la notion de légitimité interfère fréquemment dans l'interprétation et l'exécution des normes au Burkina Faso ces dernières années. La fragilité des institutions liée à la non solidité du système normatif facilitent cet état des choses. En rappel cette notion de légitimité avait fortement encourager, à juste titre une grande partie de la population qui s'était insurgée contre la modification de l'article 37 de la constitution en 2014.

Par la suite plusieurs décisions et textes ont été votés selon le rapport de force au profit des principaux acteurs du moment. Ce fut le cas de la dissolution du Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP),le cas de la validation de la loi "Shérif" malgré la réserve émise par la cour de justice de la CEDEAO,etc.

Il est alors certains que notre système normatif et nos institutions sont loin de la force nécessaire pour garantir une stabilité politique durable. En plus de cette instabilité le défit sécuritaire depuis 2016 a rendu difficile la gouvernance politique. Ce qui a largement contribué à l'avènement du MPSR au pouvoir par Coup d'État du 24 janvier 2022.

L'on constate encore une actualité juridique bouillante. En effet les principales institutions républicaines ayant été dissoutes par les acteurs du coup d'État,il fallait camoufler au sujet d'une base juridique sur laquelle fonder le nouveau pouvoir. D'où la création par le MPSR de l'Acte Fondamental contenant des dispositions à travers des Titres et des articles.

L'aspect rapport de force entrant en jeu, l'Acte Fondamental semble se superposer à la constitution et la rend implicitement subordonnée à l'acte fondamental en cas de contradiction. L'article 36 de l'acte fondamental stipule qu'"avant l'adoption d'une charte de transition,les dispositions du présent Acte fondamental fondent le pouvoir du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration."

Le même article précise dans son alinéa 2 que" dès sa signature, l'Acte Fondamental lève la suspension de la constitution du 2 Juin 1991 qui s'applique à l'exception des ses dispositions incompatibles avec le présent Acte."

 On perçoit clairement une situation qui affecte la supériorité de la constitution censée être au sommet de la hiérarchie des normes.On se pose alors la question de savoir s'il était nécessaire de lever la suspension de la constitution vu qu'elle ne pourra pas s'appliquer pleinement dans toutes ses dispositions.

L'impact des aspects de légitimité et de rapport de force est d'autant plus grand qu'il affecte par moment l'attitude des acteurs de la société en fonction de la conjoncture sociale. Par exemple le coup d'État du 24 janvier semble être bien accueilli par bon nombre de personnes,pas au nom de la légalité en tout cas!

Comme mentionné plus haut ces facteurs ne facilitent pas non plus la tâche des praticiens et des acteurs du droit et de la justice qui semblent s'adapter à la situation du moment au détriment des principes juridiques et légaux.

 En témoigne les décisions du Conseil Constitutionnel qui après avoir constater à juste titre la vacance de la Présidence du Faso par décision n° 2022-003/CC du 08 février 2022  a décidé de la dévolution des fonctions du Président du Faso au profit du L.C.P.H Damiba par décision n° 2022-004 de la même date.

Cette dernière décision sur la dévolution du pouvoir a suscité beaucoup de réactions chez les acteurs du Droit. En décidant ainsi le Conseil Constitutionnel n'a-t-il pas constitutionnalisé indirectement les coups d'État comme moyen d'accession au pouvoir ? Les sages du Conseil Constitutionnel ne pouvaient- ils pas se contenter de constater la vacance de pouvoir à la Présidence du Faso et de prendre acte de la situation actuelle en appellant à un retour rapide à l'ordre Constitutionnel? 

Une chose est certaine la conjoncture actuelle ne facilite pas les choses pour les autorités en charge de l'application du Droit. D'ailleurs au sujet des juridictions ,si l'article 33 de l'Acte Fondamental rappelle que" la justice est indépendante" dans l'alinéa 1, son alinéa 2 précise par contre que" les juridictions conservent leurs prérogatives en ce qu'elles n'ont rien de contraire au présent Acte". 

Est-ce à dire que les juridictions perdent leurs prérogatives en tout ce dont elles auront de contraire à l'acte fondamental, consacrant ainsi la suprématie de cet acte fondamental à la constitution ? En somme,au Burkina Faso le Droit et la légalité sont fortement impactés par la volonté politique des acteurs disposant d'un rapport de force favorable d'une part et d'autre part par des interprétations de la part de l'élite sur la base de la légitimité. Mais légitimité jusqu'à quand ? Puisque la pratique nous montre clairement qu'après avoir utilisé la notion de légitimité pour couvrir un pouvoir ou une situation conjoncturelle donnée,dans la gouvernance,les principaux acteurs finissent par s'éloigner des valeurs qui renvoient à cette légitimité.

Il est alors capital de réussir à se doter d'un arsenal juridique solide s'inscrivant dans la durée afin d'avoir un encrage important d'institutions fortes au Burkina Faso. Après quoi,il vaudra mieux s'attacher fortement aux principes afin d'éviter l'exploitation des différents systèmes de gestion de la société Burkinabè en fonction des rapports de force du moment.

Issouf SAGNON.

@sagnon_issouf.

Sagnon226.blogspot.com


mercredi 2 février 2022

LE CONSTAT AMER DES TROIS ÉCHECS

 Au Burkina Faso et presque partout en Afrique les évènements nous conduisent à faire un constat amer, celui d'un échec multidimensionnel. Pas dans le but de dévaloriser ou de sous-estimer les progrès déjà réalisés de part et d'autre. Mais plutôt dans l'espoir d'arriver à un lendemain meilleur dans les domaines essentiel de développement.

Nous pouvons alors déduire des difficultés de l'heure l'échec du peuple, l'échec de la classe politique et l'échec de l'élite dans son ensemble.


POURQUOI L'ÉCHEC DU PEUPLE ?


Ne dit-on pas que le pouvoir appartient au peuple ?

Ne dit ont pas que chaque peuple mérite ses dirigeants ?

Parce qu'il appartient à chaque peuple de déterminer le chemin à suivre,de déterminer qui doit diriger,de déterminer comment diriger,etc ,le tout pour le présent et pour les générations à venir.

Et pour y arriver il faudra d'abord prendre conscience que le peuple comprend toutes les personnes de toutes les composantes de la société dans son ensemble. Ensuite il faudra une synergie d'actions entre les catégories d'acteurs de la société dans la prise de conscience collective, dans la politique de la société de façon générale. Par exemple l'intellectuel est censé servir d'ambassadeur auprès du paysan illettré pour une amélioration des affaires courantes de la société. Et ce,en considération des droits et devoirs des citoyens. Cette synergie d'actions devrait être réelle entre tous les membres de la société de façon à combler les manques ça et là afin que chacun puisse contribuer activement et positivement à la construction de la société.

Malheureusement il se trouve que dans chaque catégorie,les membres du peuple ne s'occupent que de ce qui les intéressent,de façon égoïste. 

L'homme politique ne s'intéresse que de comment conquérir et conserver le pouvoir .

Le commerçant ne s'intéresse que de comment réaliser son profit dans ses affaires quotidiennes.

Le "petit bourgeois", fonctionnaire ou pas ,ne s'intéresse qu'à sa petite famille et à son compte bancaire.

Ainsi de suite, chacun semble se chercher de sorte que le facteur commun est ignoré jusqu'au jour où on se rende compte qu'il faut s'occuper de l'intérêt général sur tel ou tel plan.

 Cette démission de la majorité des acteurs dans l'engagement citoyen pour l'intérêt général laisse alors la lassitude à une minorité de s'occuper à ce qui intéresse tout le monde. Par exemple sur le plan politique cela fausse la donne dans la mesure où une minorité de la population élit le plus souvent le président qui est censé incarner les aspirations de tous ou de la grande majorité.

Il est parfois fréquent d'entendre dire que les hommes politiques manipulent et profite de l'ignorance du "bas peuple" que l'on qualifie de "mouton", justifiant ainsi l'échec de celui ci. Comme si le manque d'instruction est synonyme d'absence de valeurs ! Comme si la pauvreté est forcément synonyme d'absence de valeurs!

IL faut alors reconnaître que le peuple a échoué en Afrique et au Burkina Faso car depuis les indépendances les pays sont à la traîne. 

Le Burkina Faso y était presque après l'insurrection populaire en terme d'éveil de conscience. Mais le temps a prouvé l'inconsistance et l'incohérence du peuple dans son ensemble. Et ce , à tous les niveaux. 

Il est alors urgent que la synergie d'actions soit réelle pour une prise de conscience collective afin que chaque citoyen puisse participer activement et de façon constructive à l'édification de nos pays.


POURQUOI L'ÉCHEC DE LA CLASSE POLITIQUE ?


Parce que c'est elle qui regroupe le mieux les décideurs et les responsables dans les domaines les plus importants du développement et dans les institutions les plus importantes. Il appartient donc à la classe politique de trouver les meilleures formules pour le bien être de tous dans la société. Pour y arriver le peuple et les intérêts du peuple devraient être au centre des préoccupations au niveau des dirigeants. 

Le constat est que ce n'est pas le cas. L'objectif de la classe politique est clairement résumé à comment obtenir et conserver le pouvoir politique. D'où cet échec. Parce que les politiques et les systèmes dans les différents domaines ne sont pas adaptés aux besoins des populations mais plutôt aux besoins politiques des hommes politiques. 

Voilà pourquoi les systèmes éducatifs ne sont pas adaptés aux réalités de l'emploi car cela demandera une vision et une volonté dans le long terme au moment où les hommes politiques pensent aux prochaines élections ;

Voilà pourquoi les systèmes sécuritaires n'ont jamais été adaptés à la protection des populations au moment où ils ont été façonnés pour la protection de tel ou tel régime ;

Et j'en passe...

Là également il est urgent que les futurs dirigeants sachent qu'il est temps d'apprendre à être des leaders et des hommes d'État qui auront de façon permanente à l'esprit la satisfaction des besoins réels des populations,et donc devront avoir au centre de leurs  préoccupations la satisfaction des intérêts généraux en lieu et place des intérêts égoïstes. Ils devront apprendre à penser aux générations futures au moment où il faudra régler les problèmes de l'heure. D'où la nécessité de faire preuve d'anticipation, d'intelligence,de responsabilité, d'intégrer les valeurs et les principes légaux dans les actes de tous les jours.


POURQUOI L'ÉCHEC DE L'ÉLITE ?


Pour son incapacité à impacter positivement non seulement sur la qualité de la gouvernance mais aussi sur la qualité de l'éveil des consciences. La minorité qui arrive à  y jouer sa partition n'y arrivera jamais seule. Parce que l"élite dans son ensemble a trahi son peuple" comme le dira le Pr Laurent BADO. En effet il est fréquent de voir des intellectuels mettre leurs compétences,leur intelligence au profit d'un régime,d'une classe politique en lieu et place du profit des populations.

 Pour profiter des avantages du pouvoir des juristes ont eu à orienter des interprétations textuelles aux profits des hommes politiques et non au profit de l'intérêt général ;

Pour les mêmes raisons des économistes ont cautionné des prises de décisions sur l'économie nationale dans le sens des objectifs politiques à atteindre et non dans le sens de la satisfaction des besoins populaires.

De la même façon des leaders d'organisation de la société civile ont troqué leurs convictions et les règles de la morale avec des avantages politiques soit en manifestant activement leur soutien à telle ou telle famille politique au moment où leur rôle essentiel était d'assurer la veille, soit en adoptant une posture de silence complice sur des questions essentielles au moment où leur avis éclairé serait le bienvenu.

Et j'en passe...

Ces cas sont fréquents au Burkina Faso et ailleurs en Afrique. L'ensemble de ces échecs justifie suffisamment les difficultés existantes et l'ampleur des défis à relever. Il faut donc impérativement que l'élite également se mette au service de son peuple d'autant plus que c'est le peuple qui supporte le coût de sa formation scolaire et académique. Elle doit aussi incarner des valeurs, promouvoir l'engagement par convictions et participer franchement à l'éveil des consciences populaires.


Issouf SAGNON

dimanche 30 janvier 2022

NOMADISME POLITIQUE,ON EN PARLE TOUJOURS 🇧🇫

 S'il y a un phénomène qui impacte peu honorablement sur le domaine politique au Burkina Faso c'est bien la migration politique,le nomadisme politique entre différentes formations politiques.

L'animation de la vie politique est assurée essentiellement par les partis politiques en conformité avec la charte des partis politiques adoptée par la loi du 28 novembre 2001. 

Cette animation est également encadrée juridiquement par des dispositions de la constitution,du code électoral et parfois par la jurisprudence à travers les cours de juridictions notamment le conseil d'État.

Malgré cet arsenal juridique le milieu politique est loin de présenter un visage reluisant d'autant plus que les hommes qui l'animent sont loin de la perfection. Il y a une vingtaine d'années le Dr Arsène Bognessan Yé ne pensait certainement pas si bien le dire, lorsqu'il affirmait que la morale a foutu le camp. 

En effet il est fréquent de voir des militants de partis politiques fouler au pieds les règles de bienséance en monayant leurs convictions politiques au profit de formations politiques autres que leur parti d'origine. 

Ce nomadisme se concrétise le plus souvent par des démissions au profit d'un parti politique selon les meilleurs opportunités offertes. Il se pose bien sûr le problème de conviction et d'idéologie censées guider les Hommes politiques au moment de leur engagement. 

Pour tenter de lutter contre ce nomadisme politique la constitution en son article 85 précise que "tout mandat impératif est nul". Avant de préciser par le même article qu'en cas de démission par un député de son parti ou formation d'origine,il est déchu de son mandat. Il en est de même que l'indépendant lorsqu'il perd son statut au profit d'un parti ou formation politique. "Il est procédé à son remplacement conformément à la loi".

Le code électoral également en son article 238 s'inscrit dans la même logique et prescrit le remplacement des élus démissionnaires de façon officielle. Cependant ces sources juridiques ne prévoient pas clairement tous les détails. Qu'en est-il par exemple des démissions officieuses ? Et que dire des situations conjoncturelles pouvant entraîner un bouleversement au sein des partis et formations politiques ?

En fait il est possible de constater qu'en cours de mandats,des élus adoptent des attitudes ne s'inscrivant pas dans les lignes de conduite de leur formation d'origine,sans pour autant démissionner officiellement. C'est d'ailleurs ce genre de situations qui ont poussé le ministère de l'administration territoriale en charge de la vie politique à adresser une correspondance au Conseil d'État le 03 Décembre 2020 afin d'obtenir son avis. On se rappelle que la haute juridiction administrative avait rappeler la possibilité de remplacement par le suppléant de l'élu démissionnaire avant de préciser qu'il appartient aux partis politiques de veiller à inviter l'élu qui viendrait à rompre le"contrat moral" qui le liait à son parti ou formation politique d'origine,de présenter sa démission de façon officielle afin d'en tirer toutes les conséquences y relatives.

La pratique nous fait constater également des retournements spectaculaires de "vestes" dès lors qu'une situation conjoncturelle se présente sur le plan politique avec un avenir sombre en termes d'opportunités. Ce fut le cas en 2015 après l'insurrection populaire au Burkina Faso où l'ex majorité s'est explosée à travers des démissions en cascades au profit du nouveau pouvoir. Ce sera certainement le cas avec la chute du régime Kaboré et du MPP par le coup d'État du 24 janvier 2022.

Il urge alors de revoir une fois de plus la législation en la matière afin de mettre fin ou de minimiser au maximum ces migrations politiques qui le plus souvent ne se justifient par aucune conviction ou idéologie politique.Pourquoi pas adopter une législation contraignant les partis et formations politiques à ne se constituer qu'autour de deux blocs idéologiques comme c'est le cas aux États Unis d'Amérique ? De façon à ce que dès sa création tout parti ou formation politique s'inscrive forcément sur le registre de tel ou tel bloc idéologique, quit à passer par des élections primaires pour une éventuelle désignation de candidats aux différents postes électifs ?

Les nouvelles autorités sont alors interpellées. Dans tous les cas il faudra que les hommes politiques et les acteurs de la société burkinabè dans leur ensemble s'efforcent à incarner des valeurs,des idéologies afin d'espérer une meilleure moralisation de la vie politique dans notre pays.


Issouf SAGNON

mardi 25 janvier 2022

COUP D'ÉTAT AU BURKINA FASO , QUELLE LECTURE ?🇧🇫

 Comme au Mali la situation politico- sécuritaire a fini par conduire vers une situation d'exception. Un coup d'État restera toujours un moyen exceptionnel d'arriver au pouvoir,loin des modes d'acquisition et de gestion réglementaires. Et tout bon démocrate ne devrait pas s'en réjouir. Tant que nos textes resteront en l'état, tout coup d'État doit être condamné.

Mais lorsque vous vous retrouvez déjà dans la situation d'exception, que faire ? À cette question nous pensons qu'il faut évaluer les causes et envisager les meilleures perspectives possibles.


POURQUOI UN COUP D'ÉTAT ?


De prime abord l'incapacité des dirigeants à trouver des réponses appropriées au problème sécuritaire est la principale raison (qui ne justifie pas pleinement un coup d'État). 

En clair,sur le plan sécuritaire aucune stratégie adéquate n'a pu être trouvée pour jubiler la crise. Il faut dire que depuis la transition de 2015 et la dissolution du Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP) le système sécuritaire a été bouleversé et ne répondait plus aux impératifs sécuritaires. Surtout qu'à l'époque la stabilité apparente du pays n'était pas forcément liée à la fiabilité d'un système de défense et de sécurité mais beaucoup plus à une gestion axée sur des compromis.

Comment le régime Kaboré pouvait-il trouvé la solution efficace si dès les premières attaques terroristes l'on a préféré soupçonner le régime sortant, plutôt que de prendre la situation au sérieux ? Par la suite s'en est suivi un changement de gouvernements et de personnes de façon conjoncturelle sans pour autant arriver à mettre en place une stratégie structurelle efficace.

Parce qu'en réalité les résultats prouvent un échec en matière de sécurité. Du nombre de morts de personnes civiles et de forces de défense et de sécurité à la mauvaise gestion des crises par la hiérarchie militaire en passant par le nombre de personnes déplacées internes on a pu découvrir l'incapacité à trouver des réponses adaptées.

Pire encore le mensonge,la corruption et le manque de leadership ont été constatés dans la gestion de la crise sécuritaire. Comment avoir l'adhésion populaire pour la lutte après la gestion des cas de Solhan,d'Inatan ou d'acquisition d' hélicoptères  avec à chaque fois des révélations troublantes ?

Le comble fut donc de constater la déception des populations de tout bord politique et social. Comme si cela ne suffisait pas une sorte de restriction de liberté a été constatée à travers les coupures intempestives d'internet et les arrestations fréquentes des leaders des manifestations après les interdictions de manifester difficilement justifiables et objectives.

Dans d'autres secteurs comme la justice, l'exemple était loin d'être donné. Les dossiers emblématiques, d'envergure politique jugés et en cours de jugement ne suffisent pas pour convaincre. Parce qu'après plusieurs révélations et enquêtes d'organes de lutte contre la corruption,l'initiative a rarement été prise d'inquiéter des personnes en raison de leur proximité d'avec le pouvoir politique.

Sur le plan de la gouvernance,il a été fréquemment constaté un manque d'humilité et de leadership notamment sur certains responsables ministériels qui n'ont pas su réunir leur personnel autour d'un même idéal.

Du coup un ensemble de conditions semblaient réunies d'autant plus que sur le plan sécuritaire les forces de défense et de sécurité sont les principales victimes du terrorisme avec les populations locales. Surtout la franche jeune de ces FDS . D'où, certainement l'option, pour eux,de passer par la force pour tenter de susciter un nouvel espoir. Le coup d'État étant déjà fait, quelle conduite pour la suite ?


COUP D'ÉTAT,ET APRÈS ?


Après il faut d'abord se souvenir qu'il s'agit d'une situation exceptionnelle. Donc il faudrait envisager un retour à la normale avec un calendrier et un timing raisonnable afin de minimiser les conséquences vis à vis des organisations régionales et internationales. Mais aussi afin d'être cohérent avec les principes démocratiques et de bonne gouvernance.

Ensuite il faudra avoir en tête qu'une transition politique demeure la meilleure opportunité de mieux refaire,de fonder les bases du renouveau. Pour y arriver il faudra tirer des leçons du passé et éviter les erreurs commises par la transition politique antérieure. Notamment éviter le piège d'une vengeance sous une quelconque forme. Parce que les intérêts de la nation doivent restées au-dessus des différends personnels et politiques. Il urge donc de pouvoir dominer ses émotions et faire les choses sur la base des principes et non sur la base de préjugés et de désirs quelconques.

Par ailleurs il faut aussi éviter le piège du populisme et se rendre compte que la meilleure des façons d'enclencher une nouvelle dynamique positive est de passer par les actes et non par les slogans du genre"plus rien ne sera comme avant" alors que dans les actes nous réunissons les conditions pour que tout soit pire qu'avant.

En tout état de cause et dans tous les cas,il faudra s'appuyer sur des principes, des valeurs et les aspirations populaires pour fonder les bases d'un nouveau Burkina Faso sur les plans politique, sécuritaire et de la bonne gouvernance.


Issouf SAGNON


vendredi 21 janvier 2022

COMMENT ASSAINIR LE DÉBAT PUBLIC SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX ?

 Les réseaux sociaux sont devenus un véritable espace public dans nos pays respectifs. Mieux ils mobilisent les personnes d'origines,de classes,de confessions,de générations diverses. Cette variété de la population de la toile devait à priori être un avantage dans ce sens que l'opportunité est bien offerte pour apprendre,se distraire,se cultiver,etc ,en profitant de la diversité. Cependant un défi sérieux se dresse, celui de l'assainissement du débat public sur ces réseaux.

En réalité la haine et le mépris sont également véhiculés sur ces canaux d'expression. D'où la nécessité d'adopter certains comportements pratiques et psychologiques.

QUE FAIRE DONC ?

✍️: Issouf SAGNON



D'abord il faut avoir constamment à l'esprit que l'on représente sa famille et son appartenance d'origine (sociale, professionnelle, religieuse) sur les réseaux sociaux. Du coup quelle image voulez-vous laisser apparaître de vos origines diverses sur la toile à travers vos propos ? Quelle qualité d'éducation voulez-vous laisser voir ? Quelle version de votre personnalité voulez-vous laisser entrevoir ?

Ensuite il faut se dire que la liberté d'expression est valable pour tous dans les mêmes conditions légales. Et que cela est encore mieux dans la considération et le respect d'autrui.

Il faut également avoir à l'idée que vous pouvez être rattrapés par vos propres mots sur les réseaux à la suite d'une plainte judiciaire pour diffamation, pour propos injurieux,etc selon la teneur de vos paroles à l'encontre des tiers ou des autorités.

Dans le pire des cas ne vaut t-il pas mieux de sélectionner davantage ses amis et correspondants afin d'éviter l'expression de la haine et de la violence verbale ?

Dans tous les cas chaque internaute devra faire preuve de responsabilité, devra supporter la contradiction saine et éviter le piège de l'orgueil,de la haine,et de la pensée unique, de la violence verbale, ceci pour permettre à la population de la toile de mieux profiter de l'union dans la diversité. Ceci également pour mieux préserver la cohésion sociale autour de nous.☑️




mardi 18 janvier 2022

LES PIÈGES À ÉVITER PAR LA JEUNESSE AFRICAINE

 Il est clair qu'en Afrique la jeunesse de la population constitue un avantage pour les différents pays. Cependant nous avons recensé quelques difficultés qui rendent moins productive la jeunesse du continent.

✍️: Issouf SAGNON




QUELS SONT LES PIÈGES À ÉVITER PAR LA JEUNESSE AFRICAINE ?

En premier lieu il y a le piège de l'école.

En effet il faudra éviter de croire que l'école est un moyen sûr d'obtenir un emploi. D'autant plus que les pays sont incapables de créer des emplois proportionnellement au nombre de jeunes issus des systèmes scolaires. Parce qu'en réalité,et c'est connu de tous,ces systèmes sont en déphasage avec les réalités de l'emploi.

Mieux,il faudra cultiver l'esprit d'entrepreneuriat et ce sans complexe par rapport aux domaines d'activités les plus porteurs comme l'agriculture,la restauration ,les réseaux et communication et bien d'autres activités artisanales . De quoi conforter  dans sa position vis à vis de l'école le coach Simon Ouedraogo qui ne cesse d'encourager la formation et l'entrepreneuriat !

Le deuxième piège qui impacte déjà négativement sur la jeunesse dans nos pays est celui du suivisme!

Cela a l'air d'un détail inutile, mais cache plusieurs défauts sur les jeunes. Faire preuve de suivisme implique le plus souvent que l'on soit incapable d'apporter un jugement de valeur, que l'on soit dépourvu d'esprit critique et de presque tout prendre "argent comptant" comme analyse issue de telle ou telle personne à cause de sa renommée; comme point de vue issu de tel ou tel intellectuel à cause de son niveau ou de son origine; comme position issue de telle ou telle personnalité à cause d'une quelconque appartenance (politique , diaspora,etc)

Tout semble-t-il porter à croire qu'être jeune n'est pas suffisant pour avoir une argumentation juste et cohérente dans le débat public ? La réponse est non, puisque l'histoire nous enseigne sur des leaders charismatiques qui en dépit de leur jeunesse ont réussi à s'imposer à travers leurs opinions et leur leadership. Le capitaine Thomas Sankara est un exemple dans ce sens. Aujourd'hui encore de nombreux jeunes font leurs preuves dans divers domaines d'activités.

Tout semble t-il porter à croire que l'on a systématiquement raison selon l'âge (avancé),la renommée,le niveau intellectuel,etc? Là également la réponse est non puisqu'en Afrique depuis l'accession formelle aux indépendances ,les anciennes générations n'ont cessé d'accumuler des erreurs sur les plans politique et économique au sein de nos différents pays .

Par ailleurs l'élite dans son ensemble ne mène pas toujours un combat répondant aux aspirations des populations dont la marge de manœuvre est moindre en termes d'expression et de décisions . À tel point que certains intellectuels comme le Pr Laurent Bado, professeur de Droit à l'université Ouaga II à l'époque, pense que l'élite a trahi son peuple en Afrique et au Burkina Faso .

D'où la nécessité pour la jeunesse d'apprendre à se responsabiliser, à se faire confiance et à répondre beaucoup plus présent dans le débat public et dans les forums de développement. Pour cela il faudra s'instruire davantage,se cultiver davantage et avoir un degré très élevé d'engagement citoyen.

Le troisième piège qui n'a l'air de rien également,du moins dans son apparence est celui du populisme.

Le populisme est un excellent moyen de mobilisation selon les circonstances . Il est inhérent à une forte mobilisation des foules sans pour autant que les mobilisations autour d'une situation donnée puissent se fonder sur des critères ou des principes objectifs déterminés . Pour échapper à l'effet du populisme il faut être en mesure de se mettre au dessus de la mêlée afin de faire l'analyse de la situation donnée sur des bases juridiques,morales afin de cerner les notions de légalité et de légitimité.

 Ainsi il est impérieux de se servir des référentiels objectifs et solides pour apprécier un acte, un discours, une prise de position, peu importe l'auteur. L'acte ou l'opinion est-il conforme à la loi ? A la morale religieuse ? A la règle coutumière ? Au principe de vérité ? Sinon comment réussir une remise en cause objective en se servant tantôt du droit positif ou religieux, tantôt de la coutume ? Tel reste un défi pour la jeunesse, dans un continent en pleine métamorphose où toute sorte de manipulation reste la bienvenue pour parvenir à des fins personnelles ou corporatives.

La jeunesse africaine devrait alors éviter de tomber dans ce piège,de même que  dans ceux susmentionnés afin de mieux faire face aux autres défis que sont entre autres celui de l'emploi et de la mondialisation . 




samedi 15 janvier 2022

MALI: MOBILISATION ET APRÈS ?

 La situation du Mali continue de faire couler beaucoup d'encre. On se rappelle que la CEDEAO avait entériné une série de sanctions contre le pays .

Le sentiment d'injustice créé par ces sanctions à l'encontre du peuple malien a suscité un élan de solidarité et à renforcer la grande mobilisation qui a eu lieu ce vendredi 14 janvier à Bamako. Surtout que pour faire face à la crise sécuritaire Goïta et ses camarades pensent mieux faire de se débarrasser de la France au profit des mercenaires russe! De quoi profiter aisément du soutien des panafricaniste anti-français, malgré même que le pouvoir de la transition soir issu d'un coup d'État !


Après une telle mobilisation que conclure ? Est elle suffisante pour légitimer le coup d'État antérieur ?

Est-elle suffisante pour faire annuler ou revoir à la baisse les sanctions de la CEDEAO ?

Est-elle suffisante pour faire cas d'école pour la suite en Afrique sans le risque d'encourager d'éventuels coups de forces ?

Est-elle suffisante pour convaincre certains partenaires notamment l'Algérie ou l'ONU qui privilégient le retour à un ordre constitutionnel ou un calendrier clair et raisonnable allant dans ce sens ?

Quelle sera la réaction des panafricanistes et de l'élite au prochain coup de force qui suscitera les mêmes types de sanctions ?

Le risque de créer un précédent grave en Afrique existe.Une chose est sûre, aucune de ces questions n'a de réponse évidente pouvant faire l'unanimité.

 Nous pensons qu'il faudrait dans tous les cas , revenir plus vite aux principes , à la légalité et à certaines valeurs qui sont les principaux gages d'une bonne gouvernance en Afrique.


Issouf SAGNON.

mercredi 12 janvier 2022

L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE EN MOUVEMENT !


DU CONTEXTE :

À l'image du monde entier le continent Africain est en plein mouvement. L'aspect le plus remarquable sur le continent est relatif à la sécurité.En effet après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 les systèmes sécuritaires de nombreux pays, notamment ceux du Sahel ont été mis à mal. Les attaques d'hommes armés non identifiés se sont multipliés surtout ces dernières années au Burkina Faso, au Mali. Cette situation ne laisse pas indifférent les différents partenaires internationaux de l'Afrique. D'où l'idée de soutien à travers diverses opérations comme l'opération Serval, Barkhane,G-5 Sahel, etc. 

Malgré tous ces efforts nationaux et internationaux l'insécurité reigne toujours dans ces parties du continent. Au point où un sentiment anti-occidental , voir anti-français est né! Parce que selon une grande partie de la jeunesse africaine surtout, les puissances étrangères ne seraient pas étrangères à ce qui arrive dans les pays atteints d'insécurité au Sahel.


DU CAS MALIEN :

Le cas ressent et qui fait couler beaucoup d'encre est celui malien. Face à l'incapacité du régime d'Ibrahim Boubacar Keita à trouver des solutions idoines contre l'insécurité,les militaires, avec Assimi Goïta à leur tête ont fini par opérer un coup d'état. Contre les velléités des militaires de mener une transition d'une durée pouvant aller jusqu'à cinq ans,la CEDEAO a adopté une série de sanctions à l'encontre du Mali. En rappel,il y a entre autres le gel des avoirs maliens, la fermeture des frontières des états membres et le rappel d'ambassadeurs.Ces sanctions divisent l'opinion nationale et même internationale! 

Certains sont prêts à fouler au pied les principes démocratiques et donc soutenir les "puchistes" dans un élan nationaliste, panafricaniste, dans l'espoir de pouvoir se débarrasser du poid d'une puissance qui est la France avec qui la coopération semble infructueuse,afin de tendre vers une véritable indépendance. 

Mais vers quelle véritable indépendance s'il faut confier la sécurité d'une nation,du moins en grande partie, à une autre puissance, fusse t-elle la Russie?

La Russie est-elle une puissance du genre bon" samaritain" ? Économiquement que vaut une coopération avec la Russie et le groupe Wagner avec le Mali ? On se rappelle en effet que la "junte" au pouvoir est depuis le départ dans une logique de changement de partenaires visiblement au profit des russes!

Pour d'autres au Mali et en Afrique,il faut revenir au plus vite dans le schema démocratique. Pour eux la junte doit œuvrer pour une transition rapide et pour un retour à l'ordre constitutionnel. Dans un communiqué, l'État Algérien s'inscrit dans cette logique en soulignant la nécessité d'aller vers l'ordre constitutionnel courant 2022.

À l'international les puissances du conseil de sécurité de l'ONU sont également divisées. La Chine et la Russie n'accordent pas leur approbation sur les sanctions édictées par la CEDEAO. Par contre,la France,la Grande Bretagne et les Etats Unis sont contre une transition de cinq ans.

Nous pensons qu'il faudrait aller au-delà de la passion panafricaniste et savoir raison gardée. Il est vrai qu'il faut un changement mais il faut qu'en Afrique on adopte pour toujours les modalités consensuelles de changement ! Les modes exceptionnels de changements ne sauraient être utilisés pour légitimer un pouvoir quelconque sans conséquences d'autant plus que chaque pays appartient à une Union (De l'UEMOA à l'ONU en passant par la CEDEAO et l'Union Africaine) donnée avec des textes en matière de démocratie et de bonne gouvernance ! 

Ne faudrait t-il pas pour la "junte" malienne, revoir à la baisse ses ambitions de pouvoir ?N'Y-a-t-il pas une possibilité pour des personnes ressources maliennes d'organiser une transition politique pour un retour rapide à l'ordre constitutionnel ?Dans un tel cas,Assimi Goïta ne pourrait-il pas se présenter à l'issue de ladite transition aux élections ?L'élite malienne,la jeunesse malienne et toutes les forces vives du Mali sont interpellées pour prendre en main la destinée du pays.


Par ailleurs toute l'Afrique est interpellée notamment sa jeunesse et ses leaders. Il est plus que jamais nécessaire d'occuper les espaces de débat public dans un élan d'engagement citoyen afin de contribuer à la reconstruction de nos différents pays.

 Au préalable on pourrait penser que la démocratie à l'occidentale n'est plus indispensable pour le continent, mais force est de constater que les difficultés existantes sont le fait des hommes et non celui de la démocratie. En clair le problème est beaucoup plus lié à la qualité des hommes plutôt qu'à la qualité des principes démocratiques. En dehors du model démocratique,quel autre model politique conviendrait mieux à long terme en Afrique, au regard de certains facteurs notamment culturels, ethniques ou religieux qui ne font jamais l'unanimité en Afrique alors même qu'ils influent sur nos processus politiques ?

Une chose est certaine le continent se trouve en ébullition si en plus de la question sécuritaire qui est entre autres causes d'instabilités politiques,on ajoute la crise sanitaire et économique ! Il est clair que si l'Afrique parvenait à contenir ces difficultés par le leadership de ses dirigeants le continent serait une puissance redoutable aux yeux du monde entier,au vue de l'éveil des consciences populaires à la base.


Issouf SAGNON.

samedi 8 janvier 2022

ANALYSE DE LA DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRAL DU PREMIER MINISTRE LASSINA ZERBO

Au vue de la situation sécuritaire dégradante le président du Faso a procédé à de nombreux changements.

Un "gouvernement de combat " a été formé avec à sa tête Lassina Zerbo. Conformément à l'article 63 de la constitution celui-ci a fait une déclaration de politique générale devant l'Assemblée Nationale le 07 janvier 2022, à l'issue de laquelle il a été officiellement investi.


QUELLE LECTURE POUVONS-NOUS FAIRE DE CETTE DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE ?


Dans la forme il s'agit d'un document de 27 pages élaboré autour du slogan"seul le prononcé fait foi". Le document est vraiment élaboré en tenant compte de la situation d'exposé oral. Il n' y a donc pas eu de rigueur en ce qui concerne un plan détaillé dans la forme qui puisse permettre de maîtriser aisément le contenu.

Cependant,la déclaration s'articule essentiellement autour de quatre axes considérés comme des nouvelles priorités,vue le "changement de paradigmes" prôné par le président du Faso Rock Marc Christian Kaboré.

Ces piliers ou axes évoqués sont :

- le retour de la paix,de la sécurité et la consolidation de la résilience ;

- le retour des personnes déplacées internes dans leurs localités d'origine ;

- la réconciliation nationale ;

- la lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite.


Des heures durant, Lassina Zerbo a ainsi déroulé une déclaration empreinte d'optimisme et d'espoir puisque selon lui,"notre nation sera plus forte, plus unie et verra ses habitants vivre d'autant plus en harmonie et dans la cohésion que nous aurons parachevé la marche entamée vers la réconciliation nationale."

La réconciliation nationale puisqu'on en parle, fait partie des nouvelles priorités dégagées ci-dessus. Il est annoncé d'ailleurs la tenue du forum national de la réconciliation nationale courant premier trimestre de l'année 2022.

Dans la pratique comment arriver à une véritable réconciliation nationale?

Nous pensons qu'elle passe par une vérité absolue et par une justice sans complaisance. Et une justice sans complaisance demande forcément de sanctionner tout coupable sans considération de bord politique,sans considération de statut social.

À défaut d'avoir le courage et les moyens d'établir la vérité et la véritable justice,ne faut-il pas envisager l'option d'une amnistie générale comme le pensent déjà certains analystes politiques ?

 La question mérite alors une réflexion approfondie par les différents acteurs. L'opportunité semble belle dans la mesure où l'opposition politique semble baisser le ton et a même levé la suspension de sa participation aux instances de discussion.


Sur la première priorité citée l'enseignement retenu de la déclaration est que des instruments sont en cours de fonctionnement pour le retour de la paix et de la sécurité. 

L'on se souvient que le ton avait été donné par le président du Faso à travers le renouvellement des ressources humaines en matière de sécurité. Dans cette dynamique le premier ministre entend poursuivre à travers, entre autres,"l'action de renforcement de la résilience des populations de l'axe Djibo-Pobé-Mengao" qui nécessitera 20 milliards et 447 millions ; les instruments tels que la stratégie nationale de la cohésion sociale (SNCS),la stratégie nationale de la prévention de l'extrémisme violent(SNPREV) sont mis à contribution à coût de milliards.

IL est alors indispensable que le professionnalisme et la responsabilité soient de mise à tous les niveaux de la chaîne afin que ces milliards utilisés puissent permettre d'atteindre les résultats escomptés en matière de sécurité et de consolidation de la résilience.


Par ailleurs le retour de la sécurité et de la paix aura logiquement pour conséquence le retour des personnes déplacées internes. Leur retour dans les localités d'origine constitue une priorité selon la déclaration. Nous pensons que ce pilier est fortement lié à la première priorité citée et que le retour des déplacés devra logiquement suivre une fois que la sécurité sera rétablie.

Mais en attendant,il faudra continuer à assister ces personnes(et la contribution de tous est vivement souhaitée ) qui ne font que subir les conséquences de l'échec de la classe politique de ces dernières années sur le plan sécuritaire.


L'autre priorité contenue dans la déclaration de politique générale est la lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite. 

Là encore il s'agira de faire preuve de courage afin d'y arriver. Il faudra alors démanteler tout un système bâti depuis des années. Et la meilleure façon de commencer serait de donner l'exemple au sommet de l'État et au niveau de tous les postes de responsabilité au sein de l'administration publique. Écarter des postes de responsabilité les personnes fortement soupçonnées en attendant leur culpabilité ou leur innocence, s'occuper franchement des dossiers évoqués par les structures de contrôle, mettre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut, sont là autant d'actes qui pourraient témoigner de la bonne volonté du gouvernement à lutter efficacement contre la corruption et l'enrichissement illicite.

N'est-ce-pas pas dans cette optique que Lassina Zerbo reconnaît qu'il faudra doter  l'ALCE-LC et la justice de moyens adéquats dans cette lutte ?

Malgré la redéfinition des priorités, des thèmes comme la santé, l'éducation ou la réduction du train de vie de l'État ont été évoqués. 

Sur l'éducation par exemple le premier ministre rappelle que l'objectif du gouvernement est " d'accroître l'offre et la qualité de l'éducation tout en œuvrant à la mettre en phase avec les besoins de la transformation de l'économie".

Dans tous les cas,un aspect capital mais fréquemment négligé par les dirigeants,est celui de la mise en valeur et de la motivation des ressources humaines dans tous les domaines. 

La motivation n'est pas d'abord matérielle mais tient aussi à l'importance, à la considération, à la place qu'il faut, à la confiance accordées aux personnels de tous les secteurs. Ce sont ces valeurs qui pourraient pousser les différents responsables à mettre à la disposition des forces de défense et de sécurité,des enseignants,des agents de santé,etc tous les moyens nécessaires pour le bon fonctionnement de tout service d'intérêt général.

Quel respect et quelle considération avons nous pour des FDS s'ils doivent combattre à mort dans la faim et le manque du nécessaire ?

Quel respect et quelle considération a un ministre de l'éducation vis à vis de son personnel s'il faut le vilipender devant la représentation nationale ?


Il ressort clairement qu'au-delà des mots et des discours issus de la déclaration de politique générale du premier ministre ou antérieurement des autres membres de l'exécutif,c'est au pied du mur, comme d'habitude que le gouvernement tout entier sera jugé.

Il faudra alors imposer le changement de paradigmes au sommet de l'Etat, revoir l'attitude et le discours des ministres conformément à la logique de réconciliation, poursuivre la sensibilisation pour un combat sein d'idées au sein de l'opinion publique afin d'espérer retrouver un Burkina Faso meilleur.


Issouf SAGNON.

@sagnon_issouf 

LES PARENTS D'ÉLÈVES ET LA RENTRÉE DES CLASSES

  C'est la reprise des cours au Burkina Faso et dans bien d'autres pays. Intéressons-nous à l'implication des parents d'élèv...