Membres

dimanche 29 mai 2022

BURKINA FASO 🇧🇫 : LES DANGERS DE LA POLITIQUE

 Parmi les nombreux défis à relever figure incontestablement la dépolitisation de l'administration publique. Le constat est qu'au delà de l'administration publique toutes les entités(professionnelles, juridiques, coutumières et religieuses ) sont infectées d'une manière ou d'une autre par "le virus politique". D'où la nécessité d'une lecture approfondie afin de mieux faire face à ce fléau.




LA POLITISATION À OUTRANCE DES DIFFÉRENTES ENTITÉS

Des structures corporatives telles que les organisations syndicales aux autorités religieuses et coutumières en passant par les organisations de la société civile et l'armée,la politisation y a atteint un niveau inquiétant.

Cette politisation a plusieurs caractéristiques.La confusion de rôles entre entités en est une. Il est fréquent de remarquer cela entre les partis politiques et les organisations de la société civile. Dans la pratique, aussi bien les partis politiques que les OSC laissent des vides dans l'atteinte de leurs différents objectifs.

 Les partis politiques n'animent pas suffisamment la vie publique politique à travers l'éducation des masses. Ils sont beaucoup plus guidés par la conquête et la gestion du pouvoir en sautant les autres étapes nécessaires pour un système électoral éclairé.

Les organisations de la société civile qui n'ont pas pour missions de conquérir et de gérer le pouvoir , prennent parfois et pour bon nombre, une forte coloration politique. De façon pratique certaines OSC semblent plus proche des partis politiques de part leurs actions. La veille citoyenne, l'éveil des consciences,les activités humanitaires,etc,ne sont plus les principaux objectifs de plusieurs organisations de la société civile. Elles sont beaucoup plus guidées par le désir de se rapprocher de tel ou tel regroupement politique afin d'avoir certains avantages du pouvoir. Plusieurs acteurs de la société civile sont passés de la rue à un ministère ou à un poste de conseiller à la présidence du Faso. Si cela n'est pas interdit, force est de reconnaître que la collusion exagérée entre ces deux types d'entités fausse la donne en ce qui concerne les objectifs fixés par les statuts de chacune d'entre elles. Il est d'ailleurs fréquent de voir des OSC organiser des activités de soutien aux profits d'un pouvoir politique ou au profit d'une personnalité politique, à l'image d'un parti politique ! Peut-on être juge et partie à la fois?

Le constat malheureux est que la politique touche presque tous les secteurs dont certains sont censés rester neutre au vue de leur importance pour la société. L'administration publique est politisée parfois par le biais de "cellules politiques"dans divers services. Parfois par le truchement de structures syndicales dont les prises de positions sont le plus souvent favorables au pouvoir en place.

L'une des conséquences néfastes de cet état des choses est qu'on retrouve parfois au sein de l'administration publique,des responsables avec un niveau très insuffisant de leadership,un niveau insuffisant de professionalisme et de compétences qui ont cependant accéder à des postes de responsabilité par favoritisme politique. On s'éloigne alors du principe de la "méritocratie".

Que dire des autorités coutumières et religieuses ! Elles devraient être les garantes de la sagesse,de la morale et de l'éthique au sein de la société. Mais en réalité, certaines s'en éloignent du fait de la politique. Le cadre législatif leur facilite la tâche en ne limitant pas leur domaine d'intervention politique.Elles ont par exemple un mandat électif notamment pour les autorités coutumières.

Le comble,c'est la politisation de la grande muette. À l'époque du R.S.P(Régiment de Sécurité Présidentielle) on parlait fréquemment d'une armée dans l'armée. Aujourd'hui encore aucun indice ne montre suffisamment une dépolitisation de l'armée. Pire, avec la défaillance des régimes politiques, l'armée est davantage impliquée d'une façon ou d'une autre dans la politique avec la résurgence des coups d'État.

Les autorités actuelles de la transition du Burkina Faso ont évoqué la nécessité d'une dépolitisation de l'administration publique. Cette dépolitisation est plus que nécessaire et devrait s'étendre sur plusieurs domaines de la société burkinabè.

QUE FAIRE DONC ? 

La dépolitisation doit porter sur tous les domaines qui convoque d'une façon ou d'une autre l'intérêt général. La tâche semble d'emblée irréalisable mais il faut y arriver,surtout pour les secteurs sensibles.Pour cela il faudra peut-être :

- Créer l'AMBF(Autorité Morale du Burkina Faso) qui sera une autorité morale chargée de la régulation de l'éthique des entités de la vie publique. Elle pourrait être composée de personnes ressources des différentes entités et jouera le rôle de veille et d'arbitrage pour une organisation saine des institutions par rapport à leurs différents régimes juridiques ; (Peu importe sa dénomination).

-Revoir les régimes juridiques de chaque entité,les réadapter à la nouvelle vision de l'organisation de la vie publique.

-Veiller à l'application des contenus des statuts de chaque entité ;

- Adopter des sanctions contre tout acteur d'une quelconque entité qui viendra à violer les règles prévues dans les statuts ;

- Octroyer des prix et récompenses aux entités apolitiques en fonction de leurs activités annuelles sur recommandation de l'AMBF;

- ETC.

Une chose est sûre, pour une meilleure organisation de la vie sociopolitique au Burkina Faso,il faudra passer par une moralisation qui implique une dépolitisation suffisante de tous les secteurs susmentionnés.

✍️: Issouf SAGNON



mercredi 25 mai 2022

ANALYSE COMPARÉE DES TRANSITIONS AU BURKINA FASO ET AU MALI

 Le Burkina Faso et le Mali traversent des situations d'instabilité politique causées essentiellement par les situations sécuritaires. Après des coups d'État ouvrant la voie aux périodes transitoires dans ces deux pays voisins,une lecture attentive nous permet de noter des ressemblances mais surtout de nombreuses dissemblances.

✍️: Issouf SAGNON

📷 : Image d'illustration




LES PRINCIPAUX FACTEURS COMMUNS

On peut noter d'emblée que chacun des coups d'État est apparu comme une lueur d'espoir pour les populations,eu égard aux difficultés rencontrées par les pouvoirs sortants à trouver des solutions adaptées aux crises sécuritaires. Au Mali comme au Burkina Faso on est tenté de dire que plusieurs acteurs appelaient plus ou moins ouvertement à ce que les militaires"prennent leurs responsabilités". Un aspect qui démontre une fois de plus la faillite des États dans leur mission de sécurisation des différents territoires et populations.

L'autre caractéristique commune est relative à l'attitude des différentes autorités de transition vis à vis des organisations sous régionales, notamment la CEDEAO,en ce qui concerne les durées des transitions. En effet les autorités des deux pays ont tenu à respecter leurs propres délais arrêtés à l'issue de concertations internes. Cela, malgré la volonté de la communauté internationale et régionale de vouloir un délai raisonnable pour la durée des transitions. On note là la faiblesse des organisations sous régionales de s'imposer comme institutions fortes,en grande partie, à cause de leurs apports insuffisants dans la résolution des problèmes que connaissent les différents pays membres.

Par ailleurs l'un des constats valable pour les deux transitions est que malgré le renversement des pouvoirs antérieurs,on n'a pas encore trouvé la formule magique contre le terrorisme. Les attaques terroristes continuent à avoir lieu, même si au Mali l'impression est que les FAMA semblent connaître un progrès.

Au delà de ces quelques caractéristiques communes,il y a de nombreux aspects qui différencient la transition du Burkina Faso à celle du Mali.

DES DISSEMBLANCES ENTRE LES TRANSITIONS AU BURKINA FASO ET AU MALI.

Si l'avènement des régimes exeptionnels a suscité beaucoup d'espoir de part et d'autre, force est de constater que le soutien et l'adhésion populaires diffèrent d'un pays à l'autre. Les autorités maliennes semblent avoir une adhésion populaire beaucoup plus confortable par rapport à celles du Burkina Faso. En témoignent plusieurs manifestations de grande envergure en guise de soutien à la junte malienne. 

Le contexte est tout autre au Burkina Faso. La transition y a un rapport de force défavorable en termes de mobilisation populaire. Les politiques, notamment la majorité politique déchue détient toujours une force de mobilisation populaire latente prête à rammer à contre courant des autorités de la transition. En témoignent des manifestations et activités d'acteurs politiques et de la société civile, soit pour soutenir le président sortant, soit pour une nouvelle collaboration militaire pour mieux lutter contre le terrorisme.

D'une nouvelle collaboration militaire, puisqu'on en parle,cet aspect marque également une différence entre les deux pouvoirs transitoires. Tandis que le Mali s'est inscrit dans une logique de rupture avec l'ancienne puissance coloniale qui est la France,au Burkina Faso,la logique reste plutôt conservatrice. La junte malienne a ouvertement dénoncé les accords de partenariat avec la France. Elle est plutôt pour l'option russe en termes de collaboration. 

Au Burkina Faso l'on n'en est pas à ce stade. "Le Burkina Faso n'est pas le Mali", avait affirmé le porte parole du gouvernement de transition du Burkina,M.Lionel BILGO. Ceci pour signifier que le Burkina Faso ne s'inscrit pas systématiquement dans la logique malienne. Le Burkina Faso semble ouvert à une diversification des partenariats loin du sentiment anti-occident qui a visiblement pris le dessus au Mali.

Par ailleurs , dans la même logique,la Mali fait un coup deux pierres et joint la CEDEAO à la France dans sa stratégie de défiance. C'est aussi une caractéristique différente chez les deux pouvoirs de transition à savoir la manière et la diplomatie par laquelle ils font face à la CEDEAO et à la France.En effet si le Mali se lance dans un bras de fer qui lui a valu une batterie de sanctions,au Burkina Faso,les autorités ont eu la malice de s'inscrire dans une logique de coopération avec l'Organisation régionale qu'est la CEDEAO et a , apparemment réussi à faire accepter sa durée de transition sans grande conséquences ,le tout,en bénéficiant d'ailleurs de plus de soutien officiel de la part de la communauté internationale.

L'un des intérêts majeur des différences entre les deux pouvoirs transitoires est relatif au degré de l'adhésion populaire. Au Mali cette adhésion peut être un couteau à double tranchant. Elle laisse une marge insuffisante pour la veille citoyenne sur le pouvoir du colonel Assimi GOÏTA. Contrairement au Burkina Faso où une bonne partie des acteurs arrive à émettre une opinion favorable ou défavorable sur tel ou tel aspect du pouvoir de P.H.S.DAMIBA . Il y a donc un risque élevé de commettre des erreurs au Mali par rapport au Burkina Faso.

Il faut noter également que toutes ces différences traduisent l'incapacité des régimes africains à s'inscrire dans une logique d'union même lorsque les difficultés et les situations à régler sont semblables comme c'est le cas entre le Mali et le Burkina Faso qui ont à peu près les mêmes réalités liées aux frontières communes et à l'insécurité. Comme si cela ne suffisait pas,la fragilité des organisations sous régionales vient affaiblir davantage les différents pays dans la lutte contre le terrorisme. 




samedi 7 mai 2022

AFRIQUE: RISQUES D'UNE INSTABILITÉ SOCIOPOLITIQUE DURABLE

 Le continent Africain est en ébullition. Crises politiques, crises sécuritaires, défis de création d'emplois,etc. Et à l'image du monde entier il faut faire face à la recomposition de l'ordre mondial en cours.

Par ailleurs si dans les autres continents les pays ont des systèmes solides de conquête et de gestion du pouvoir d'Etat et sur le plan économique,en Afrique la plupart des États se trouvent à mi-chemin entre le système démocratique et les autres systèmes politiques. Y-a-t-il des raisons d'entrevoir une instabilité politique durable sur le continent ?

✍️: Issouf SAGNON.





CONTEXTE ET CONSTAT

Le contexte sur le plan politique est que la majorité des pays africains sont dans l'incertitude sur le mode d'acquisition et de de gestion du pouvoir politique. Le processus démocratique enclencher dans les années 90 est loin d'être à terme et d'être efficace. La majorité des dirigeants politiques et des acteurs sur le continent sont toujours sceptiques sur la question du choix définitif de la démocratie électoraliste. D'où les tentatives ou les modifications de constitutions pour perdurer au pouvoir d'une part et des coups de force pour renverser les gouvernements démocratiquement élus dès lors que des difficultés majeures se dressent, d'autre part.

En Côte d'Ivoire Alassane Dramane Ouattara a obtenu son troisième mandat. Il est certain que cela ne répond pas aux principes démocratiques strictement parlé.

Au Mali,au Burkina Faso,en Guinée l'option des coups d'État a été explorée après des difficultés pour les présidents déchus à trouver des réponses adéquates sur les crises sécuritaires. Il est certain que ces changements anti-constitutionnels ne répondent à aucun principe démocratique.

Au Rwanda les acteurs semblent trouver un compromis autour de leur leader Paul Kagame dans la conduite des affaires du pays. Comment faut-il qualifier leur système politique de gestion du pouvoir politique ? De démocratie? De démocratie populaire comme en Chine ? De révolutionnaire ?

Sur le plan économique les pays tergiversent au sujet de la monnaie commune, notamment dans l'espace francophone. Les pays anglophones essaient de tirer leur épingle du jeu tant bien que mal avec des monnaies différentes. Le facteur commun est le défi de l'emploi décent proportionnellement à la jeunesse de la population ainsi que d'une éducation et de la formation adéquates.

Le constat est que de façon générale en Afrique, aucun système solide et fiable pouvant s'inscrire dans la durée n'est trouvé à la fois sur les plans politique et économique. D'où l'inquiétude et le spectre d'une instabilité durable pour les années à venir.


DES RISQUES D'INSTABILITÉ DURABLES EN PERSPECTIVE 

En essayant de se projeter dans un futur plus ou moins lointain il y a des motifs d'inquiétudes. Il est vrai que de façon générale les consciences semblent éveillées, notamment dans un élan panafricaniste.

Cependant peut ont s'inscrire dans une logique de coup d'État à long terme ? Faut-il rappeler que bon nombre d'acteurs estiment que la démocratie est inadaptée en Afrique. Au même moment les réalités ethniques et culturelles empêchent de s'accorder sur un système calqué sur la royauté ou sur la démocratie populaire à la chinoise. 

Au Mali,au Burkina Faso et en Guinée,les autorités des transitions entendent gouverner selon les durées déterminées par les différents acteurs des pays respectifs. Quelle alternative crédible faut-il envisager au terme des différentes transitions ? Les militaires au pouvoir réussiront-ils à transmettre les pouvoirs à l'issue d'un système politique fiable adopté dans chaque pays ? On est tenté d'affirmer que l'incertitude planne à l'horizon.

Peut-on s'inscrire à long terme dans une logique de prolongation de mandats électoraux ? L'exemple burkinabè de 2014 nous pousse à répondre par la négative. Cela sous-entend qu'en Côte d'Ivoire ou au Rwanda il faudra penser à l'après Ouattara et à l'après Kagame dans l'espoir de trouver une alternative heureuse. Cela voudrait dire également que partout ailleurs sur le continent il serait toujours risqué de tenter de confisquer le pouvoir dans l'avenir.

Peut-on s'inscrire à long terme dans une logique panafricaniste en rang dispersé au niveau des chefs d'États africains et espérer un succès ? Faut-il rappeler que le continent a connu des leaders plus engagés et intelligents comme Sekou Touré,Thomas Sankara,Patrice Lumumba ,etc ,qui cependant se sont fait assassiner soit physiquement,soit économiquement par manque d'union ? Jusque là, la propagande panafricaniste est en marche, mais les gouvernements africains ont visiblement des stratégies differentes,loin d'une quelconque union.

Dans un contexte de recomposition de l'ordre mondial,seuls les blocs solides réussiront à s'imposer et à tirer profit. Les Etats Unis et leurs alliés forment un bloc solide. l'Union européenne et ses alliés forment un bloc solide. La Chine et ses alliés forment un bloc solide. Les puissances émergentes trouvent leur compte dans les regroupements politiques et économiques. 

Pendant ce temps en Afrique les organisations régionales sont fragilisées par l'orgeuil de certains dirigeants,le manque de confiance des peuples et par leur dépendance vis-à-vis de certaines puissance. Il appartient aux leaders africains de mieux coordonner les luttes au sein des blocs solides pour mieux affronter les défis du moment.

Tout porte à croire que l'Afrique est tombée dans le piège des grandes puissances,qui sans l'avouer, ont intérêt à voir un continent instable avec de nombreux défis à relever à la fois afin de mieux y consolider leur hégémonie pour les unes ou de mieux l'installer pour les autres. Le cas concret et actuel est que les difficultés sécuritaires dans le Sahel offre un spectacle désolant où la Russie tente de récupérer l'hégémonie de la France au moment où le sentiment anti-français est grandissant ; le tout, parce que les dirigeants africains sont dans l'incapacité d'avoir des politiques,des stratégies commune de lutte dans une logique d'union.

Il urge alors que tous les acteurs du continent ouvrent l'oeil et le bon. Des acteurs politiques à la jeunesse en passant par les différents peuples et couches socioprofessionnels,l'engagement et la participation de façon active à la construction des pays du continent demeure un impératif. Pour cela il faudra que les leaders s'accordent sur des systèmes politiques et économiques solides qui puissent s'inscrire dans la durée au profit des populations de toutes les générations.




 


jeudi 5 mai 2022

L'ACTIVISME OU LE COUTEAU À DOUBLE TRANCHANT

 On assiste depuis quelques années à l'émergence d'une catégorie d'acteurs de la societé civile en ligne. Il s'agit notamment des activistes,des influenceurs,des lanceurs d'alertes,dont l'activité se déroule essentiellement sur les réseaux sociaux et dont l'impact est réel aussi bien sur les politiques que sur les comportement citoyens.

On est alors contraint de s'interroger sur la plus value de leurs actions sur les différentes communautés mais aussi sur les aspects néfastes de leur activisme sur les citoyens.

✍️: Issouf SAGNON.




LES POINTS POSITIFS DE L'ACTIVISME SUR LA SOCIÉTÉ

À travers leurs activités en ligne ils ont un impact réel sur les décisions politiques dans plusieurs pays et dans plusieurs domaines. Il faut dire que la mode conduit à ce que plusieurs décideurs politiques se trouvent sur les réseaux sociaux. Ces différents responsables politiques lisent les contenus offerts par les influenceurs. Et force est de reconnaître que certains contenus sur la toile contiennent des idées pertinentes sur plusieurs sujets,au point de pouvoir inspirer des décideurs. Au Burkina Faso par exemple plusieurs décisions politiques ont été fortement encouragées par la toile, telle que la dissolution de l'ex R.S.P (Régiment de Sécurité Présidentielle) au lendemain de l'insurrection populaire.

L'éveil des consciences est également l'une des missions des activistes de la toile. Et tous les domaines et acteurs sont concernés : jeunesses, armées, corps socioprofessionnels,etc,tous obtiennent un supplément d'âme de la part des influenceurs pour enclencher une dynamique dans les différents secteurs. 

À l'échelle continentale le mouvement "anti-occident" est déjà en marche. L'on a pu observé les mouvements de blocage des convois de l'armée française au Burkina Faso et au Niger sous l'impulsion de la propagande des panafricanistes omniprésents sur les réseaux sociaux. Certainement à cause de l'insuffisance des résultats de la coopération militaire avec la France et ses alliés mais aussi du poids de l'histoire entre la France et ses anciennes colonies. 

Par ailleurs sur le plan du développement personnel plusieurs contenus sur les réseaux sociaux sont intéressants en termes de motivation dans un contexte où la jeunesse africaine a besoin de repère pour une réelle émancipation notamment dans le domaine de l'entrepreneuriat. Sur le plan social,des contenus portants conseils en matière religieuse et matrimoniale sont abondants sur les différentes plateformes de réseaux sociaux.

Autant dire que les activistes et influenceurs sont aujourd'hui des acteurs incontournables dans nos sociétés modernes. Est-ce pour autant que leurs activités n'ont pas d'effets néfastes sur les différentes communautés ? 

L'expérience et la pratique montrent clairement qu'il s'agit d'un couteau à double tranchant au sujet duquel il faut faire preuve de prudence et de clairvoyance.


LES EFFETS NÉFASTES DE L'ACTIVISME SUR LA SOCIÉTÉ

 En toute chose l'excès nuit, dit-on. Et l'emprise des activistes est parfois débordante sur certains acteurs. Cela peut conduire à une mauvaise appréciation dans une prise de décision politique. Cela peut conduire également à instaurer une dynamique fondée beaucoup plus sur l'émotion que sur la raison.

Au Burkina Faso et au Mali certains activistes ont appelé plus ou moins ouvertement à ce que"l'armée prenne ses responsabilités" au moment où les différents gouvernements démocratiquement élus faisaient face aux difficultés liées au terrorisme. Cela a sans doute contribué à encourager les coups d'État et en partant, à déstabiliser davantage l'ordre constitutionnel et sécuritaire dans ces pays.

En plus certains comportements exhibitionnistes ont une mauvaise influence sur la jeunesse. On donne l'impression d'un mode de vie à la fois attirant et facile, ainsi avec une dose insuffisante de conscience et de morale, cela conduit à des dérives. Dans ce cas d'espèce la gente féminine est la plus exposée. L'exemple récent est le cas Dubaï où il ressort que des influenceuses s'y adonneraient à des pratiques loin de la morale et de la raison pour de fortes sommes d'argent. Et dire que certaines d'entre elles font croire à un succès de"femmes battantes".

L'autre actualité est la montée de la propagande russe au moment où la tendance panafricaniste est de se débarrasser de l'emprise de l'occident. Si le rôle des activistes sur la question demeure celui de l'éveil des consciences dans ce sens,il n'en demeure pas moins que leur influence fait parfois recours au populisme. Et force est de constater que cela détourne la jeunesse des vraies réalités. 

Car au moment où la mode est de crier " à bas la France",il est difficile de remarquer que les problèmes concrets tels que la corruption, l'injustice,la mauvaise gouvernance,l'incivisme,etc à l'interne dans nos pays respectifs sont les maux les plus nuisibles.

Au moment où la mode est d'appeler à la collaboration avec la Russie,il est difficile de faire remarquer que la Russie est déjà présente en Afrique depuis des années. Le Burkina Faso a par exemple une coopération militaire avec la Russie et a déjà obtenu du matériel militaire russe depuis 2018. Le Cameroun,la Centrafrique, etc collaborent avec la Russie depuis plusieurs années. Cela empêche alors de se rendre compte de la part de responsabilité des africains dans les différents problèmes sociopolitiques.

Il faudra alors faire attention au piège du populisme et de la mode. L'influence des activistes ne devrait pas avoir une emprise aussi grande au point d'empêcher une clairvoyance, une hauteur de vue nécessaire pour une meilleure appréciation des différentes situations.

Au plan interne plusieurs dirigeants très mal arrivés au pouvoir font recours très souvent à certains activistes pour une communication adaptée à leur besoin de préserver ou de consolider leur pouvoir. Celà coûte parfois des fortes sommes d'argent du contribuable. Et cela passe aussi par une manipulation non seulement des dirigeants mais aussi des masses via les réseaux sociaux.

 Il est clair que les principes et les valeurs doivent servir de boussoles, de même que la cohérence et la logique doivent être de mise dans nos actes et comportement pour le bien être de nos communautés.



samedi 16 avril 2022

QUELLES QUALITÉS POUR LE FUTUR PRÉSIDENT DU FASO ISSU DES URNES ?

Durant ces dix dernières années le Burkina Faso traverse une instabilité politique due à plusieurs raisons. De la volonté du Congrès pour la Démocratie et le Progrès de modifier l'article 37 afin d'offrir un troisième mandat à Blaise Compaoré jusqu'au coup d'État du 24 janvier 2022 en passant par l'insurrection populaire d'octobre 2014 la classe politique n'a pas réussi à trouver un compromis et une cohésion nécessaire autour d'un chef d'Etat dans sa gouvernance.

En plus de cela viennent s'ajouter la crise sécuritaire depuis 2016,la problématique de la création d'emplois,la question du dialogue socioprofessionnel entre Etat et travailleurs, la question de la réconciliation nationale, etc.

Autant dire que les défis à relever sont très nombreux.D'où la nécessité de s'interroger sur les principales caractéristiques que devra avoir le futur président du Faso issu des prochaines élections.

✍️: Issouf SAGNON




LE PROCHAIN PRÉSIDENT DU FASO DEVRA INCARNER LA COHÉSION.

Les acteurs politiques sont visiblement divisés à tel point que même si la situation nationale l'exige on n'arrive pas à apercevoir une union sacrée pour faire fasse aux défis. 

En plus,la plupart de ces acteurs sont sur la scène politique depuis de nombreuses années et sont donc comptables de l'échec de la classe politique de façon générale. Alors pour réussir à se faire élire,le prochain président du Faso devra sortir du lot de part son parcours et susciter l'espoir de rassembler davantage autour de lui.

AVOIR UN PROGRAMME POLITIQUE INNOVANT.

Pour réussir à se faire élire le candidat devra être convainquant et facile à comprendre dans son programme politique. Les défis majeurs sont connus. Les priorités également. 

Le futur président devra alors pouvoir expliquer dans toutes les régions du Burkina Faso comment il compte s'y prendre face à telle ou telle situation. Pour cela,il faudra faire autrement. Il faudra faire des propositions réalistes et réalisables dans les différentes provinces du pays. Il faudra avoir une communication efficace sur ces propositions concrètes en évitant la démagogie tout en adaptant le langage et le style de communication aux différentes régions de passage lors de la campagne électorale.

REVÊTIR UN COSTUME DE LEADER.

Le futur locataire de Kossyam après les élections présidentielles à venir devra être un véritable leader. Cela passera par son aptitude à pouvoir réunir autour de lui l'ensemble des militants de son parti ou regroupement politique. 

Réussir à convaincre d'autres partis ou regroupements politiques ayant à peu près les mêmes idéologies et visions dans le cadre d'une Union politique serait un véritable atout. Il lui faudra avoir également un discours rassembleur et conciliateur au profit de tous les acteurs de la société burkinabè.

SAVOIR MOBILISER LES RESSOURCES FINANCIÈRES ET HUMAINES

La mobilisation des ressources humaines consistera, dans une logique d'anticipation, à pouvoir susciter l'intérêt des différentes couches de la société à travers des activités politiques diverses dès à présent. Il faudra pour cela que l'état major de son parti identifie les besoins des acteurs en fonction des domaines et des milieux.

 L'organisation par exemple d'une séance de formation sur les techniques de recherche efficace d'emplois au profit des étudiants est une méthode de mobilisation.

Initier des séances de renforcement de capacités au profit des travailleurs de tel ou tel milieu pourrait être un coup de maître. 

Installer des cellules d'assistance sociale auprès d'un camp de personnes déplacées internes serait la bienvenue. Et j'en passe. 

Une chose est sûre,il faudra réussir à mobiliser mieux qu'avant sans attendre l'approche des élections.

Pour les ressources financières le leader devra être en mesure de tisser des relations mais aussi de susciter à l'interne l'esprit de sacrifice auprès de ses militants. Son parti devra développer de nouvelles stratégies de financement licites afin de faciliter la mise en œuvre de ses actions.

Dans tous les cas,la tâche s'annonce bien difficile dans la mesure où la crise de confiance est réelle entre hommes politiques et populations au vue des résultats politiques de ces dernières années.

 Voilà pourquoi la conquête du fauteuil présidentiel devra commencer dès à présent avec malice en tenant compte de la conjoncture actuelle. Mais surtout avec de l'innovation,de l'anticipation et d'une abnégation sans faille afin de pouvoir conquérir et gérer le pouvoir politique dans les années à venir.





vendredi 8 avril 2022

ETHNICISME AU BURKINA FASO 🇧🇫 : QUE FAIRE ?

 Le régionalisme, l'ethnicisme ont très peu fait l'objet de discussions "officielles"au Burkina Faso. Ces  questions ont longtemps été considérées comme tabou ou comme très sensibles pour être évoquées. Cependant ,de plus en plus la question ethnique refait surface et est soulevée ouvertement par les plus courageux et réalistes. Que faire alors pour éviter d'éventuelles situations désagréables en rapport avec les questions susmentionnées ?

✍️: Issouf SAGNON

📷: Image d'illustration




D'ABORD ADMETTRE QU'IL Y A UN MALAISE LIÉ À LA QUESTION ETHNIQUE

Mieux vaut prendre au sérieux la situation et admettre que la cohésion sociale pourrait être mise à mal à cause des situations délicates relatives aux considérations ethniques. Au sein de la société burkinabè il existe des préjugés sociaux sur des bases ethniques. C'est réel. Il faut l'admettre. Sur le plan politique nos populations n'ont pas l'éveil nécessaire pour faire le distinguo entre des hommes d'État pour leurs qualités et valeurs au profit de la société et hommes ressortissants de telle ou telle localité donnée,au moment d'opérer des choix politiques. Il faut l'admettre également. C'est seulement après cela que nous pourrons faire un diagnostic sérieux et mieux contrecarrer d'éventuelles conséquences désagréables y afférentes.


S'ATTACHER AUX SYSTÈMES DOTÉS DE PRINCIPES ET DE VALEURS RIGOUREUX.

Il faut impérativement s'attacher aux systèmes dotés de principes rigoureux et de valeurs cardinales. Et la religion sur le plan social et la démocratie sur le plan politique semblent meilleurs pour jouer les rôles de dénominateur commun et de catalyseur au profit de la cohésion nationale.

Parce qu'une bonne éducation religieuse permettra aux citoyens de considérer autrui comme un frère ou sœur sans considération ethnique,surtout lorsqu'il y a une appartenance à la même religion.

Une bonne culture démocratique permettra aux citoyens de savoir qu'au moment de choisir leurs représentants électifs,il faudra tenir compte de l'offre politique et non des considérations ethnique ou régionaliste. Parce qu'avant tout,en la matière,seuls les aspirations populaires et les meilleurs propositions politiques pour y faire fasse doivent orienter les choix.


ÉDUQUER ET RÉÉDUQUER SÉRIEUSEMENT SUR LES ASPECTS RELIGIEUX ET DÉMOCRATIQUES

Chaque religion est censée faire la promotion de la cohésion sociale et du vivre ensemble,sans aucune considération ethnique ou culturelle. Il faut alors renforcer l'éducation en la matière et insister sur ces valeurs aux profits des masses dans les lieux de cultes et dans les écoles.

Toute bonne éducation démocratique rend meilleure le jeu politique au profit de la société. La boussole reste les principes de transparence,de compétence, d'alternance,de justice sociale,etc. Alors le processus de conquête et de gestion du pouvoir politique se débarrassera de plus en plus des critères régionalistes ou ethniques .

Pour y arriver les structures étatiques et communales ,les partis politiques,les organisations de la société civile,les leaders coutumiers et religieux et les intellectuels dans leur ensemble sont interpelés et doivent tous être impliqués dans une politique particulière à cet effet.





dimanche 3 avril 2022

LA LAÏCITÉ AU BURKINA FASO 🇧🇫 : IMPLICATIONS ET PRATIQUES

 En rappel la laïcité est un principe de séparation en l'État et les institutions religieuses, l'État n'exerçant aucun pouvoir religieux et les institutions religieuses n'exerçant aucun pouvoir politique. Quels sont les principes de la laïcité ? Quels en sont les fondements juridiques ? Et enfin qu'en est-il de la pratique au Burkina Faso?


Par Issouf SAGNON,in MON BLOG.BF le 03 avril 2022.





DES PRINCIPES DE LA LAÏCITÉ

Dès les origines et même aujourd'hui la notion de laïcité renvoit à quatre piliers essentiels. Il s'agit d'abord de la liberté. Cela implique que les citoyens ont la liberté de croire,de ne pas croire,de changer de religion ou même de ne pas en avoir. Cette liberté porte aussi sur la pratique de sa religion chez soi ou en public dans les limites du respect de l'ordre public. Par exemple je peux porter un "boubou",un voile,une croix dans la rue, pour aller voter ou dans un bus de transport en commun.

Le deuxième pilier est celui de la séparation de l'État et des institutions religieuses. Autrement dit les institutions de culte n'interviennent pas dans la gestion politique de l'État et l'État n'intervient pas dans leur organisation interne.

Il y a également le principe de neutralité de l'État . Il concerne surtout les représentants de l'État, c'est à dire ses agents et ceux des services publics mais pas ses usagers. Par exemple les enseignants,les juges,les policiers,etc ne doivent pas exposer leur appartenance religieuse de façon incitative. Mais là,il faut préciser que neutralité ne veut pas dire indifférence. Parce que l'État à travers le President du Faso ou le ministre de l'intérieur peut entretenir des relations avec les représentants religieux dans le sens de l'intérêt général.

Enfin il faut noter le principe de l'égalité devant la loi qui signifie que quelques soient leurs convictions,tous les citoyens sont égaux devant les lois de la République. Aucun traitement de faveur n'est alors admis selon telle ou telle conviction religieuses.

Tous ces principes peuvent trouver des fondements juridiques tant au plan international que national.

LES FONDEMENTS JURIDIQUES DE LA LAÏCITÉ

Il s'agit entre autres de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme de 1948 ,ou du Pacte des Droits civils et Politiques de 1966 ,au plan international. Par exemple l'article 18 de la déclaration de 1948 stipule que " toute personne a droit à la liberté de pensée,de conscience et de religion...". Cette liberté implique également la manifestation de sa religion seul ou en commun,en privé ou en public dans la limite du respect de la loi.

En outre la constitution du Burkina Faso consacre cette liberté. En effet le Titre premier qui porte sur les droits et devoirs fondamentaux contient dans l'article premier la stipulation selon laquelle "tous les Burkinabè naissent libres et égaux en droits." Le deuxième alinéa renchérit que "les discriminations de toutes sortes, notamment celles fondées sur la race,la langue, l'ethnie,la couleur,le sexe,la religion [...] sont prohibées.

Par ailleurs l'article 31 stipule que " le Burkina Faso est un État démocratique, unitaire et laïc. "

Ainsi fondé juridiquement,le principe général de la laïcité trouve plus que jamais son fondement sociopolitique dans un contexte marqué par des cas de radicalisme et par une forte influence des religions sur la vie des citoyens. Reste à savoir si dans la pratique le principe est suffisamment cerné par tous les acteurs.


LA LAÏCITÉ DANS LA PRATIQUE AU BURKINA FASO.

Comme très souvent l'adoption des textes et la consécration des principes est une chose...et la pratique réelle sur le terrain en est une autre.

Si l'on s'accorde qu'en général le Burkina Faso demeure un Etat laïc,il n'en demeure pas moins que la réalité sur le terrain nécessite des efforts supplémentaires pour une meilleure mise en œuvre de ses différents piliers.

Déjà la séparation entre Etat et religion ainsi que la neutralité de l'État semblent atténuées en pratique par une collaboration entre ses deux catégories d'institutions. Il arrive que la religion joue un rôle essentiel dans l'État surtout lorsque ce dernier fait preuve d'impuissance ou d'insuffisance organisationnelle face à une situation donnée. L'exemple récent et récurrent est celui d'appeler à une journée nationale de prière par le Président du Faso lui-même eu égard à la situation sécuritaire alarmente. Un simple appel aux différents croyants par l'intermédiaire des représentants des institutions religieuses à initier de façon privée des séances de cultes,n'était-il pas suffisant ? Parce que la décision de la présidence d'initier une journée de prière semble inviter davantage la religion à s'impliquer à l'accomplissement de missions d'intérêt général,ne serait-ce que que façon indirecte ! On a constaté également une sorte de compromis dans la désignation des responsables à la tête d'institutions comme la Commission Électorale Nationale Indépendante,qui semble opter pour une rotation selon les obédiencces religieuses.

Mieux encore un département ministériel a été créé en charge des cultes !

Mais l'aspect le plus important est surtout celui de la compréhension qu'ont les citoyens sur la notion de laïcité et de ses implications. L'expérience nous montre clairement que la notion n'est pas suffisamment assimilée à la base. Parce que des actes de radicalisme religieux sont fréquents. On a assisté au saccage des lieux de commerce, notamment des maquis,sur la base des considérations religieuses.

D'où la nécessité d'une campagne de sensibilisation afin que les populations sachent réellement quelle est la portée de la laïcité dans notre pays. Sans oublier des sanctions à l'encontre de tous ceux qui ne viendraient pas à respecter la liberté d'autrui dans l'expression de ses convictions religieuses. 

Par ailleurs les études ont montré également que le radicalisme religieux peut être facilité par le chômage et par l'injustice sociale. Il faudra alors travailler à améliorer les conditions de vie des populations et à lutter contre toutes sortes d'injustice sociale.

Infographie sur la pratique religieuse 🇧🇫 :






samedi 26 mars 2022

LA CRISE DU COMPORTEMENT AU BURKINA FASO 🇧🇫

LA PRINCIPALE CRISE AU BURKINA FASO NE RELÈVE-T-ELLE PAS DU COMPORTEMENT ?


Le Burkina Faso traverse une instabilité politique et sociale ces dernières années. S'il est vrai qu'à priori,les crises semblent politique et sécuritaire, force est de reconnaître que l'attitude,le comportement du Burkinabè laisse entrevoir une véritable crise sociale, celle comportementale.

Le comportement des citoyens au Burkina Faso soulève de façon générale deux fléaux essentiels: l'incivisme grandissant et une baisse du degré de patriotisme dans les faits.


L'incivisme se constate à tous les niveaux de la société. Des quartiers aux espaces publics en passant par la rue,les actes de l'incivisme sont de plus en plus récurrents. Cela traduit clairement une faiblesse de l'autorité de l'État sur les citoyens. Il est vrai que tous aspirent à la liberté mais en toute chose l'excès nuit.Il est alors urgent de rectifier le tir surtout à la base. Et les acteurs principaux de la société burkinabè sont interpelés.

 Il s'agit bien sûr des parents d'enfants dans chaque ménage. Chaque chef de famille devra durcir les conditions d'éducation de base en famille.

Il s'agit également des institutions en charge de l'éducation à commencer par l'État central et de l'école. Pourquoi pas généraliser et renforcer l'enseignement de l'éducation civique et morale au sein des établissements scolaires ? 

Il s'agit en outre des organisations coutumières et religieuses qui doivent insister sur le rôle du citoyen exemplaire au sein de la société. La réception du message peut être bien meilleure selon le milieu social.

Il s'agit enfin des cadres socioprofessionnels tels que les organisations de la société civile et celles syndicales qui devront impacter à leur niveau sur les mentalités des militants à travers des séances de sensibilisation et des stratégies de rappel sur la citoyenneté responsable. Tout ne devrait pas se résumer aux revendications diverses.

Il faudra dans tous les cas une synergie d'actions pour se pencher sérieusement sur la question afin d'espérer dans les années à venir, une baisse de l'incivisme dans le pays.


L'autre défis est celui du patriotisme. On est tenté de se demander si le Burkina Faso mérite toujours le surnom du pays des hommes intègres. Tant l'amour pour la patrie peine à se faire sentir dans les actes de tous les jours des différents acteurs de la société burkinabè.

Dans l'administration publique l'intérêt général semble être relégué au second plan au profit de l'intérêt personnel. Cela a certainement un impact négatif sur la qualité du service rendu ça et là. De quoi accentuer le retard du pays sur divers plans. Malheureusement, dans les services essentiels de la nation tels que l'armée, l'éducation,la santé,la justice,on constate des faits et des comportements qui prouvent un degré insuffisant de patriotisme au niveau des acteurs de terrain.

Du défaut de résilience aux détournements de fonds en passant par l'absentéisme et les retards,les preuves ne manquent pas pour incriminer bon nombre de travailleurs d'insuffisance patriotique. 

Sur la scène politique le constat est encore plus évident. Le comportement des militants politiques indique clairement que la majorité se bat pour des intérêts égoïstes, loin des intérêts généraux au profit de la nation. C'est certainement ce qui explique les revirements spectaculaires et des démissions d'une formation politique à une autre en fonction de la conjoncture et des opportunités offertes. Loin donc des principes de convictions et d'idéologies au profit du pays.

Cette crise du comportement nous paraît la plus importante à affronter. Parce que comment défendre ou servir idéalement son pays avec une éducation insuffisante en matière de civisme ?

Comment défendre ou servir idéalement son pays avec un degré insuffisant d'amour pour la nation et pour l'intérêt général ?

Il est donc impératif que l'État central ainsi que les collectivités territoriales adoptent des stratégies plus efficaces pour une éducation civique et morale à la base. Qu'on trouve également la politique adéquate pour cultiver l'amour pour la patrie !

Pour y arriver l'exemple doit certainement venir d'en haut avec une gouvernance vertueuse. Avec également une culture de la sanction , sans corruption,contre les actes inciviques et contre tout acte mettant en danger l'intérêt général.

Il est certain que quelque soit le domaine,le pays aura besoin des citoyens de qualité, vertueux, travailleurs et intègres afin que le pays continue de mériter pleinement son nom de pays des hommes intègres et que cette intégrité tant vantée ne se résume pas aux slogans. 


Issouf SAGNON



jeudi 10 mars 2022

QUELQUES DÉFIS PRATIQUES À RELEVER DANS L'ÉDUCATION NATIONALE AU BURKINA FASO 🇧🇫

Au Burkina Faso il est connu de tous que le système éducatif rencontre d'énormes difficultés de façon générale. Dans la pratique certains problèmes attirent notre attention, et qui méritent de susciter sérieusement des interrogations au niveau des dirigeants du secteur de l'éducation.



QUELQUES DÉFIS ET DYSFONCTIONNEMENTS PRATIQUES DANS LE SYSTÈME DE L'ÉDUCATION DE BASE.

Le système qui va du Ministère de l'éducation nationale aux différents établissements en passant par les différentes directions (régionales et provinciales) est composé de plusieurs maillons interdépendants . Par conséquent le moindre soucis sur un maillon donné impacte sur toute la chaîne du système. 

D'où la nécessité de faire un diagnostic sérieux sur la pratique des activités d'enseignement au sein du système. Dès lors on peut retenir :


1-Le défis des réformes ancrées dans la durée :

Ce défi paraît général, mais il aura son impact sur la pratique.

Nous avons fait la remarque selon laquelle les réformes au sujet de l'éducation nationale sont presque conjoncturelles. Elles semblent être menées selon les orientations "politiciennes" et non selon les attentes d'une éducation, socle de tout développement. Et pourtant, tout n'est pas à politiser ! Il faut "dépolitiser" le secteur de l'éducation, même si cela semble impossible.

Et la meilleure façon de le faire n'est -elle pas celle d'une réforme structurelle inscrite dans la durée ? 

Et la période de la transition politique est la meilleure opportunité.

Nous pensons à une sorte de Politique Nationale en matière D'Éducation Nationale adoptée et consacrée par la Constitution. Ladite politique pourra être conçue par différents acteurs (praticiens du monde éducatif,OSC, Syndicats, politiques,etc). Elle fixera les objectifs à atteindre à cours, moyen et long terme. Une loi d'application pourra en définir le régime juridique et institutionnel.

Une telle réforme constitutionnelle sur la Politique Nationale en matière D'éducation a plusieurs mérites. Notamment celui de mettre en relief le caractère primordial de l'éducation et surtout le mérite d'éviter que les hommes politiques viennent "flirter" avec l'éducation à travers des "réformettes" dont l'objectif est beaucoup plus politique. 

Surtout quant on sait que " l'homme politique pense aux prochaines élections, contrairement à l'homme d'État".

D'autres réformes seront certainement nécessaires dans le cadre de la mise en œuvre du protocole d'accord sur le statut valorisant de l'enseignant ou dans cadre de la révision des curricula.

2-Le problème de la formation continue sur le terrain :  

Ce problème est beaucoup plus pratique.

Nul besoin de rappeler les conditions de recrutement du personnel au profit du système éducatif. Une chose est sûre, plusieurs acteurs y arrivent avec des insuffisances et parfois avec moins de vocation. La formation continue s'impose si on tient vraiment à la qualité des résultats recherchés. 

Mais dans la pratique,les séances de renforcement des capacités organisées sur le terrain,le sont beaucoup plus au profit des acteurs occupant des postes de responsabilité et d'encadrement. Les acteurs directs sur le terrain que sont les enseignants,les conseillers et assistants d'éducation,etc ,en bénéficient de façon insuffisante. Alors qu'ils sont les mieux placés pour impacter beaucoup plus sur les résultats attendus !

Il appartient alors aux nouvelles autorités de donner des orientations et des recommandations nécessaires pour améliorer cet aspect au niveau des différentes directions régionales et provinciales.

3-Le problème relatif aux associations des parents d'élèves (APE):

Il faut rappeler que les APE sont également considérées comme les acteurs du système éducatif et sont des partenaires dans le fonctionnement des différents établissements. Mais ce partenariat est-il vraiment fructueux au profit de l'État et des écoles ? La réponse par l'affirmative est loin d'être évidente. 

De façon pratique,ces structures tirent leurs ressources financières au sein des établissements, mais disposent d'une autonomie dans leurs gestions. Il se trouve que leur gestion financière n'est pas toujours au profit des pauvres élèves dont les parents côtisent. Si dans certaines écoles,les APE font des réalisations, force est de constater que l'apport de ces structures reste insuffisant au moment où l'État et les services déconcentrés sont à la recherche permanente de partenaires pour la réalisation des différentes attentes.

Il est alors impérieux de revoir le régime juridique des APE dans le sens d'un partenariat beaucoup plus fructueux. Sans oublier la nécessité d'accompagner leurs membres avec des séances de formation et de sensibilisation autour des objectifs,des besoins et de la législation du système éducatif.

4- La crise de générations sur le terrain :

Ça n'a l'air de rien, mais c'est bien réel et a un impact sur les relations au sein du système éducatif. Les nouvelles générations sont de plus en plus éveillées, cultivées et réformistes. Les anciennes générations sont plus ou moins conservatrices.

De façon pratique certaines actions de modernisation sont mal comprises et moins soutenues par les anciens ; certaines démarches de lutte sont perçues comme une défiance par les anciens ; certaines prises de position dans le sens du débat constructif autour du service public sont parfois interprétées comme manque de respect à l'endroit des anciens, et j'en passe.

Et pourtant le personnel du domaine éducatif est de plus en plus jeune avec ses caractéristiques qui vont avec. Les conflits de générations sont réels. Du coup il est nécessaire pour le Ministère de l'Éducation Nationale et ses différents partenaires, d'entreprendre un travail d'adaptation de l'état d'esprit des différentes générations au sein des acteurs du secteur de l'éducation.

5- Le défis de l'éducation financière au sein des Conseils de Gestion des Établissements Scolaires (COGES) :

L'argent, c'est" le nerf de la guerre" dit-on. D'où la nécessité d'avoir une éducation adéquate en matière de gestion des maigres ressources financières au sein des établissements. Déjà l'accompagnement de l'État au fonctionnement pratique des établissements est insuffisant. Il est alors important que les ressources endogènes récoltées soient gérées de façon efficiente et responsable pour le bonheur des établissements scolaires.

La pratique montre des situations délicates au sujet de la gestion financière. C'est l'exemple des missions multiples et moins nécessaires ou des cas de surfacturations,etc. Faut-il rappeler alors qu'il est important de jeter davantage un œil sur cet aspect ? 

De la sensibilisation à la sanction en passant par les contrôles réguliers,il faudra alors trouver une formule pour une gestion responsable. Cela entre dans le cadre général de la lutte contre la corruption et pour une gouvernance vertueuse.


En sommes les défis à relever dans le secteur sont nombreux. La liste est longue. La meilleure façon d y arriver serait de se vêtir du costume et de l'âme du leader à tous les niveaux de responsabilité,de rester fortement attaché aux valeurs de patriotisme et d'intégrité sans oublier les principes de compétences à tous les niveaux. Puisque "éduquer ou périr" reste plus que jamais un impératif sur les générations présentes au profit de celles à venir surtout.


Issouf SAGNON



dimanche 6 mars 2022

GOUVERNEMENT DE TRANSITION, ANALYSE ET PERSPECTIVES

 Nommé comme premier ministre de transition quarante huit heures après le Dr Albert OUEDRAOGO et le lieutenant Colonel P.H.S.DAMIBA ont rendu publique la composition du gouvernement de transition. Et une chose est certaine,il y a des surprises comme il fallait s'y attendre.

Quelle analyse pouvons-nous faire de cette composition ?

À quoi faut-il s'attendre avec une telle équipe gouvernementale ?


NOTRE ANALYSE DE LA COMPOSITION DU GOUVERNEMENT ALBERT OUEDRAOGO I :


Le premier constat que l'on peut faire est l'arrivée de nouvelles têtes , disons nouvelles à ce niveau de responsabilité politique mais bien connues dans la construction de l'opinion publique.
Il s'agit notamment de la présence de Lionel BILGO à la tête de l'éducation nationale et surtout de Bassolma BAZIE en charge de la fonction publique dont l'entrée qui fait couler beaucoup d'encre. 

Sur la base de leur prise de position et de valeurs que ces derniers dégagent,on peut affirmer que ces noms suscitent de l'espoir dans la logique de refondation . En effet ces deux sont connus pour leurs avis tranchants sur l'actualité nationale et internationale . Surnommé Général par les syndicats des travailleurs Bassolma BAZIE est connu dans ses luttes menées à la tête de la structure syndicale des travailleurs. Mais au delà de cet espoir sur la base de l'apparence, l'on sait tous que les bons diseurs ne sont pas forcément des bons faiseurs. Ce sera alors au pied du mur que ces derniers seront jugés.

Un autre aspect est que la machine gouvernementale pourra vite être grippée si les uns et les autres ne mettent pas de côté leur égo au service de nation. Dans la pratique il faudra fléchir sur certains détails et non être cramponné sur une position donnée avec le risque de vite quitter le navire comme pour mettre en avant son honneur et sa probité en lieu et place de l'urgence d'apporter des solutions adaptées pour la refondation.

Le deuxième constat sur les membres de ce gouvernement est le retour d'anciens militaires à la tête des départements en charge de l'administration et de la défense. Ainsi Yero BOLY ex ministre de la défense de Blaise Compaoré signe son retour et Barthélémy SIMPORE ministre sortant de la défense du régime déchu de Kaboré est reconduit.

La question que l'on se pose est de savoir ce qui a bien motivé surtout le retour de militaires du régime déchu d'autant plus que ces derniers sont tout aussi comptables de l'échec en matière de sécurité au même titre que le président sortant KABORÉ. L'on se rappelle que cet échec est l'un des motifs évoqués pour justifier le coup d'État du 24 janvier dernier. Alors pourquoi reconduire les acteurs qui visiblement n'ont pas pu contribuer à éviter le pire ? 

On peut penser justement que c'est dans l'espoir que leur expérience passée puisse mieux les inspirer pour de meilleures prise de décisions. Ils connaissent mieux les difficultés existentes et cela pourrait peut-être être un avantage. Il faudra dans tous les cas se rendre compte à l'évidence que les conditions d'exercice de leur mission sont différentes et que ce sera leur dernière chance de mieux faire au regard des nombreuses attentes. 
A quoi devront nous nous attendre avec la nouvelle équipe gouvernementale de cette transition de 2022?


PERSPECTIVES POSSIBLES:


Il faudra s'attendre à une rigueur de la part de l'opinion dans l'analyse et le jugement qui sera porté sur l'action gouvernementale. Cette éventualité se justifie par les qualités et les valeurs qui se cachent en certains nouveaux ministres d'une part et par l'expérience passée d'autres ministres d'autre part. Dans l'un ou dans l'autre cas cela suscite beaucoup d'espoir dans le sens de l'amélioration de la qualité de la gouvernance. Les membres du nouveau gouvernement devront donc travailler à relever le défi.

En outre il faudra s'attendre à des contestations dans la mesure où on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais surtout que certains acteurs sont issus des régimes déchus et bien placés pour être combattus. D'autres auront la tâche difficile à cause des acteurs qu'ils auront en face. Par exemple Bassolma BAZIE devra faire face à ses anciens camarades syndicats pour tenter d'apporter des réponses appropriées aux problèmes que lui-même soulevait lorsqu'il était à la tête de la structure syndicale des travailleurs. Quant à Lionel BILGO il aura la lourde tâche de réconcilier le personnel du MENA/PLN avec le ministère, tant cette relation n'était pas au beau fixe sous le ministre sortant Stanislas OUARO qui n'était pas loin de mépriser ses ressources humaines.

Au vue de tous ces aspects on peut prévoir une tâche difficile pour les différents ministres, surtout que la crise sécuritaire est loin d'être résolue. Et nous pensons qu'il faudra tirer des enseignements des équipes gouvernementales antérieures en ayant à l'esprit les aspirations populaires,en mettant en pratique les valeurs d'humilité et de considération dans la communication, et se rappellant que les leaders sont ceux qui arrivent à rassembler les gens autours d'un idéal commun,le tout dans un intérêt général.


Issouf SAGNON




LES PARENTS D'ÉLÈVES ET LA RENTRÉE DES CLASSES

  C'est la reprise des cours au Burkina Faso et dans bien d'autres pays. Intéressons-nous à l'implication des parents d'élèv...