Membres

dimanche 27 novembre 2022

Comment mieux percevoir la notion l'éducation dans nos pays ?

 Au Burkina Faso l'historien Joseph KI-ZERBO titrait,"Éduquer ou périr". Cette affirmation traduit parfaitement l'idée selon laquelle l'éducation est le socle de tout développement dans un quelconque pays.

Reste à savoir comment percevoir pleinement la notion d'éducation ? Quels sont les principaux acteurs devant fournir une bonne éducation ?

✍️: Issouf SAGNON, Éducateur Burkina Faso.

📷: Images d'illustration.


La notion d'éducation doit être comprise de façon générale au-delà du système éducatif et scolaire offert par les Etats. Ainsi compris,on peut évoquer l'éducation selon les trois niveaux suivants.

La première dimension concerne l'éducation familiale. Elle est la plus capitale. On doit y inculquer des valeurs, notamment religieuses, culturelles,de justice,de solidarité,de pardon,de tolérance,etc au profit des enfants dans chaque famille. Et veiller à ce que ces valeurs soient appliquer dans les actes quotidiens en famille. La qualité de l'éducation offerte en famille aura une influence sur les deux autres niveaux suivants de la notion d'éducation. Autant dire que les parents,la famille sont les premiers acteurs censés offrir l'éducation de base.

La deuxième dimension de compréhension sur la notion d'éducation concerne le système scolaire et académique offert officiellement. Comme mentionné ci-dessus, l'éducation au niveau familiale influence en bien ou en mal sur le système éducatif, notamment sur la mission des éducateurs. Il faut rappeler ici que l'on parle de système,et donc composé de plusieurs maillons. Les principaux maillons ici sont les apprenants,les éducateurs et les parents d'élèves. Autant dire que chaque acteur doit jouer parfaitement son rôle dans le système afin d'obtenir une éducation performante et qualitative. Les principaux acteurs fournisseurs d'éducation à ce niveau sont l'État qui la fournit sous forme d'instruction, ainsi que les parents qui y continuent également. 

La troisième dimension de l'éducation se rapporte au civisme dans la société de façon générale.Là également la qualité de l'éducation offerte en famille et à travers les systèmes scolaires ont un impact sur le degré de civisme sur la société. Il est clair trouver des voies et moyens pour véhiculer l'éducation civique et morale devient une nécessité afin d'obtenir des citoyens beaucoup plus civique. La société entière demeure l'acteur devant offrir cette éducation à travers plusieurs canaux. Systèmes politiques,lieux de cultes, autorités coutumières et culturelles, artistes,etc sont autant d'acteurs de la société qui doivent se réinventer afin d'impacter positivement sur la qualité du civisme de façon générale.

L'on s'accorde alors que la notion d'éducation va au-delà de l'école et de dire avec Victor Hugo que la famille demeure le lieu le mieux indiqué pour octroyer une éducation de base qualitative. Ensuite interviennent les autres acteurs tantôt pour apporter l'instruction nécessaire, tantôt pour transmettre les valeurs,les pratiques sociales et culturelles adéquates.Il faut admettre qu'en Afrique,avoir une meilleure politique institutionnelle,une gouvernance vertueuse et un retour vers des valeurs cardinales serait un atout majeur.

lundi 14 novembre 2022

Burkina Faso,le président du Faso sans "langue de bois "

 À peine les différents organes de la transition reconstitués après le second coup d'État,le président du Faso Ibrahim TRAORÉ est mis face à la réalité du terrain. C'est aussi l'occasion pour lui de s'entretenir avec les différents acteurs de la société burkinabè. L'entretien le plus marquant fut sans doute celui diffusé sur les antennes de la radio télévision du Burkina Faso le 13 novembre dernier, avec les acteurs de la société civile et des partis politiques.

✍️: Issouf SAGNON

📷: Image d'illustration.(Couleurs du Burkina Faso)



Face aux représentants des partis politiques et de la société civile le discours du président du Faso semble être tout d'abord un diagnostic. La remarque est que c'est la première fois depuis le début de la crise sécuritaire, qu'un Chef d'État dresse un diagnostic réaliste sur la base des facteurs endogènes (entre autres) qui expliquent aisément l'avènement et la propagation du terrorisme.

"Tout n'est pas terrorisme", reconnaît-il avant de mettre à nu les insuffisances de la gouvernance notamment dans les projets de développement au profit des différentes régions du pays. Force est de reconnaître que depuis de nombreuses années des localités du Nord,du Sahel de l'Est et de l'Ouest du pays sont insuffisamment impliquées dans les programmes de développement. Autant dire que des populations de ces régions se sont senties délaissées depuis un bon moment.

L'autre aspect du diagnostic porte sur le degré de solidarité et d'insouciance des burkinabè dans leur ensemble vis à vis des populations et zones touchées par la crise sécuritaire. "Nous sommes méchants entre nous" , lance le Capitaine Ibrahim TRAORÉ. Celui-ci appelle évidemment à une prise de conscience générale et une l'implication de tous dans l'effort de guerre, chacun à son niveau. L'intérêt d'une telle façon d'aborder les causes est qu'elle place la société et les politiques au centre,sinon à la tête des responsabilités. Contrairement à ceux qui ont l'habitude de placer la France au centre ou en tête des responsables."Nous sommes responsables de ce qui nous arrive" , répond le Capitaine TRAORÉ.

La question que l'on se pose est de savoir quel est l'impact direct de cette part de vérité sur la reconquête du territoire national ? Et là on est tenté de dire qu'en partie, cette vérité servira pour le long terme. Dans l'avenir il faudra tenir compte de toutes les régions dans les politiques de développement inclusives.

Mais à l'instant-T ,il ne suffira pas d'avoir un langage franc. "L'armée est infiltrée" au service des différents bords politiques. Cela implique qu'il faut un leadership pour une réconciliation et une union de toutes les forces de défense et de sécurité autour du même objectif. Dans un pays où tout est politisé,il faut avouer que ce ne sera pas un défi facile à relever au vue des évènements de ces derniers mois.

En somme un diagnostic sérieux et mature sans tomber dans les accusations inutiles devra être suivi par une démarche inclusive,un leadership dépourvu de manigances politiciennes,et surtout par le courage de poursuivre sur la base des acquis des prédécesseurs dans la logique de la continuité de l'État. Inutile de dire qu'il faudra se démarquer du populisme et de la chasse aux sorcières qui n'apportent pas de solutions certaines sur les différents problèmes.


samedi 5 novembre 2022

Burkina Faso 🇧🇫: Après le coup d'État dans le coup d'État, retour à la dure réalité.

 Comme au Mali il fallait s'attendre à un putsch dans le putsch perpétré en janvier dernier par le Lt Colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA et ses hommes. Et ce , pour des raisons diverses, principalement celles sécuritaire et de la coopération internationale. Au lendemain du deuxième coup de force pour arriver au pouvoir par le Capitaine Ibrahim TRAORÉ et ses hommes, l'heure n'est pas encore au bilan,certes, mais le constat de la dure réalité du terrain se fait aisément.

✍️: Issouf SAGNON

📷: Ibrahim TRAORÉ,Président du Faso.



La réalité est que dans la gestion pratique du pouvoir plusieurs paramètres entrent en jeu. Après sa nomination,Me Appolynaire KYELEM de Tambela laissait paraître d'emblée l'hypothèse d'une éventuelle baisse du prix du carburant. Cette hypothèse est réapparue moins évidente lors de son premier entretien avec la presse après la composition de son gouvernement. Les réalités économiques nous rappellent que le Burkina Faso ne produit pas des hydrocarbures et que la Société Nationale des Hydrocarbures a besoin d'un grand appui pour une meilleure subvention de ces produits.

Sur le plan sociopolitique après installation du pouvoir plusieurs manifestants se sont fait remarquer. Certains pour protester contre la nomination de certains ministres, d'autres pour réclamer le départ de la France. Cela démontre aisément la réalité selon laquelle la rue et les masses populaires ont un impact sur la gouvernance ces dernières années au Burkina Faso. Surtout que le coup d'État du Capitaine Ibrahim TRAORÉ et ses hommes a réussi en grande partie avec l'aide de la mobilisation populaire. Au moment où le premier ministre rappel que ce n'est pas à la rue de dicter ce qu'il faut faire,reste alors à trouver la meilleure formule pour concilier les intérêts des différentes entités qui risquent de réaliser que certains manifestants ont fait l'objet de manipulation notamment au sujet de la probable présence de DAMIBA à la base française qui n'a pourtant pas été confirmée plus tard. 

Sur le plan sécuritaire la dynamique des réformes entreprise sous DAMIBA tarde à être poursuivie et à produire ses résultats. On se rappelle qu'un Commandement du théâtre national des opérations (COTHEN) a été créé avec Yves Didier BAMOUNI à sa tête. Il en a été de même pour la création de nouvelles bases militaires pour un meilleur maillage territorial. La réalité est que le COTHEN qui dressait périodiquement le point des opérations sur le terrain,ne le fait plus de la même façon avec l'absence de Yves Didier BAMOUNI sur la scène. L'autre dure réalité est que les groupes armés continuent leur progression dans l'occupation des territoires surtout en milieu rural. Plusieurs établissements scolaires continuent de fermer notamment dans la région des Hauts Bassins dont plusieurs communes rurales sont perturbées par la présence des hommes armés.

Sur le plan de la coopération,le régime TRAORÉ ne semble pas se radicaliser contre un partenaire déterminé. La priorité semble être la diversification des partenariats. D'après la presse le Président du Faso aurait rassuré la diplomatie américaine de la non venue du groupe Wagner. On sait que les différentes puissances notamment celles occidentale et russe mènent une "bagarre diplomatique" afin d'obtenir le contrôle militaire et stratégique du Sahel. Là également la réalité du pouvoir voudra que Ouagadougou puisse gérer avec malice la situation de la coopération tout en assurant un meilleur équilibre entre les aspirations populaires et une diplomatie saine avec tous ses partenaires économiques et militaires extérieurs.Sur le plan régional,le premier ministre a rassuré que le Burkina Faso poursuivra le renforcement de ses liens avec ses voisins. Un mois après le Paul Henri Sandaogo DAMIBA,ce fut le tour du Capitaine Ibrahim TRAORÉ de se rendre au Mali dans le même souci de renforcer le partenariat notamment sur le plan sécuritaire.

Autant dire que la volonté de mieux faire, l'enthousiasme en dehors de la scène peut être durement confrontée aux réalités du terrain. D'où la nécessité de mieux juger de l'opportunité de toutes les actions qui engagent la nation toute entière. Dans un pays instable pour des raisons sécuritaires les coup d'État et les querelles pour les avantages du pouvoir sont loin d'être les meilleures formules de solutions. Seul le travail avec des valeurs d'intégrité,de loyauté,de patriotisme, d'union,le tout dans un système politique solide et fiable peut mieux conduire à la résolution des problèmes du pays.


samedi 15 octobre 2022

COMMENT RENDRE HOMMAGE À THOMAS SANKARA ?

 Dans l'histoire du Burkina Faso s'il y a un président très célèbre, homme d'État, charismatique et qui a le plus marqué l'histoire de part son engagement et ses actions, c'est bien Thomas SANKARA. Au moment de célébrer le 35e anniversaire de sa disparition il s'avère nécessaire de s'interroger une fois de plus sur la meilleure façon de rendre hommage au père de la révolution burkinabè .

✍️: Issouf SAGNON

📷: Image d'illustration : Capitaine Thomas SANKARA, Burkina Faso.





"Tuez Thomas SANKARA,et des millions de SANKARA naîtront". 
Une trentaine d'années plus tard,si dans la pratique l'effet des millions de SANKARA tarde à se faire sentir (notamment dans les actes et les comportements des burkinabè) il nous paraît important de souligner ces aspects suivants pour mieux rendre hommage à Thomas SANKARA :

✓ Maintenant que justice a été rendue, l'une des meilleure façon de lui rendre hommage serait de travailler à une application effective des peines contre les coupables. Cela interpelle les différentes autorités politiques et surtout judiciaire compétentes en la matière.

✓ Pour des dirigeants qui veulent incarner un changement profond, dans une logique révolutionnaire, l'une des meilleures façons de rendre hommage au capitaine,est d'étudier son histoire,ses forces et ses faiblesses,et ensuite s'imposer ses valeurs et ses qualités. Dans la pratique cela devrait se sentir dans la façon de gouverner, dans laquelle les dirigeants mettront en avant le bas peuple. Pour cela des mesures doivent être prises par exemple pour une réduction du train de vie de l'État, pour une moralisation de la gouvernance, pour la promotion de l'esprit du sacrifice,etc, à commencer par les dirigeants.

✓ Au sein des citoyens et de la jeunesse, chacun devra également s'imposer des valeurs et des qualités à la SANKARA. L'obligation n'est pas seulement sur les dirigeants. Être engagé, être intègre, être patriote, sans oublier les valeurs cardinales, doivent s'imposer à tous.

✓ Pour la communauté scientifique et éducative, l'idéal ne serait t-il pas d'intégrer l'étude de la "Révolution burkinabè dans les programmes officiels d'enseignement ?

Dans tous les cas ,la meilleure façon de rendre hommage au capitaine Thomas SANKARA demeure d'incarner ses valeurs,ses qualités dans le comportement et dans les actes de tous les jours, aussi bien au niveau des dirigeants que des citoyens.
Autant dire que se proclamer sankariste, les  slogans et le point levé sont très loin d'être suffisants pour faire du "Sankara".


jeudi 13 octobre 2022

BURKINA FASO,UN SECOND COUP D'ÉTAT ET DES INCERTITUDES

 Quelques jours après son retour de New-York,le Lieutenant colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA n'a pas résisté au poids des défis qui l'attendaient dès le 25 janvier dernier. Après l'attaque du convoi de ravitaillement au niveau de Gaskindé en partence au Sahel du pays. En effet, des militaires du mouvement Patriotique pour la sauvegarde et la Restauration, (MPSR) ont perpétré un coup de force qui a contraint le président sortant à la démission le 02 Octobre 2022. Quelles sont les perspectives d'avenir au lendemain de ce deuxième pusch ?


✍️: Issouf SAGNON

📷: Image d'illustration,Capitaine Ibrahim TRAORÉ,actuel président du MPSR,Chef d'État.





Sur les raisons du nouveau coup d'État, à en croire aux nouveaux acteurs du coup,le président déchu du MPSR, DAMIBA, aurait "trahi l'idéal du mouvement". 

Dans la pratique il est aisé de remarquer qu'il s'est laissé emporté par une dynamique politique, notamment sur la question de la réconciliation nationale mais aussi dans ses relations avec l'extérieur.Comme s'il était un président élu démocratiquement et conduisant un pays tranquille.

Alors que les réalités et les attentes populaires sont pressantes. Et elles portent sur la situation sécuritaire,sur la cohésion au sein des forces de défense et de sécurité et la nature des rapports avec l'extérieur, notamment avec la France et l'organisation sous régionale qu'est la CEDEAO.

Au jour d'aujourd'hui, c'est à la fois une nouvelle occasion d'espoir et d'incertitudes. 

D'espoir parce qu'il s'agit d'une nouvelle opportunité de mieux faire sur les plans susmentionnés.

D'incertitudes car on se demande comment réussir la cohésion et l'union autour des défis, surtout chaque fois que la réalité nous mettra au-devant de l'immensité des défis : 

✓  Le nouveau coup d'État nous rappelle une fois de plus le défi de l'union au sein de toutes les forces de défense et de sécurité ; aura t-on une cohésion sincère dans la durée pour mieux lutter contre le terrorisme ? Cela demeure un impératif. Si l'état major général des armées a manifesté son soutien à la nouvelle équipe dirigée par le Capitaine Ibrahim TRAORÉ à travers un communiqué,il faut juste souhaiter que cela soit une réalité sincère en leur sein;

✓ Le défi sur l'unanimité autour d'un chef d'État investis, reconnu et soutenu par tous sera-t-il relevé ? Quand on sait que plusieurs acteurs posent des conditions avant d'apporter un soutien sans faille.Pour certains,leur soutien ne viendra que lorsque de façon concrète,la France sera remplacée par la Russie,en tant que partenaire stratégique et de lutte contre l'insécurité. La ferveur de certaines masses populaires le démontre.Pour d'autres,les considérations sociales et politiques semblent entrées en ligne de compte,au point où leur soutien est conditionné par l'appartenance sociopolitique de l'équipe dirigeante et de l'éventuel président du Faso.

Ainsi donc la triste réalité nous montre que la crise sécuritaire reste insuffisante pour unir les acteurs de la société burkinabè au-delà de leurs divergences. De quoi fragiliser en permanence les pouvoirs qui se succèdent et compliquer la tâche dans la lutte contre le terrorisme.

Le moins que l'on puisse dire est que l'instabilité et l'incertitude demeurent le quotidien des burkinabè.Au moment où s'annoncent des assises nationales dans la mi-octobre,on se demande quelle sera la composition de la nouvelle équipe gouvernante pour le reste de la transition,et si le nouveau pouvoir aura l'adhésion populaire suffisante pour aller au bout de la période transitoire.

L'idéal serait que les différents acteurs mettent de côté leurs revendications et considérations politiques. Et que tous s'unissent pour lutter contre le terrorisme dans la période transitoire dans l'espoir d'une amélioration,et qu'ensuite on parvienne à élire un président, puis enfin, chaque groupe d'acteur mettra sur la table ses revendications sociopolitiques. Depuis le début de la crise sécuritaire,aucun gouvernement n'a pu profiter d'un tel scénario.

Attendons de voir...

vendredi 30 septembre 2022

BURKINA FASO,LE MAL EST PROFOND

 En pleine crise sécuritaire depuis 2016 le Burkina Faso est à la croisée des chemins. Le risque d'une instabilité plus ou moins durable est réel. Et le moins que l'on puisse dire est que le mal dans la lutte contre le terrorisme est profond. Pour quelles raisons ? On en parle...

✍️ Issouf SAGNON.

📷 Image d'illustration, tenue militaire avec effigie du Burkina Faso 🇧🇫



Inutile de rappeler que les facteurs sociaux économiques tels que le chômage,la disparité dans le développement des différentes régions du pays avec certaines localités délaissées,les conflits communautaires depuis lors,la corruption dans plusieurs secteurs,etc ont favorisé l'expansion du terrorisme et continuent de compliquer la lutte.

Si bien que depuis le début de la crise il a été très difficile de faire un diagnostic sérieux. Depuis lors, c'est de tâtonnements en tâtonnements,du régime démocratiquement élu sous KABORÉ au pouvoir exeptionnel sous DAMIBA. 

La réalité est que le mal est profond. Au-delà des facteurs susmentionnés il y a à l'interne une crise politique. Une crise de confiance,de méfiance et d'intérêt autour de la gestion du pouvoir. A tel enseigne qu'il est impossible d'avoir une cohésion sociale autour d'un mal commun. Autant dire que les protagonistes rament à contre courant selon qu'ils sont ou non au pouvoir. À plusieurs reprises des cas de complicité, d'espionnage,de sabotage, de collaboration avec des terroristes, ont été évoqués depuis le début de la crise sécuritaire. 

Les clivages politiques ont atteint la société civile. Des camps existent selon les familles politiques, même en temps de guerre. Cet aspect des choses à fragilisé le président KABORÉ à l'époque et est en passe d'emporter DAMIBA avec l'éventualité d'un nouveau coup d'État.

À l'international, dans la guerre des propagandes pour leur influence stratégique, Moscou a une longueur d'avance sur Paris. Le poids de l'histoire,les erreurs commises à travers des interventions fréquentes et plus ou moins ouvertes dans ses anciennes colonies,les résultats très insuffisants dans la lutte contre le terrorisme,etc,auront contribué à fragilisé la France au profit de la Russie.

 Au Burkina Faso,la transition sous DAMIBA n'ayant pas opté pour une séparation franche avec la France,trouve sur son chemin une partie de la population qui est tombée sous le charme de la propagande russe.

 Ainsi, tandis que certains sont à la recherche d'un Goïta burkinabè, d'autres sont à la recherche d'une vengeance politique pour le pouvoir perdu. 

Toutes ces raisons justifieraient aisément un éventuel renversement de pouvoir, surtout que les résultats satisfaisants ne suivent pas pour l'instant les réformes et les réorganisations entamées ultérieurement par l'armée. Et l'attaque du convoi de ravitaillement au niveau de Gaskindé dans le Sahel du pays qui a occasionné plusieurs morts,des personnes civiles disparues et de nombreux dégâts matériels aura compliqué davantage les choses.

Le pouvoir de transition de P.H.S DAMIBA tiendra encore pour combien de temps face à une situation d'équation à plusieurs inconnus ? Attendons de voir...


dimanche 25 septembre 2022

TRIBUNE DE L'ONU, QUELLE LECTURE DE LA DÉCLARATION DU PRÉSIDENT DU FASO ?

 Présent à New York pour la 77e Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies,le Lieutenant colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA a livré une déclaration diplomatique au nom du Burkina Faso . Quels sont les enseignements que l'on peut tirer du message livré par la partie burkinabè à la tribune des nations unies ?

✍️: Issouf SAGNON

📷: Images d'illustrations ( P.H.S.DAMIBA; Siège de l'ONU).



Il faut noter d'emblée que cette 77e Assemblée Générale intervient dans un contexte de pouvoirs exceptionnels en Afrique Occidentale et dans un contexte de guerre en Ukraine. La représentation du Burkina Faso par le président DAMIBA peut à priori, susciter des interrogations d'autant plus que le Mali et la Guinée qui connaissent également des coups d'État n'y étaient pas représentés par leurs chefs d'États.

Mais cela paraît être la résultante d'une diplomatie beaucoup plus réussie par Ouagadougou en termes de confiance retrouvée de la communauté internationale après le coup d'État du 24 janvier.En effet les autorités de la transition ont su trouver un compromis sur plusieurs aspects notamment la durée de la transition et un processus beaucoup plus clair en termes de retour à la vie constitutionnelle. Ce qui n'est pas le cas de Bamako ou de Conakry qui sont plutôt dans une logique de rupture  avec la communauté internationale, notamment la CEDEAO, dans une logique de bras de fer .

Après avoir traduit sa reconnaissance à l'endroit du SG de L'ONU (Antonio Guteres ) et félicité les différents présidents des AG, le président du Faso a fait un bref rappel des thèmes récurrents des AG et des défis communs de l'heure. De là il ressort que les Etats et les institutions ne sont pas suffisamment dynamiques pour trouver des solutions contre les difficultés qui menacent la paix mondiale. De la question du Sahara occidental à la guerre en Ukraine en passant par les crises sécuritaire et économique,il y a des exemples qui mettent à nu les faiblesses aussi bien individuelles que collectives dans les relations intra et interétatiques.Ce que le chef d'État traduit par "la fragilité individuelle et collective",tout en appelant à une "solidarité internationale".

Sur le plan national,il tente d'expliquer les raisons du coup d'État du 24 janvier en évoquant "la dérive de la gouvernance politique en place, l'insécurité grandissante, la désintégration progressive et continue de l'État".

À priori,pour qui souhaite une véritable construction démocratique, c'est évidemment gênant de parler d'un coup d'État, à fortiori d'en trouver des arguments pour une quelconque justification. Par contre,on en est là,au Burkina Faso, parce que les militants du pouvoir déchu qui avaient pourtant la majorité présidentielle,ne se sont pas opposé farouchement au coup d'État ; tout comme les forces vives de la nation qui n'y ont pas opposé une résistance à l'image de celle de 2016 contre le Gal. Gilbert Diendéré. Cerise sur le gâteau,le conseil constitutionnel,qui aurait pu s'appuyer sur des résistances populaires au push pour faire blocage également, s'est retourné dans une posture de validation d'un pouvoir non issu des urnes. Autant dire que le peuple dans son ensemble n'a rien dit sur le coup d'État,ce qui octroie une légitimité aux autorités actuelles, chose que le président DAMIBA n'a pas manqué de rappeler subtilement.

Sur les difficultés à l'interne le président du Faso rappelle que le nombre de déplacés internes de 1.520.012 à la date du 31 août 2022 dont 61,27% d'enfants,22,13% de femmes et 16,6% d'hommes , correspond au plus grand nombre dans l'histoire du pays et de la sous région. 
Pour faire face à ces crises sécuritaire, humanitaire et alimentaire, quatre objectifs stratégiques ont été fixés, selon la déclaration du président. Il s'agit de la lutte contre le terrorisme,la restauration de l'intégrité du territoire, apporter une réponse humanitaire,la réconciliation nationale.

La réalité sur le terrain est que le terrorisme continue,des déplacés internes existent toujours en nombre important et le processus de réconciliation nationale est loin de faire l'unanimité quant aux procédures. L'engagement,les réformes et la bonne volonté des dirigeants restent salutaires mais il est évident que les problèmes ne seront pas tous réglés avant la fin de la transition.

Pour qui sait observer l'histoire  des militaires qui arrivent au pouvoir,le constat est qu'au départ ils n'ont pas pour objectif de durer au pouvoir. Ils prétendent mettre de l'ordre."Le pouvoir ne nous intéressent pas",dira Dadis Camara à l'époque. 
La pratique montre que ces dirigeants militaires finissent par prendre goût à la gestion du pouvoir. 
Dans le cas du Burkina Faso, l'on reconnaît au moins qu'il existe des intentions claires de retour à la vie constitutionnelle avec calendrier électoral dans un délai raisonnable. Reste à savoir si les défis et le goût du pouvoir ne pousseront pas à revoir les ambitions du côté de Ouagadougou.

 L'idéal serait que tout se déroule selon les textes et selon un consensus national nécessaire à la fois pour préserver la cohésion nationale que pour lancer les fondements d'un Etat de plus en plus fort.


vendredi 9 septembre 2022

BURKINA- MALI,LES CONDITIONS D'UNE COLLABORATION RÉUSSIE

 Début septembre le président du Faso sous la transition Paul Henri Sandaogo DAMIBA effectuait une visite de travail chez son homologue du Mali, Assimi GOÏTA. Cette visite s'inscrivait visiblement dans le cadre d'un renforcement de la coopération entre ces deux pays, notamment en matière sécuritaire. La question que l'on se pose est de savoir dans quelle mesure ces deux pays pourront aboutir aux résultats fructueux d'une collaboration réussie?

✍️ : Issouf SAGNON

📷 À gauche,le président du Faso, à droite celui du Mali, Septembre 2022.




Pourquoi faudra-t-il de la franchise, du courage et du leadership dans la coopération entre voisins ?

✓ Parce que la maxime selon laquelle "dans les relations internationales les Etats n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts ", tient toujours. C'est toujours vrai et valable. Chaque dirigeant doit alors avoir un leadership qui permet de concilier les intérêts.

✓ Les États ont des partenaires différents. Le Mali avec la Russie de façon claire ; le Burkina Faso toujours avec la France parmi ses collaborateurs. Il faut alors la franchise de part et d'autre et savoir tirer les aspects positifs de ces différences.

✓Quoiqu'on dise les puissances impérialistes sont toujours dans la lutte pour leurs intérêts matériels et stratégiques avec des techniques d'approche différentes. Il appartient alors aux jeunes chefs d'État inexpérimentés du Burkina et du Mali d'être courageux afin d'éviter toute manœuvre désagréable pour les deux pays.

✓ L'histoire nous enseigne des cas de manipulation des africains contre d'autres africains soit à l'intérieur d'un pays donné soit entre deux pays , par pays interposés,au profit d'une puissance donnée. Cette époque peut paraître dépassée, n'empêche qu'il appartient aux dirigeants africains de faire preuve de courage,de franchise et de leadership pour le grand bonheur des populations.

dimanche 4 septembre 2022

CE DANGER QUI GUETTE LE MONDE DU TRAVAIL AU BURKINA FASO 🇧🇫

 Dans l'histoire du Burkina Faso les travailleurs ont toujours joué un rôle cardinal aussi bien dans les moments paisibles que dans les moments difficiles à travers les organisations syndicales. De nos jours de nombreux défis se dressent dans la société, parmi lesquels la politisation à outrance et la baisse de la fibre patriotique. Ce qui pourrait impacter négativement sur l'organisation pratique des travailleurs et sur le rendement professionnel.


✍️ Issouf SAGNON

Photo d'illustration : Tolé M.SAGNON (à gauche en bonet rouge) , Bassolma BAZIÉ, anciens secrétaires généraux de la CGTB.

🗓️: Publié le 04-09-2022.





LES EFFETS NÉGATIFS DE LA POLITIQUE

Quoiqu'on dise ce sont les hommes politiques qui travaillent à organiser la société y compris le monde du travail. Le problème pratique est que la politisation a atteint un niveau inquiétant.

Voilà pourquoi les générations actuelles et futures devront être vigilantes afin d'éviter les manœuvres de division selon les pouvoirs politiques d'un moment donné.

Aussi dans la pratique, chaque citoyen, politique ou pas est susceptible d'avoir un penchant politique ou de confier sa voix à tel ou tel regroupement politique dans le processus électoral. La pratique malheureuse,lorsqu'il s'agit de luttes ou d'une quelconque opportunité d'engagement citoyen pour des causes communes,montre que l'engagement de plus d'un est variable selon que leur famille politique favorite est ou non au pouvoir. Lorsque la détermination et l'engagement citoyen sont tributaires de la politique et variables selon les autorités politiques,cela finit par affecter le patriotisme des travailleurs.


LA BAISSE DE LA FIBRE PATRIOTIQUE

S'il y a également un constat amer à faire dans la société burkinabè en général et dans le domaine du travail en particulier, c'est bien celui de la baisse du degré de patriotisme. On l'a dit,la politisation y est pour quelque chose. Mais aussi et surtout l'état,la nature de l'éducation civique et morale offerts par la société rassurent moins surtout pour l'avenir.

Dans la pratique la baisse de la fibre patriotique se traduit par la qualité de l'amour pour le travail dans les différents domaines, le faible niveau d'engagement pour les services d'intérêt public désintéressés, la faible mobilisation autour des cadres de luttes et d'amélioration des services tels que les regroupements syndicaux ou des associations,des pratiques indésirables de corruption,etc.

Ces deux dernières catégories d'entités souffrent d'engagement et de mobilisation franche. Des militants syndicaux peinent à honorer des cotisations ; des structures associatives peinent à prospérer,le tout, lorsque la majorité n'a visiblement pas d'intérêt immédiat. 

C'est alors un danger qui plane sur le monde du travail si la fibre patriotique de l'époque voltaïque n'est pas entretenue et améliorée. Car dans une société où tout est presque prioritaire, l'amour pour la patrie,un degré élevé de patriotisme seront toujours nécessaires non seulement pour redynamiser les structures de lutte des travailleurs mais aussi pour améliorer au quotidien la qualité du service public offert.

Pour y parvenir il faudra cultiver au quotidien des valeurs et suivre le chemin tracé par les différentes structures syndicales et associatives du passé ainsi que des anciens militants de la convention générale des travailleurs du Burkina (CGTB) dont, entre autres,les doyens Bassolma BAZIÉ ou Tolé M.SAGNON.

mercredi 31 août 2022

TRANSITION AU BURKINA FASO, L'HEURE DU PREMIER BILAN DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

 Lors d'une allocution le 1er avril dernier,le président du Faso sous la transition avait promis de dresser un bilan après une période de cinq mois. En attendant une communication officielle en guise de bilan le blog vous dresse une lecture sur la question.

✍️ : Par Issouf SAGNON

🗓️ : Publié le 31-08 2022.


IL faut d'emblée avouer que ce fut courageux de la part du président Damiba de fixer un délai de redevabilité alors même qu'il est arrivé au pouvoir par un coup de force et non à travers les urnes.

 Même si cela pourrait traduire une volonté des militaires de vouloir améliorer la situation durant la période indiquée , force est de constater certaines réalités du terrain :

✓ Il existe toujours de nombreux déplacés internes.

✓ Au jour d'aujourd'hui le renfort en matériel de guerre n'est pas encore acquis.

✓ Le dispositif de prévention et de renseignement dans les zones stables est inefficace,au point où les alertes ne suffisent pas pour anticiper et éviter d'éventuelles attaques.

✓ Le flou demeure toujours au sujet de la coopération militaire avec la France dont la présence militaire est controversée.

Autant dire que la guerre contre le terrorisme n'était pas gagnée d'avance avec des militaires au pouvoir. Ce constat n'empêche pas,en toute objectivité de noter les efforts de réorganisations structurelle et humaine.

Il s'agit notamment de création et délocalisation de bases militaires en vue d'un meilleur maillage du territoire, stratégies de dialogue avec des comités locaux, amélioration du statut de volontaires pour la défense de la patrie,des décorations spontanées en guise de mobilisation.

Une chose est sûre, chacun ira de sa lecture de la situation selon son appartenance sociopolitique. Et la vérité est que la majorité silencieuse composée de travailleurs, d'hommes d'affaires,de paysans,etc ,qui n'a rien à voir avec la politique ne souhaite qu'un pays en paix afin de vaquer à leurs préoccupations. 

Et jusque là il faudra patienter dans l'espoir que les différentes mesures adoptées par les autorités de la transition puissent contribuer à améliorer la situation sécuritaire au Burkina Faso dans la mesure où certaines localités du pays sont toujours invivables .


LES PARENTS D'ÉLÈVES ET LA RENTRÉE DES CLASSES

  C'est la reprise des cours au Burkina Faso et dans bien d'autres pays. Intéressons-nous à l'implication des parents d'élèv...