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samedi 26 mars 2022

LA CRISE DU COMPORTEMENT AU BURKINA FASO 🇧🇫

LA PRINCIPALE CRISE AU BURKINA FASO NE RELÈVE-T-ELLE PAS DU COMPORTEMENT ?


Le Burkina Faso traverse une instabilité politique et sociale ces dernières années. S'il est vrai qu'à priori,les crises semblent politique et sécuritaire, force est de reconnaître que l'attitude,le comportement du Burkinabè laisse entrevoir une véritable crise sociale, celle comportementale.

Le comportement des citoyens au Burkina Faso soulève de façon générale deux fléaux essentiels: l'incivisme grandissant et une baisse du degré de patriotisme dans les faits.


L'incivisme se constate à tous les niveaux de la société. Des quartiers aux espaces publics en passant par la rue,les actes de l'incivisme sont de plus en plus récurrents. Cela traduit clairement une faiblesse de l'autorité de l'État sur les citoyens. Il est vrai que tous aspirent à la liberté mais en toute chose l'excès nuit.Il est alors urgent de rectifier le tir surtout à la base. Et les acteurs principaux de la société burkinabè sont interpelés.

 Il s'agit bien sûr des parents d'enfants dans chaque ménage. Chaque chef de famille devra durcir les conditions d'éducation de base en famille.

Il s'agit également des institutions en charge de l'éducation à commencer par l'État central et de l'école. Pourquoi pas généraliser et renforcer l'enseignement de l'éducation civique et morale au sein des établissements scolaires ? 

Il s'agit en outre des organisations coutumières et religieuses qui doivent insister sur le rôle du citoyen exemplaire au sein de la société. La réception du message peut être bien meilleure selon le milieu social.

Il s'agit enfin des cadres socioprofessionnels tels que les organisations de la société civile et celles syndicales qui devront impacter à leur niveau sur les mentalités des militants à travers des séances de sensibilisation et des stratégies de rappel sur la citoyenneté responsable. Tout ne devrait pas se résumer aux revendications diverses.

Il faudra dans tous les cas une synergie d'actions pour se pencher sérieusement sur la question afin d'espérer dans les années à venir, une baisse de l'incivisme dans le pays.


L'autre défis est celui du patriotisme. On est tenté de se demander si le Burkina Faso mérite toujours le surnom du pays des hommes intègres. Tant l'amour pour la patrie peine à se faire sentir dans les actes de tous les jours des différents acteurs de la société burkinabè.

Dans l'administration publique l'intérêt général semble être relégué au second plan au profit de l'intérêt personnel. Cela a certainement un impact négatif sur la qualité du service rendu ça et là. De quoi accentuer le retard du pays sur divers plans. Malheureusement, dans les services essentiels de la nation tels que l'armée, l'éducation,la santé,la justice,on constate des faits et des comportements qui prouvent un degré insuffisant de patriotisme au niveau des acteurs de terrain.

Du défaut de résilience aux détournements de fonds en passant par l'absentéisme et les retards,les preuves ne manquent pas pour incriminer bon nombre de travailleurs d'insuffisance patriotique. 

Sur la scène politique le constat est encore plus évident. Le comportement des militants politiques indique clairement que la majorité se bat pour des intérêts égoïstes, loin des intérêts généraux au profit de la nation. C'est certainement ce qui explique les revirements spectaculaires et des démissions d'une formation politique à une autre en fonction de la conjoncture et des opportunités offertes. Loin donc des principes de convictions et d'idéologies au profit du pays.

Cette crise du comportement nous paraît la plus importante à affronter. Parce que comment défendre ou servir idéalement son pays avec une éducation insuffisante en matière de civisme ?

Comment défendre ou servir idéalement son pays avec un degré insuffisant d'amour pour la nation et pour l'intérêt général ?

Il est donc impératif que l'État central ainsi que les collectivités territoriales adoptent des stratégies plus efficaces pour une éducation civique et morale à la base. Qu'on trouve également la politique adéquate pour cultiver l'amour pour la patrie !

Pour y arriver l'exemple doit certainement venir d'en haut avec une gouvernance vertueuse. Avec également une culture de la sanction , sans corruption,contre les actes inciviques et contre tout acte mettant en danger l'intérêt général.

Il est certain que quelque soit le domaine,le pays aura besoin des citoyens de qualité, vertueux, travailleurs et intègres afin que le pays continue de mériter pleinement son nom de pays des hommes intègres et que cette intégrité tant vantée ne se résume pas aux slogans. 


Issouf SAGNON



jeudi 10 mars 2022

QUELQUES DÉFIS PRATIQUES À RELEVER DANS L'ÉDUCATION NATIONALE AU BURKINA FASO 🇧🇫

Au Burkina Faso il est connu de tous que le système éducatif rencontre d'énormes difficultés de façon générale. Dans la pratique certains problèmes attirent notre attention, et qui méritent de susciter sérieusement des interrogations au niveau des dirigeants du secteur de l'éducation.



QUELQUES DÉFIS ET DYSFONCTIONNEMENTS PRATIQUES DANS LE SYSTÈME DE L'ÉDUCATION DE BASE.

Le système qui va du Ministère de l'éducation nationale aux différents établissements en passant par les différentes directions (régionales et provinciales) est composé de plusieurs maillons interdépendants . Par conséquent le moindre soucis sur un maillon donné impacte sur toute la chaîne du système. 

D'où la nécessité de faire un diagnostic sérieux sur la pratique des activités d'enseignement au sein du système. Dès lors on peut retenir :


1-Le défis des réformes ancrées dans la durée :

Ce défi paraît général, mais il aura son impact sur la pratique.

Nous avons fait la remarque selon laquelle les réformes au sujet de l'éducation nationale sont presque conjoncturelles. Elles semblent être menées selon les orientations "politiciennes" et non selon les attentes d'une éducation, socle de tout développement. Et pourtant, tout n'est pas à politiser ! Il faut "dépolitiser" le secteur de l'éducation, même si cela semble impossible.

Et la meilleure façon de le faire n'est -elle pas celle d'une réforme structurelle inscrite dans la durée ? 

Et la période de la transition politique est la meilleure opportunité.

Nous pensons à une sorte de Politique Nationale en matière D'Éducation Nationale adoptée et consacrée par la Constitution. Ladite politique pourra être conçue par différents acteurs (praticiens du monde éducatif,OSC, Syndicats, politiques,etc). Elle fixera les objectifs à atteindre à cours, moyen et long terme. Une loi d'application pourra en définir le régime juridique et institutionnel.

Une telle réforme constitutionnelle sur la Politique Nationale en matière D'éducation a plusieurs mérites. Notamment celui de mettre en relief le caractère primordial de l'éducation et surtout le mérite d'éviter que les hommes politiques viennent "flirter" avec l'éducation à travers des "réformettes" dont l'objectif est beaucoup plus politique. 

Surtout quant on sait que " l'homme politique pense aux prochaines élections, contrairement à l'homme d'État".

D'autres réformes seront certainement nécessaires dans le cadre de la mise en œuvre du protocole d'accord sur le statut valorisant de l'enseignant ou dans cadre de la révision des curricula.

2-Le problème de la formation continue sur le terrain :  

Ce problème est beaucoup plus pratique.

Nul besoin de rappeler les conditions de recrutement du personnel au profit du système éducatif. Une chose est sûre, plusieurs acteurs y arrivent avec des insuffisances et parfois avec moins de vocation. La formation continue s'impose si on tient vraiment à la qualité des résultats recherchés. 

Mais dans la pratique,les séances de renforcement des capacités organisées sur le terrain,le sont beaucoup plus au profit des acteurs occupant des postes de responsabilité et d'encadrement. Les acteurs directs sur le terrain que sont les enseignants,les conseillers et assistants d'éducation,etc ,en bénéficient de façon insuffisante. Alors qu'ils sont les mieux placés pour impacter beaucoup plus sur les résultats attendus !

Il appartient alors aux nouvelles autorités de donner des orientations et des recommandations nécessaires pour améliorer cet aspect au niveau des différentes directions régionales et provinciales.

3-Le problème relatif aux associations des parents d'élèves (APE):

Il faut rappeler que les APE sont également considérées comme les acteurs du système éducatif et sont des partenaires dans le fonctionnement des différents établissements. Mais ce partenariat est-il vraiment fructueux au profit de l'État et des écoles ? La réponse par l'affirmative est loin d'être évidente. 

De façon pratique,ces structures tirent leurs ressources financières au sein des établissements, mais disposent d'une autonomie dans leurs gestions. Il se trouve que leur gestion financière n'est pas toujours au profit des pauvres élèves dont les parents côtisent. Si dans certaines écoles,les APE font des réalisations, force est de constater que l'apport de ces structures reste insuffisant au moment où l'État et les services déconcentrés sont à la recherche permanente de partenaires pour la réalisation des différentes attentes.

Il est alors impérieux de revoir le régime juridique des APE dans le sens d'un partenariat beaucoup plus fructueux. Sans oublier la nécessité d'accompagner leurs membres avec des séances de formation et de sensibilisation autour des objectifs,des besoins et de la législation du système éducatif.

4- La crise de générations sur le terrain :

Ça n'a l'air de rien, mais c'est bien réel et a un impact sur les relations au sein du système éducatif. Les nouvelles générations sont de plus en plus éveillées, cultivées et réformistes. Les anciennes générations sont plus ou moins conservatrices.

De façon pratique certaines actions de modernisation sont mal comprises et moins soutenues par les anciens ; certaines démarches de lutte sont perçues comme une défiance par les anciens ; certaines prises de position dans le sens du débat constructif autour du service public sont parfois interprétées comme manque de respect à l'endroit des anciens, et j'en passe.

Et pourtant le personnel du domaine éducatif est de plus en plus jeune avec ses caractéristiques qui vont avec. Les conflits de générations sont réels. Du coup il est nécessaire pour le Ministère de l'Éducation Nationale et ses différents partenaires, d'entreprendre un travail d'adaptation de l'état d'esprit des différentes générations au sein des acteurs du secteur de l'éducation.

5- Le défis de l'éducation financière au sein des Conseils de Gestion des Établissements Scolaires (COGES) :

L'argent, c'est" le nerf de la guerre" dit-on. D'où la nécessité d'avoir une éducation adéquate en matière de gestion des maigres ressources financières au sein des établissements. Déjà l'accompagnement de l'État au fonctionnement pratique des établissements est insuffisant. Il est alors important que les ressources endogènes récoltées soient gérées de façon efficiente et responsable pour le bonheur des établissements scolaires.

La pratique montre des situations délicates au sujet de la gestion financière. C'est l'exemple des missions multiples et moins nécessaires ou des cas de surfacturations,etc. Faut-il rappeler alors qu'il est important de jeter davantage un œil sur cet aspect ? 

De la sensibilisation à la sanction en passant par les contrôles réguliers,il faudra alors trouver une formule pour une gestion responsable. Cela entre dans le cadre général de la lutte contre la corruption et pour une gouvernance vertueuse.


En sommes les défis à relever dans le secteur sont nombreux. La liste est longue. La meilleure façon d y arriver serait de se vêtir du costume et de l'âme du leader à tous les niveaux de responsabilité,de rester fortement attaché aux valeurs de patriotisme et d'intégrité sans oublier les principes de compétences à tous les niveaux. Puisque "éduquer ou périr" reste plus que jamais un impératif sur les générations présentes au profit de celles à venir surtout.


Issouf SAGNON



dimanche 6 mars 2022

GOUVERNEMENT DE TRANSITION, ANALYSE ET PERSPECTIVES

 Nommé comme premier ministre de transition quarante huit heures après le Dr Albert OUEDRAOGO et le lieutenant Colonel P.H.S.DAMIBA ont rendu publique la composition du gouvernement de transition. Et une chose est certaine,il y a des surprises comme il fallait s'y attendre.

Quelle analyse pouvons-nous faire de cette composition ?

À quoi faut-il s'attendre avec une telle équipe gouvernementale ?


NOTRE ANALYSE DE LA COMPOSITION DU GOUVERNEMENT ALBERT OUEDRAOGO I :


Le premier constat que l'on peut faire est l'arrivée de nouvelles têtes , disons nouvelles à ce niveau de responsabilité politique mais bien connues dans la construction de l'opinion publique.
Il s'agit notamment de la présence de Lionel BILGO à la tête de l'éducation nationale et surtout de Bassolma BAZIE en charge de la fonction publique dont l'entrée qui fait couler beaucoup d'encre. 

Sur la base de leur prise de position et de valeurs que ces derniers dégagent,on peut affirmer que ces noms suscitent de l'espoir dans la logique de refondation . En effet ces deux sont connus pour leurs avis tranchants sur l'actualité nationale et internationale . Surnommé Général par les syndicats des travailleurs Bassolma BAZIE est connu dans ses luttes menées à la tête de la structure syndicale des travailleurs. Mais au delà de cet espoir sur la base de l'apparence, l'on sait tous que les bons diseurs ne sont pas forcément des bons faiseurs. Ce sera alors au pied du mur que ces derniers seront jugés.

Un autre aspect est que la machine gouvernementale pourra vite être grippée si les uns et les autres ne mettent pas de côté leur égo au service de nation. Dans la pratique il faudra fléchir sur certains détails et non être cramponné sur une position donnée avec le risque de vite quitter le navire comme pour mettre en avant son honneur et sa probité en lieu et place de l'urgence d'apporter des solutions adaptées pour la refondation.

Le deuxième constat sur les membres de ce gouvernement est le retour d'anciens militaires à la tête des départements en charge de l'administration et de la défense. Ainsi Yero BOLY ex ministre de la défense de Blaise Compaoré signe son retour et Barthélémy SIMPORE ministre sortant de la défense du régime déchu de Kaboré est reconduit.

La question que l'on se pose est de savoir ce qui a bien motivé surtout le retour de militaires du régime déchu d'autant plus que ces derniers sont tout aussi comptables de l'échec en matière de sécurité au même titre que le président sortant KABORÉ. L'on se rappelle que cet échec est l'un des motifs évoqués pour justifier le coup d'État du 24 janvier dernier. Alors pourquoi reconduire les acteurs qui visiblement n'ont pas pu contribuer à éviter le pire ? 

On peut penser justement que c'est dans l'espoir que leur expérience passée puisse mieux les inspirer pour de meilleures prise de décisions. Ils connaissent mieux les difficultés existentes et cela pourrait peut-être être un avantage. Il faudra dans tous les cas se rendre compte à l'évidence que les conditions d'exercice de leur mission sont différentes et que ce sera leur dernière chance de mieux faire au regard des nombreuses attentes. 
A quoi devront nous nous attendre avec la nouvelle équipe gouvernementale de cette transition de 2022?


PERSPECTIVES POSSIBLES:


Il faudra s'attendre à une rigueur de la part de l'opinion dans l'analyse et le jugement qui sera porté sur l'action gouvernementale. Cette éventualité se justifie par les qualités et les valeurs qui se cachent en certains nouveaux ministres d'une part et par l'expérience passée d'autres ministres d'autre part. Dans l'un ou dans l'autre cas cela suscite beaucoup d'espoir dans le sens de l'amélioration de la qualité de la gouvernance. Les membres du nouveau gouvernement devront donc travailler à relever le défi.

En outre il faudra s'attendre à des contestations dans la mesure où on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais surtout que certains acteurs sont issus des régimes déchus et bien placés pour être combattus. D'autres auront la tâche difficile à cause des acteurs qu'ils auront en face. Par exemple Bassolma BAZIE devra faire face à ses anciens camarades syndicats pour tenter d'apporter des réponses appropriées aux problèmes que lui-même soulevait lorsqu'il était à la tête de la structure syndicale des travailleurs. Quant à Lionel BILGO il aura la lourde tâche de réconcilier le personnel du MENA/PLN avec le ministère, tant cette relation n'était pas au beau fixe sous le ministre sortant Stanislas OUARO qui n'était pas loin de mépriser ses ressources humaines.

Au vue de tous ces aspects on peut prévoir une tâche difficile pour les différents ministres, surtout que la crise sécuritaire est loin d'être résolue. Et nous pensons qu'il faudra tirer des enseignements des équipes gouvernementales antérieures en ayant à l'esprit les aspirations populaires,en mettant en pratique les valeurs d'humilité et de considération dans la communication, et se rappellant que les leaders sont ceux qui arrivent à rassembler les gens autours d'un idéal commun,le tout dans un intérêt général.


Issouf SAGNON




jeudi 24 février 2022

QUELQUES INTERROGATIONS URGENTES À SE SOUMETTRE

DU CONTEXTE


Au Burkina Faso et en Afrique occidentale on assiste à une résurgence des coups d'État paradoxalement "acceptés".

Dès lors,on est en droit de s'interroger sur la politique de gouvernance adéquate en Afrique surtout entre les systèmes révolutionnaire et démocratique.

✍️: Issouf SAGNON


DÉMOCRATIE LÉGALE OU RÉVOLUTION LÉGITIME?

En Afrique malgré l'avènement des régimes démocratiques depuis les années 1990, force est de constater que le continent peine à se hisser au niveau des puissances émergentes. La faute,en grande partie ,aux querelles liées à la qualité de la gouvernance politique le plus souvent.

En Afrique occidentale les défis du moment ont même conduit au retour des prises de pouvoir par les armes. Curieusement ces coup d'État semblent être bien accueillis du fait des difficultés à trouver des réponses adéquates aux défis économiques et sécuritaires de la part des régimes déchus.

Le paradoxe est encore plus grand lorsque des acteurs censés défendre les principes démocratiques tendent à justifier les coups de force pour le pouvoir politique, dans le même sens que des populations qui en trouvent un motif d'espoir . De quoi faire avancer l'argument de la légitimité au-dessus de celui de la légalité. 

Faisant le rapport avec le bilan de l'avènement de la démocratie,on est tenté de se demander s'il faut continuer à opter pour des régimes démocratiques, étant donné que la plupart des pouvoirs issus de ces régimes n'ont pas réussi à porter les pays respectifs au rang des puissances émergentes depuis les indépendances jusqu'à nos jours.

Il faut cependant pousser la réflexion plus loin afin de relever quelques nouvelles questions :

Est-ce la faute aux principes démocratiques ?

Ou la faute des hommes politiques qui en font mauvais usage ?

 Si dans un pays donné il est reconnu que les difficultés sont liées aux principes démocratiques,il faudra y alors repenser la démocratie ,la réadapter au contexte socio-culturel dudit pays.Il faudra certainement s'attendre à d'énormes difficultés d'application eu égard aux réalités sociales (notamment sur ,l'ethnie la religion,la culture) qui ont un poids lourd sur l'organisation des systèmes de dévolution et de gestion du pouvoir politique, hormis un cadre légal rigoureux.

Si l'on s'accorde aussi que la faute n'est pas imputable aux principes démocratiques mais plutôt aux hommes politiques qui en font un usage déplacé ou qui n'en utilisent pas,il faudra alors renforcer nos systèmes démocratiques, rendre vivace et sein le débat public politique afin d'aboutir à une grande et meilleure participation des populations au jeu électoral. 


En tout état de cause,il faudra se résoudre à faire un choix de gouvernance. Au regard des deux grandes tendances "RÉVOLUTION LÉGITIME" et "DÉMOCRATIE LÉGALE" qui se dessinent,la meilleure option semble être le recadrage des acteurs du jeu électoral que sont essentiellement les partis politiques autour de ces deux blocs idéologiques. Ceci aura le mérite de guider l'engagement et le militantisme vers des bases idéologiques auxquelles les acteurs pourront y joindre des programmes et de nouvelles convictions.


vendredi 11 février 2022

ACTUALITÉ JURIDIQUE AU BURKINA FASO, QUELLE LECTURE ?

Ces dernières années l'actualité juridique au Burkina Faso a été beaucoup mouvementée. En effet depuis plus d'une dizaine d'années des réformes et des tentatives de réformes ont été initiées ou menées par les autorités politiques diverses. Le constat est que cela traduit une instabilité juridique qui n'est pas sans conséquence sur la stabilité politique du pays.





UNE INSTABILITÉ JURIDIQUE, CAUSE DE L'INSTABILITÉ POLITIQUE ! 


Depuis les années 2011-2012 le pays a connu fréquemment une actualité houleuse sur les plans juridique et legal. La tentative de réforme majeure demeure celle au sujet de l'article 37 de la constitution de l'époque et de l'institutionnalisation du Sénat. On se rappelle que la volonté d'opérer ces réformes avait nécessité la mise en place d'un cadre de concertation pour les réformes politiques (CCRP). Chose qui a longtemps animée la classe politique jusqu'à un aboutissement inattendu en 2014 avec la chute du régime Compaoré. 

Sous la transition politique de 2015 des réformes ont été opérées également. Le milieu juridique a été mouvementé par la même occasion. Là également on se souvient qu'au départ de la transition des forces vives ont dû adopté une charte de la transition après l'appel du Conseil Constitutionnel et on a assisté à la suspension de la constitution. En outre la fameuse loi "Shérif" a été adoptée, entre autres,et consacrait l'exclusion de certains candidats issus de l'ex majorité,en guise de sanction politique pour leur part de responsabilité dans les évènements ayant conduit à l'insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014. 

Le nouveau régime issu des élections du 29 Novembre 2015 a à son tour adopté des réformes et marqué l'actualité juridique qui cependant était éclipsée par la situation sécuritaire du pays. De la révision du code pénal à l'adoption de la loi portant création des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) en passant par la relecture de la constitution et du code électoral,on a assisté à de nombreuses réformes qui cependant, ne se sont pas toujours inscrites dans la durée et n'ont pas toujours été à l'origine d'institutions fortes.

Ce manque de "solidité" dans la durée de certaines réformes a été la cause de crises politiques fréquentes et donc d'une instabilité politique parce que les institutions républicaines demeurent moins fortes. Par conséquent la mission des praticiens du Droit et des exécutants des textes s'avère délicate.D'autant plus que de nouveaux éléments entrent en jeu, notamment les aspects de légitimité et de rapport de force.


L'IMPACT DE LA LÉGITIMITÉ ET DU RAPPORT DE FORCE SUR LE DROIT ET LA LÉGALITÉ.


La remarque que nous avons pu faire est que la notion de légitimité interfère fréquemment dans l'interprétation et l'exécution des normes au Burkina Faso ces dernières années. La fragilité des institutions liée à la non solidité du système normatif facilitent cet état des choses. En rappel cette notion de légitimité avait fortement encourager, à juste titre une grande partie de la population qui s'était insurgée contre la modification de l'article 37 de la constitution en 2014.

Par la suite plusieurs décisions et textes ont été votés selon le rapport de force au profit des principaux acteurs du moment. Ce fut le cas de la dissolution du Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP),le cas de la validation de la loi "Shérif" malgré la réserve émise par la cour de justice de la CEDEAO,etc.

Il est alors certains que notre système normatif et nos institutions sont loin de la force nécessaire pour garantir une stabilité politique durable. En plus de cette instabilité le défit sécuritaire depuis 2016 a rendu difficile la gouvernance politique. Ce qui a largement contribué à l'avènement du MPSR au pouvoir par Coup d'État du 24 janvier 2022.

L'on constate encore une actualité juridique bouillante. En effet les principales institutions républicaines ayant été dissoutes par les acteurs du coup d'État,il fallait camoufler au sujet d'une base juridique sur laquelle fonder le nouveau pouvoir. D'où la création par le MPSR de l'Acte Fondamental contenant des dispositions à travers des Titres et des articles.

L'aspect rapport de force entrant en jeu, l'Acte Fondamental semble se superposer à la constitution et la rend implicitement subordonnée à l'acte fondamental en cas de contradiction. L'article 36 de l'acte fondamental stipule qu'"avant l'adoption d'une charte de transition,les dispositions du présent Acte fondamental fondent le pouvoir du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration."

Le même article précise dans son alinéa 2 que" dès sa signature, l'Acte Fondamental lève la suspension de la constitution du 2 Juin 1991 qui s'applique à l'exception des ses dispositions incompatibles avec le présent Acte."

 On perçoit clairement une situation qui affecte la supériorité de la constitution censée être au sommet de la hiérarchie des normes.On se pose alors la question de savoir s'il était nécessaire de lever la suspension de la constitution vu qu'elle ne pourra pas s'appliquer pleinement dans toutes ses dispositions.

L'impact des aspects de légitimité et de rapport de force est d'autant plus grand qu'il affecte par moment l'attitude des acteurs de la société en fonction de la conjoncture sociale. Par exemple le coup d'État du 24 janvier semble être bien accueilli par bon nombre de personnes,pas au nom de la légalité en tout cas!

Comme mentionné plus haut ces facteurs ne facilitent pas non plus la tâche des praticiens et des acteurs du droit et de la justice qui semblent s'adapter à la situation du moment au détriment des principes juridiques et légaux.

 En témoigne les décisions du Conseil Constitutionnel qui après avoir constater à juste titre la vacance de la Présidence du Faso par décision n° 2022-003/CC du 08 février 2022  a décidé de la dévolution des fonctions du Président du Faso au profit du L.C.P.H Damiba par décision n° 2022-004 de la même date.

Cette dernière décision sur la dévolution du pouvoir a suscité beaucoup de réactions chez les acteurs du Droit. En décidant ainsi le Conseil Constitutionnel n'a-t-il pas constitutionnalisé indirectement les coups d'État comme moyen d'accession au pouvoir ? Les sages du Conseil Constitutionnel ne pouvaient- ils pas se contenter de constater la vacance de pouvoir à la Présidence du Faso et de prendre acte de la situation actuelle en appellant à un retour rapide à l'ordre Constitutionnel? 

Une chose est certaine la conjoncture actuelle ne facilite pas les choses pour les autorités en charge de l'application du Droit. D'ailleurs au sujet des juridictions ,si l'article 33 de l'Acte Fondamental rappelle que" la justice est indépendante" dans l'alinéa 1, son alinéa 2 précise par contre que" les juridictions conservent leurs prérogatives en ce qu'elles n'ont rien de contraire au présent Acte". 

Est-ce à dire que les juridictions perdent leurs prérogatives en tout ce dont elles auront de contraire à l'acte fondamental, consacrant ainsi la suprématie de cet acte fondamental à la constitution ? En somme,au Burkina Faso le Droit et la légalité sont fortement impactés par la volonté politique des acteurs disposant d'un rapport de force favorable d'une part et d'autre part par des interprétations de la part de l'élite sur la base de la légitimité. Mais légitimité jusqu'à quand ? Puisque la pratique nous montre clairement qu'après avoir utilisé la notion de légitimité pour couvrir un pouvoir ou une situation conjoncturelle donnée,dans la gouvernance,les principaux acteurs finissent par s'éloigner des valeurs qui renvoient à cette légitimité.

Il est alors capital de réussir à se doter d'un arsenal juridique solide s'inscrivant dans la durée afin d'avoir un encrage important d'institutions fortes au Burkina Faso. Après quoi,il vaudra mieux s'attacher fortement aux principes afin d'éviter l'exploitation des différents systèmes de gestion de la société Burkinabè en fonction des rapports de force du moment.

Issouf SAGNON.

@sagnon_issouf.

Sagnon226.blogspot.com


mercredi 2 février 2022

LE CONSTAT AMER DES TROIS ÉCHECS

 Au Burkina Faso et presque partout en Afrique les évènements nous conduisent à faire un constat amer, celui d'un échec multidimensionnel. Pas dans le but de dévaloriser ou de sous-estimer les progrès déjà réalisés de part et d'autre. Mais plutôt dans l'espoir d'arriver à un lendemain meilleur dans les domaines essentiel de développement.

Nous pouvons alors déduire des difficultés de l'heure l'échec du peuple, l'échec de la classe politique et l'échec de l'élite dans son ensemble.


POURQUOI L'ÉCHEC DU PEUPLE ?


Ne dit-on pas que le pouvoir appartient au peuple ?

Ne dit ont pas que chaque peuple mérite ses dirigeants ?

Parce qu'il appartient à chaque peuple de déterminer le chemin à suivre,de déterminer qui doit diriger,de déterminer comment diriger,etc ,le tout pour le présent et pour les générations à venir.

Et pour y arriver il faudra d'abord prendre conscience que le peuple comprend toutes les personnes de toutes les composantes de la société dans son ensemble. Ensuite il faudra une synergie d'actions entre les catégories d'acteurs de la société dans la prise de conscience collective, dans la politique de la société de façon générale. Par exemple l'intellectuel est censé servir d'ambassadeur auprès du paysan illettré pour une amélioration des affaires courantes de la société. Et ce,en considération des droits et devoirs des citoyens. Cette synergie d'actions devrait être réelle entre tous les membres de la société de façon à combler les manques ça et là afin que chacun puisse contribuer activement et positivement à la construction de la société.

Malheureusement il se trouve que dans chaque catégorie,les membres du peuple ne s'occupent que de ce qui les intéressent,de façon égoïste. 

L'homme politique ne s'intéresse que de comment conquérir et conserver le pouvoir .

Le commerçant ne s'intéresse que de comment réaliser son profit dans ses affaires quotidiennes.

Le "petit bourgeois", fonctionnaire ou pas ,ne s'intéresse qu'à sa petite famille et à son compte bancaire.

Ainsi de suite, chacun semble se chercher de sorte que le facteur commun est ignoré jusqu'au jour où on se rende compte qu'il faut s'occuper de l'intérêt général sur tel ou tel plan.

 Cette démission de la majorité des acteurs dans l'engagement citoyen pour l'intérêt général laisse alors la lassitude à une minorité de s'occuper à ce qui intéresse tout le monde. Par exemple sur le plan politique cela fausse la donne dans la mesure où une minorité de la population élit le plus souvent le président qui est censé incarner les aspirations de tous ou de la grande majorité.

Il est parfois fréquent d'entendre dire que les hommes politiques manipulent et profite de l'ignorance du "bas peuple" que l'on qualifie de "mouton", justifiant ainsi l'échec de celui ci. Comme si le manque d'instruction est synonyme d'absence de valeurs ! Comme si la pauvreté est forcément synonyme d'absence de valeurs!

IL faut alors reconnaître que le peuple a échoué en Afrique et au Burkina Faso car depuis les indépendances les pays sont à la traîne. 

Le Burkina Faso y était presque après l'insurrection populaire en terme d'éveil de conscience. Mais le temps a prouvé l'inconsistance et l'incohérence du peuple dans son ensemble. Et ce , à tous les niveaux. 

Il est alors urgent que la synergie d'actions soit réelle pour une prise de conscience collective afin que chaque citoyen puisse participer activement et de façon constructive à l'édification de nos pays.


POURQUOI L'ÉCHEC DE LA CLASSE POLITIQUE ?


Parce que c'est elle qui regroupe le mieux les décideurs et les responsables dans les domaines les plus importants du développement et dans les institutions les plus importantes. Il appartient donc à la classe politique de trouver les meilleures formules pour le bien être de tous dans la société. Pour y arriver le peuple et les intérêts du peuple devraient être au centre des préoccupations au niveau des dirigeants. 

Le constat est que ce n'est pas le cas. L'objectif de la classe politique est clairement résumé à comment obtenir et conserver le pouvoir politique. D'où cet échec. Parce que les politiques et les systèmes dans les différents domaines ne sont pas adaptés aux besoins des populations mais plutôt aux besoins politiques des hommes politiques. 

Voilà pourquoi les systèmes éducatifs ne sont pas adaptés aux réalités de l'emploi car cela demandera une vision et une volonté dans le long terme au moment où les hommes politiques pensent aux prochaines élections ;

Voilà pourquoi les systèmes sécuritaires n'ont jamais été adaptés à la protection des populations au moment où ils ont été façonnés pour la protection de tel ou tel régime ;

Et j'en passe...

Là également il est urgent que les futurs dirigeants sachent qu'il est temps d'apprendre à être des leaders et des hommes d'État qui auront de façon permanente à l'esprit la satisfaction des besoins réels des populations,et donc devront avoir au centre de leurs  préoccupations la satisfaction des intérêts généraux en lieu et place des intérêts égoïstes. Ils devront apprendre à penser aux générations futures au moment où il faudra régler les problèmes de l'heure. D'où la nécessité de faire preuve d'anticipation, d'intelligence,de responsabilité, d'intégrer les valeurs et les principes légaux dans les actes de tous les jours.


POURQUOI L'ÉCHEC DE L'ÉLITE ?


Pour son incapacité à impacter positivement non seulement sur la qualité de la gouvernance mais aussi sur la qualité de l'éveil des consciences. La minorité qui arrive à  y jouer sa partition n'y arrivera jamais seule. Parce que l"élite dans son ensemble a trahi son peuple" comme le dira le Pr Laurent BADO. En effet il est fréquent de voir des intellectuels mettre leurs compétences,leur intelligence au profit d'un régime,d'une classe politique en lieu et place du profit des populations.

 Pour profiter des avantages du pouvoir des juristes ont eu à orienter des interprétations textuelles aux profits des hommes politiques et non au profit de l'intérêt général ;

Pour les mêmes raisons des économistes ont cautionné des prises de décisions sur l'économie nationale dans le sens des objectifs politiques à atteindre et non dans le sens de la satisfaction des besoins populaires.

De la même façon des leaders d'organisation de la société civile ont troqué leurs convictions et les règles de la morale avec des avantages politiques soit en manifestant activement leur soutien à telle ou telle famille politique au moment où leur rôle essentiel était d'assurer la veille, soit en adoptant une posture de silence complice sur des questions essentielles au moment où leur avis éclairé serait le bienvenu.

Et j'en passe...

Ces cas sont fréquents au Burkina Faso et ailleurs en Afrique. L'ensemble de ces échecs justifie suffisamment les difficultés existantes et l'ampleur des défis à relever. Il faut donc impérativement que l'élite également se mette au service de son peuple d'autant plus que c'est le peuple qui supporte le coût de sa formation scolaire et académique. Elle doit aussi incarner des valeurs, promouvoir l'engagement par convictions et participer franchement à l'éveil des consciences populaires.


Issouf SAGNON

dimanche 30 janvier 2022

NOMADISME POLITIQUE,ON EN PARLE TOUJOURS 🇧🇫

 S'il y a un phénomène qui impacte peu honorablement sur le domaine politique au Burkina Faso c'est bien la migration politique,le nomadisme politique entre différentes formations politiques.

L'animation de la vie politique est assurée essentiellement par les partis politiques en conformité avec la charte des partis politiques adoptée par la loi du 28 novembre 2001. 

Cette animation est également encadrée juridiquement par des dispositions de la constitution,du code électoral et parfois par la jurisprudence à travers les cours de juridictions notamment le conseil d'État.

Malgré cet arsenal juridique le milieu politique est loin de présenter un visage reluisant d'autant plus que les hommes qui l'animent sont loin de la perfection. Il y a une vingtaine d'années le Dr Arsène Bognessan Yé ne pensait certainement pas si bien le dire, lorsqu'il affirmait que la morale a foutu le camp. 

En effet il est fréquent de voir des militants de partis politiques fouler au pieds les règles de bienséance en monayant leurs convictions politiques au profit de formations politiques autres que leur parti d'origine. 

Ce nomadisme se concrétise le plus souvent par des démissions au profit d'un parti politique selon les meilleurs opportunités offertes. Il se pose bien sûr le problème de conviction et d'idéologie censées guider les Hommes politiques au moment de leur engagement. 

Pour tenter de lutter contre ce nomadisme politique la constitution en son article 85 précise que "tout mandat impératif est nul". Avant de préciser par le même article qu'en cas de démission par un député de son parti ou formation d'origine,il est déchu de son mandat. Il en est de même que l'indépendant lorsqu'il perd son statut au profit d'un parti ou formation politique. "Il est procédé à son remplacement conformément à la loi".

Le code électoral également en son article 238 s'inscrit dans la même logique et prescrit le remplacement des élus démissionnaires de façon officielle. Cependant ces sources juridiques ne prévoient pas clairement tous les détails. Qu'en est-il par exemple des démissions officieuses ? Et que dire des situations conjoncturelles pouvant entraîner un bouleversement au sein des partis et formations politiques ?

En fait il est possible de constater qu'en cours de mandats,des élus adoptent des attitudes ne s'inscrivant pas dans les lignes de conduite de leur formation d'origine,sans pour autant démissionner officiellement. C'est d'ailleurs ce genre de situations qui ont poussé le ministère de l'administration territoriale en charge de la vie politique à adresser une correspondance au Conseil d'État le 03 Décembre 2020 afin d'obtenir son avis. On se rappelle que la haute juridiction administrative avait rappeler la possibilité de remplacement par le suppléant de l'élu démissionnaire avant de préciser qu'il appartient aux partis politiques de veiller à inviter l'élu qui viendrait à rompre le"contrat moral" qui le liait à son parti ou formation politique d'origine,de présenter sa démission de façon officielle afin d'en tirer toutes les conséquences y relatives.

La pratique nous fait constater également des retournements spectaculaires de "vestes" dès lors qu'une situation conjoncturelle se présente sur le plan politique avec un avenir sombre en termes d'opportunités. Ce fut le cas en 2015 après l'insurrection populaire au Burkina Faso où l'ex majorité s'est explosée à travers des démissions en cascades au profit du nouveau pouvoir. Ce sera certainement le cas avec la chute du régime Kaboré et du MPP par le coup d'État du 24 janvier 2022.

Il urge alors de revoir une fois de plus la législation en la matière afin de mettre fin ou de minimiser au maximum ces migrations politiques qui le plus souvent ne se justifient par aucune conviction ou idéologie politique.Pourquoi pas adopter une législation contraignant les partis et formations politiques à ne se constituer qu'autour de deux blocs idéologiques comme c'est le cas aux États Unis d'Amérique ? De façon à ce que dès sa création tout parti ou formation politique s'inscrive forcément sur le registre de tel ou tel bloc idéologique, quit à passer par des élections primaires pour une éventuelle désignation de candidats aux différents postes électifs ?

Les nouvelles autorités sont alors interpellées. Dans tous les cas il faudra que les hommes politiques et les acteurs de la société burkinabè dans leur ensemble s'efforcent à incarner des valeurs,des idéologies afin d'espérer une meilleure moralisation de la vie politique dans notre pays.


Issouf SAGNON

mardi 25 janvier 2022

COUP D'ÉTAT AU BURKINA FASO , QUELLE LECTURE ?🇧🇫

 Comme au Mali la situation politico- sécuritaire a fini par conduire vers une situation d'exception. Un coup d'État restera toujours un moyen exceptionnel d'arriver au pouvoir,loin des modes d'acquisition et de gestion réglementaires. Et tout bon démocrate ne devrait pas s'en réjouir. Tant que nos textes resteront en l'état, tout coup d'État doit être condamné.

Mais lorsque vous vous retrouvez déjà dans la situation d'exception, que faire ? À cette question nous pensons qu'il faut évaluer les causes et envisager les meilleures perspectives possibles.


POURQUOI UN COUP D'ÉTAT ?


De prime abord l'incapacité des dirigeants à trouver des réponses appropriées au problème sécuritaire est la principale raison (qui ne justifie pas pleinement un coup d'État). 

En clair,sur le plan sécuritaire aucune stratégie adéquate n'a pu être trouvée pour jubiler la crise. Il faut dire que depuis la transition de 2015 et la dissolution du Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP) le système sécuritaire a été bouleversé et ne répondait plus aux impératifs sécuritaires. Surtout qu'à l'époque la stabilité apparente du pays n'était pas forcément liée à la fiabilité d'un système de défense et de sécurité mais beaucoup plus à une gestion axée sur des compromis.

Comment le régime Kaboré pouvait-il trouvé la solution efficace si dès les premières attaques terroristes l'on a préféré soupçonner le régime sortant, plutôt que de prendre la situation au sérieux ? Par la suite s'en est suivi un changement de gouvernements et de personnes de façon conjoncturelle sans pour autant arriver à mettre en place une stratégie structurelle efficace.

Parce qu'en réalité les résultats prouvent un échec en matière de sécurité. Du nombre de morts de personnes civiles et de forces de défense et de sécurité à la mauvaise gestion des crises par la hiérarchie militaire en passant par le nombre de personnes déplacées internes on a pu découvrir l'incapacité à trouver des réponses adaptées.

Pire encore le mensonge,la corruption et le manque de leadership ont été constatés dans la gestion de la crise sécuritaire. Comment avoir l'adhésion populaire pour la lutte après la gestion des cas de Solhan,d'Inatan ou d'acquisition d' hélicoptères  avec à chaque fois des révélations troublantes ?

Le comble fut donc de constater la déception des populations de tout bord politique et social. Comme si cela ne suffisait pas une sorte de restriction de liberté a été constatée à travers les coupures intempestives d'internet et les arrestations fréquentes des leaders des manifestations après les interdictions de manifester difficilement justifiables et objectives.

Dans d'autres secteurs comme la justice, l'exemple était loin d'être donné. Les dossiers emblématiques, d'envergure politique jugés et en cours de jugement ne suffisent pas pour convaincre. Parce qu'après plusieurs révélations et enquêtes d'organes de lutte contre la corruption,l'initiative a rarement été prise d'inquiéter des personnes en raison de leur proximité d'avec le pouvoir politique.

Sur le plan de la gouvernance,il a été fréquemment constaté un manque d'humilité et de leadership notamment sur certains responsables ministériels qui n'ont pas su réunir leur personnel autour d'un même idéal.

Du coup un ensemble de conditions semblaient réunies d'autant plus que sur le plan sécuritaire les forces de défense et de sécurité sont les principales victimes du terrorisme avec les populations locales. Surtout la franche jeune de ces FDS . D'où, certainement l'option, pour eux,de passer par la force pour tenter de susciter un nouvel espoir. Le coup d'État étant déjà fait, quelle conduite pour la suite ?


COUP D'ÉTAT,ET APRÈS ?


Après il faut d'abord se souvenir qu'il s'agit d'une situation exceptionnelle. Donc il faudrait envisager un retour à la normale avec un calendrier et un timing raisonnable afin de minimiser les conséquences vis à vis des organisations régionales et internationales. Mais aussi afin d'être cohérent avec les principes démocratiques et de bonne gouvernance.

Ensuite il faudra avoir en tête qu'une transition politique demeure la meilleure opportunité de mieux refaire,de fonder les bases du renouveau. Pour y arriver il faudra tirer des leçons du passé et éviter les erreurs commises par la transition politique antérieure. Notamment éviter le piège d'une vengeance sous une quelconque forme. Parce que les intérêts de la nation doivent restées au-dessus des différends personnels et politiques. Il urge donc de pouvoir dominer ses émotions et faire les choses sur la base des principes et non sur la base de préjugés et de désirs quelconques.

Par ailleurs il faut aussi éviter le piège du populisme et se rendre compte que la meilleure des façons d'enclencher une nouvelle dynamique positive est de passer par les actes et non par les slogans du genre"plus rien ne sera comme avant" alors que dans les actes nous réunissons les conditions pour que tout soit pire qu'avant.

En tout état de cause et dans tous les cas,il faudra s'appuyer sur des principes, des valeurs et les aspirations populaires pour fonder les bases d'un nouveau Burkina Faso sur les plans politique, sécuritaire et de la bonne gouvernance.


Issouf SAGNON


vendredi 21 janvier 2022

COMMENT ASSAINIR LE DÉBAT PUBLIC SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX ?

 Les réseaux sociaux sont devenus un véritable espace public dans nos pays respectifs. Mieux ils mobilisent les personnes d'origines,de classes,de confessions,de générations diverses. Cette variété de la population de la toile devait à priori être un avantage dans ce sens que l'opportunité est bien offerte pour apprendre,se distraire,se cultiver,etc ,en profitant de la diversité. Cependant un défi sérieux se dresse, celui de l'assainissement du débat public sur ces réseaux.

En réalité la haine et le mépris sont également véhiculés sur ces canaux d'expression. D'où la nécessité d'adopter certains comportements pratiques et psychologiques.

QUE FAIRE DONC ?

✍️: Issouf SAGNON



D'abord il faut avoir constamment à l'esprit que l'on représente sa famille et son appartenance d'origine (sociale, professionnelle, religieuse) sur les réseaux sociaux. Du coup quelle image voulez-vous laisser apparaître de vos origines diverses sur la toile à travers vos propos ? Quelle qualité d'éducation voulez-vous laisser voir ? Quelle version de votre personnalité voulez-vous laisser entrevoir ?

Ensuite il faut se dire que la liberté d'expression est valable pour tous dans les mêmes conditions légales. Et que cela est encore mieux dans la considération et le respect d'autrui.

Il faut également avoir à l'idée que vous pouvez être rattrapés par vos propres mots sur les réseaux à la suite d'une plainte judiciaire pour diffamation, pour propos injurieux,etc selon la teneur de vos paroles à l'encontre des tiers ou des autorités.

Dans le pire des cas ne vaut t-il pas mieux de sélectionner davantage ses amis et correspondants afin d'éviter l'expression de la haine et de la violence verbale ?

Dans tous les cas chaque internaute devra faire preuve de responsabilité, devra supporter la contradiction saine et éviter le piège de l'orgueil,de la haine,et de la pensée unique, de la violence verbale, ceci pour permettre à la population de la toile de mieux profiter de l'union dans la diversité. Ceci également pour mieux préserver la cohésion sociale autour de nous.☑️




mardi 18 janvier 2022

LES PIÈGES À ÉVITER PAR LA JEUNESSE AFRICAINE

 Il est clair qu'en Afrique la jeunesse de la population constitue un avantage pour les différents pays. Cependant nous avons recensé quelques difficultés qui rendent moins productive la jeunesse du continent.

✍️: Issouf SAGNON




QUELS SONT LES PIÈGES À ÉVITER PAR LA JEUNESSE AFRICAINE ?

En premier lieu il y a le piège de l'école.

En effet il faudra éviter de croire que l'école est un moyen sûr d'obtenir un emploi. D'autant plus que les pays sont incapables de créer des emplois proportionnellement au nombre de jeunes issus des systèmes scolaires. Parce qu'en réalité,et c'est connu de tous,ces systèmes sont en déphasage avec les réalités de l'emploi.

Mieux,il faudra cultiver l'esprit d'entrepreneuriat et ce sans complexe par rapport aux domaines d'activités les plus porteurs comme l'agriculture,la restauration ,les réseaux et communication et bien d'autres activités artisanales . De quoi conforter  dans sa position vis à vis de l'école le coach Simon Ouedraogo qui ne cesse d'encourager la formation et l'entrepreneuriat !

Le deuxième piège qui impacte déjà négativement sur la jeunesse dans nos pays est celui du suivisme!

Cela a l'air d'un détail inutile, mais cache plusieurs défauts sur les jeunes. Faire preuve de suivisme implique le plus souvent que l'on soit incapable d'apporter un jugement de valeur, que l'on soit dépourvu d'esprit critique et de presque tout prendre "argent comptant" comme analyse issue de telle ou telle personne à cause de sa renommée; comme point de vue issu de tel ou tel intellectuel à cause de son niveau ou de son origine; comme position issue de telle ou telle personnalité à cause d'une quelconque appartenance (politique , diaspora,etc)

Tout semble-t-il porter à croire qu'être jeune n'est pas suffisant pour avoir une argumentation juste et cohérente dans le débat public ? La réponse est non, puisque l'histoire nous enseigne sur des leaders charismatiques qui en dépit de leur jeunesse ont réussi à s'imposer à travers leurs opinions et leur leadership. Le capitaine Thomas Sankara est un exemple dans ce sens. Aujourd'hui encore de nombreux jeunes font leurs preuves dans divers domaines d'activités.

Tout semble t-il porter à croire que l'on a systématiquement raison selon l'âge (avancé),la renommée,le niveau intellectuel,etc? Là également la réponse est non puisqu'en Afrique depuis l'accession formelle aux indépendances ,les anciennes générations n'ont cessé d'accumuler des erreurs sur les plans politique et économique au sein de nos différents pays .

Par ailleurs l'élite dans son ensemble ne mène pas toujours un combat répondant aux aspirations des populations dont la marge de manœuvre est moindre en termes d'expression et de décisions . À tel point que certains intellectuels comme le Pr Laurent Bado, professeur de Droit à l'université Ouaga II à l'époque, pense que l'élite a trahi son peuple en Afrique et au Burkina Faso .

D'où la nécessité pour la jeunesse d'apprendre à se responsabiliser, à se faire confiance et à répondre beaucoup plus présent dans le débat public et dans les forums de développement. Pour cela il faudra s'instruire davantage,se cultiver davantage et avoir un degré très élevé d'engagement citoyen.

Le troisième piège qui n'a l'air de rien également,du moins dans son apparence est celui du populisme.

Le populisme est un excellent moyen de mobilisation selon les circonstances . Il est inhérent à une forte mobilisation des foules sans pour autant que les mobilisations autour d'une situation donnée puissent se fonder sur des critères ou des principes objectifs déterminés . Pour échapper à l'effet du populisme il faut être en mesure de se mettre au dessus de la mêlée afin de faire l'analyse de la situation donnée sur des bases juridiques,morales afin de cerner les notions de légalité et de légitimité.

 Ainsi il est impérieux de se servir des référentiels objectifs et solides pour apprécier un acte, un discours, une prise de position, peu importe l'auteur. L'acte ou l'opinion est-il conforme à la loi ? A la morale religieuse ? A la règle coutumière ? Au principe de vérité ? Sinon comment réussir une remise en cause objective en se servant tantôt du droit positif ou religieux, tantôt de la coutume ? Tel reste un défi pour la jeunesse, dans un continent en pleine métamorphose où toute sorte de manipulation reste la bienvenue pour parvenir à des fins personnelles ou corporatives.

La jeunesse africaine devrait alors éviter de tomber dans ce piège,de même que  dans ceux susmentionnés afin de mieux faire face aux autres défis que sont entre autres celui de l'emploi et de la mondialisation . 




LES PARENTS D'ÉLÈVES ET LA RENTRÉE DES CLASSES

  C'est la reprise des cours au Burkina Faso et dans bien d'autres pays. Intéressons-nous à l'implication des parents d'élèv...