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samedi 7 mai 2022

AFRIQUE: RISQUES D'UNE INSTABILITÉ SOCIOPOLITIQUE DURABLE

 Le continent Africain est en ébullition. Crises politiques, crises sécuritaires, défis de création d'emplois,etc. Et à l'image du monde entier il faut faire face à la recomposition de l'ordre mondial en cours.

Par ailleurs si dans les autres continents les pays ont des systèmes solides de conquête et de gestion du pouvoir d'Etat et sur le plan économique,en Afrique la plupart des États se trouvent à mi-chemin entre le système démocratique et les autres systèmes politiques. Y-a-t-il des raisons d'entrevoir une instabilité politique durable sur le continent ?

✍️: Issouf SAGNON.





CONTEXTE ET CONSTAT

Le contexte sur le plan politique est que la majorité des pays africains sont dans l'incertitude sur le mode d'acquisition et de de gestion du pouvoir politique. Le processus démocratique enclencher dans les années 90 est loin d'être à terme et d'être efficace. La majorité des dirigeants politiques et des acteurs sur le continent sont toujours sceptiques sur la question du choix définitif de la démocratie électoraliste. D'où les tentatives ou les modifications de constitutions pour perdurer au pouvoir d'une part et des coups de force pour renverser les gouvernements démocratiquement élus dès lors que des difficultés majeures se dressent, d'autre part.

En Côte d'Ivoire Alassane Dramane Ouattara a obtenu son troisième mandat. Il est certain que cela ne répond pas aux principes démocratiques strictement parlé.

Au Mali,au Burkina Faso,en Guinée l'option des coups d'État a été explorée après des difficultés pour les présidents déchus à trouver des réponses adéquates sur les crises sécuritaires. Il est certain que ces changements anti-constitutionnels ne répondent à aucun principe démocratique.

Au Rwanda les acteurs semblent trouver un compromis autour de leur leader Paul Kagame dans la conduite des affaires du pays. Comment faut-il qualifier leur système politique de gestion du pouvoir politique ? De démocratie? De démocratie populaire comme en Chine ? De révolutionnaire ?

Sur le plan économique les pays tergiversent au sujet de la monnaie commune, notamment dans l'espace francophone. Les pays anglophones essaient de tirer leur épingle du jeu tant bien que mal avec des monnaies différentes. Le facteur commun est le défi de l'emploi décent proportionnellement à la jeunesse de la population ainsi que d'une éducation et de la formation adéquates.

Le constat est que de façon générale en Afrique, aucun système solide et fiable pouvant s'inscrire dans la durée n'est trouvé à la fois sur les plans politique et économique. D'où l'inquiétude et le spectre d'une instabilité durable pour les années à venir.


DES RISQUES D'INSTABILITÉ DURABLES EN PERSPECTIVE 

En essayant de se projeter dans un futur plus ou moins lointain il y a des motifs d'inquiétudes. Il est vrai que de façon générale les consciences semblent éveillées, notamment dans un élan panafricaniste.

Cependant peut ont s'inscrire dans une logique de coup d'État à long terme ? Faut-il rappeler que bon nombre d'acteurs estiment que la démocratie est inadaptée en Afrique. Au même moment les réalités ethniques et culturelles empêchent de s'accorder sur un système calqué sur la royauté ou sur la démocratie populaire à la chinoise. 

Au Mali,au Burkina Faso et en Guinée,les autorités des transitions entendent gouverner selon les durées déterminées par les différents acteurs des pays respectifs. Quelle alternative crédible faut-il envisager au terme des différentes transitions ? Les militaires au pouvoir réussiront-ils à transmettre les pouvoirs à l'issue d'un système politique fiable adopté dans chaque pays ? On est tenté d'affirmer que l'incertitude planne à l'horizon.

Peut-on s'inscrire à long terme dans une logique de prolongation de mandats électoraux ? L'exemple burkinabè de 2014 nous pousse à répondre par la négative. Cela sous-entend qu'en Côte d'Ivoire ou au Rwanda il faudra penser à l'après Ouattara et à l'après Kagame dans l'espoir de trouver une alternative heureuse. Cela voudrait dire également que partout ailleurs sur le continent il serait toujours risqué de tenter de confisquer le pouvoir dans l'avenir.

Peut-on s'inscrire à long terme dans une logique panafricaniste en rang dispersé au niveau des chefs d'États africains et espérer un succès ? Faut-il rappeler que le continent a connu des leaders plus engagés et intelligents comme Sekou Touré,Thomas Sankara,Patrice Lumumba ,etc ,qui cependant se sont fait assassiner soit physiquement,soit économiquement par manque d'union ? Jusque là, la propagande panafricaniste est en marche, mais les gouvernements africains ont visiblement des stratégies differentes,loin d'une quelconque union.

Dans un contexte de recomposition de l'ordre mondial,seuls les blocs solides réussiront à s'imposer et à tirer profit. Les Etats Unis et leurs alliés forment un bloc solide. l'Union européenne et ses alliés forment un bloc solide. La Chine et ses alliés forment un bloc solide. Les puissances émergentes trouvent leur compte dans les regroupements politiques et économiques. 

Pendant ce temps en Afrique les organisations régionales sont fragilisées par l'orgeuil de certains dirigeants,le manque de confiance des peuples et par leur dépendance vis-à-vis de certaines puissance. Il appartient aux leaders africains de mieux coordonner les luttes au sein des blocs solides pour mieux affronter les défis du moment.

Tout porte à croire que l'Afrique est tombée dans le piège des grandes puissances,qui sans l'avouer, ont intérêt à voir un continent instable avec de nombreux défis à relever à la fois afin de mieux y consolider leur hégémonie pour les unes ou de mieux l'installer pour les autres. Le cas concret et actuel est que les difficultés sécuritaires dans le Sahel offre un spectacle désolant où la Russie tente de récupérer l'hégémonie de la France au moment où le sentiment anti-français est grandissant ; le tout, parce que les dirigeants africains sont dans l'incapacité d'avoir des politiques,des stratégies commune de lutte dans une logique d'union.

Il urge alors que tous les acteurs du continent ouvrent l'oeil et le bon. Des acteurs politiques à la jeunesse en passant par les différents peuples et couches socioprofessionnels,l'engagement et la participation de façon active à la construction des pays du continent demeure un impératif. Pour cela il faudra que les leaders s'accordent sur des systèmes politiques et économiques solides qui puissent s'inscrire dans la durée au profit des populations de toutes les générations.




 


jeudi 5 mai 2022

L'ACTIVISME OU LE COUTEAU À DOUBLE TRANCHANT

 On assiste depuis quelques années à l'émergence d'une catégorie d'acteurs de la societé civile en ligne. Il s'agit notamment des activistes,des influenceurs,des lanceurs d'alertes,dont l'activité se déroule essentiellement sur les réseaux sociaux et dont l'impact est réel aussi bien sur les politiques que sur les comportement citoyens.

On est alors contraint de s'interroger sur la plus value de leurs actions sur les différentes communautés mais aussi sur les aspects néfastes de leur activisme sur les citoyens.

✍️: Issouf SAGNON.




LES POINTS POSITIFS DE L'ACTIVISME SUR LA SOCIÉTÉ

À travers leurs activités en ligne ils ont un impact réel sur les décisions politiques dans plusieurs pays et dans plusieurs domaines. Il faut dire que la mode conduit à ce que plusieurs décideurs politiques se trouvent sur les réseaux sociaux. Ces différents responsables politiques lisent les contenus offerts par les influenceurs. Et force est de reconnaître que certains contenus sur la toile contiennent des idées pertinentes sur plusieurs sujets,au point de pouvoir inspirer des décideurs. Au Burkina Faso par exemple plusieurs décisions politiques ont été fortement encouragées par la toile, telle que la dissolution de l'ex R.S.P (Régiment de Sécurité Présidentielle) au lendemain de l'insurrection populaire.

L'éveil des consciences est également l'une des missions des activistes de la toile. Et tous les domaines et acteurs sont concernés : jeunesses, armées, corps socioprofessionnels,etc,tous obtiennent un supplément d'âme de la part des influenceurs pour enclencher une dynamique dans les différents secteurs. 

À l'échelle continentale le mouvement "anti-occident" est déjà en marche. L'on a pu observé les mouvements de blocage des convois de l'armée française au Burkina Faso et au Niger sous l'impulsion de la propagande des panafricanistes omniprésents sur les réseaux sociaux. Certainement à cause de l'insuffisance des résultats de la coopération militaire avec la France et ses alliés mais aussi du poids de l'histoire entre la France et ses anciennes colonies. 

Par ailleurs sur le plan du développement personnel plusieurs contenus sur les réseaux sociaux sont intéressants en termes de motivation dans un contexte où la jeunesse africaine a besoin de repère pour une réelle émancipation notamment dans le domaine de l'entrepreneuriat. Sur le plan social,des contenus portants conseils en matière religieuse et matrimoniale sont abondants sur les différentes plateformes de réseaux sociaux.

Autant dire que les activistes et influenceurs sont aujourd'hui des acteurs incontournables dans nos sociétés modernes. Est-ce pour autant que leurs activités n'ont pas d'effets néfastes sur les différentes communautés ? 

L'expérience et la pratique montrent clairement qu'il s'agit d'un couteau à double tranchant au sujet duquel il faut faire preuve de prudence et de clairvoyance.


LES EFFETS NÉFASTES DE L'ACTIVISME SUR LA SOCIÉTÉ

 En toute chose l'excès nuit, dit-on. Et l'emprise des activistes est parfois débordante sur certains acteurs. Cela peut conduire à une mauvaise appréciation dans une prise de décision politique. Cela peut conduire également à instaurer une dynamique fondée beaucoup plus sur l'émotion que sur la raison.

Au Burkina Faso et au Mali certains activistes ont appelé plus ou moins ouvertement à ce que"l'armée prenne ses responsabilités" au moment où les différents gouvernements démocratiquement élus faisaient face aux difficultés liées au terrorisme. Cela a sans doute contribué à encourager les coups d'État et en partant, à déstabiliser davantage l'ordre constitutionnel et sécuritaire dans ces pays.

En plus certains comportements exhibitionnistes ont une mauvaise influence sur la jeunesse. On donne l'impression d'un mode de vie à la fois attirant et facile, ainsi avec une dose insuffisante de conscience et de morale, cela conduit à des dérives. Dans ce cas d'espèce la gente féminine est la plus exposée. L'exemple récent est le cas Dubaï où il ressort que des influenceuses s'y adonneraient à des pratiques loin de la morale et de la raison pour de fortes sommes d'argent. Et dire que certaines d'entre elles font croire à un succès de"femmes battantes".

L'autre actualité est la montée de la propagande russe au moment où la tendance panafricaniste est de se débarrasser de l'emprise de l'occident. Si le rôle des activistes sur la question demeure celui de l'éveil des consciences dans ce sens,il n'en demeure pas moins que leur influence fait parfois recours au populisme. Et force est de constater que cela détourne la jeunesse des vraies réalités. 

Car au moment où la mode est de crier " à bas la France",il est difficile de remarquer que les problèmes concrets tels que la corruption, l'injustice,la mauvaise gouvernance,l'incivisme,etc à l'interne dans nos pays respectifs sont les maux les plus nuisibles.

Au moment où la mode est d'appeler à la collaboration avec la Russie,il est difficile de faire remarquer que la Russie est déjà présente en Afrique depuis des années. Le Burkina Faso a par exemple une coopération militaire avec la Russie et a déjà obtenu du matériel militaire russe depuis 2018. Le Cameroun,la Centrafrique, etc collaborent avec la Russie depuis plusieurs années. Cela empêche alors de se rendre compte de la part de responsabilité des africains dans les différents problèmes sociopolitiques.

Il faudra alors faire attention au piège du populisme et de la mode. L'influence des activistes ne devrait pas avoir une emprise aussi grande au point d'empêcher une clairvoyance, une hauteur de vue nécessaire pour une meilleure appréciation des différentes situations.

Au plan interne plusieurs dirigeants très mal arrivés au pouvoir font recours très souvent à certains activistes pour une communication adaptée à leur besoin de préserver ou de consolider leur pouvoir. Celà coûte parfois des fortes sommes d'argent du contribuable. Et cela passe aussi par une manipulation non seulement des dirigeants mais aussi des masses via les réseaux sociaux.

 Il est clair que les principes et les valeurs doivent servir de boussoles, de même que la cohérence et la logique doivent être de mise dans nos actes et comportement pour le bien être de nos communautés.



samedi 16 avril 2022

QUELLES QUALITÉS POUR LE FUTUR PRÉSIDENT DU FASO ISSU DES URNES ?

Durant ces dix dernières années le Burkina Faso traverse une instabilité politique due à plusieurs raisons. De la volonté du Congrès pour la Démocratie et le Progrès de modifier l'article 37 afin d'offrir un troisième mandat à Blaise Compaoré jusqu'au coup d'État du 24 janvier 2022 en passant par l'insurrection populaire d'octobre 2014 la classe politique n'a pas réussi à trouver un compromis et une cohésion nécessaire autour d'un chef d'Etat dans sa gouvernance.

En plus de cela viennent s'ajouter la crise sécuritaire depuis 2016,la problématique de la création d'emplois,la question du dialogue socioprofessionnel entre Etat et travailleurs, la question de la réconciliation nationale, etc.

Autant dire que les défis à relever sont très nombreux.D'où la nécessité de s'interroger sur les principales caractéristiques que devra avoir le futur président du Faso issu des prochaines élections.

✍️: Issouf SAGNON




LE PROCHAIN PRÉSIDENT DU FASO DEVRA INCARNER LA COHÉSION.

Les acteurs politiques sont visiblement divisés à tel point que même si la situation nationale l'exige on n'arrive pas à apercevoir une union sacrée pour faire fasse aux défis. 

En plus,la plupart de ces acteurs sont sur la scène politique depuis de nombreuses années et sont donc comptables de l'échec de la classe politique de façon générale. Alors pour réussir à se faire élire,le prochain président du Faso devra sortir du lot de part son parcours et susciter l'espoir de rassembler davantage autour de lui.

AVOIR UN PROGRAMME POLITIQUE INNOVANT.

Pour réussir à se faire élire le candidat devra être convainquant et facile à comprendre dans son programme politique. Les défis majeurs sont connus. Les priorités également. 

Le futur président devra alors pouvoir expliquer dans toutes les régions du Burkina Faso comment il compte s'y prendre face à telle ou telle situation. Pour cela,il faudra faire autrement. Il faudra faire des propositions réalistes et réalisables dans les différentes provinces du pays. Il faudra avoir une communication efficace sur ces propositions concrètes en évitant la démagogie tout en adaptant le langage et le style de communication aux différentes régions de passage lors de la campagne électorale.

REVÊTIR UN COSTUME DE LEADER.

Le futur locataire de Kossyam après les élections présidentielles à venir devra être un véritable leader. Cela passera par son aptitude à pouvoir réunir autour de lui l'ensemble des militants de son parti ou regroupement politique. 

Réussir à convaincre d'autres partis ou regroupements politiques ayant à peu près les mêmes idéologies et visions dans le cadre d'une Union politique serait un véritable atout. Il lui faudra avoir également un discours rassembleur et conciliateur au profit de tous les acteurs de la société burkinabè.

SAVOIR MOBILISER LES RESSOURCES FINANCIÈRES ET HUMAINES

La mobilisation des ressources humaines consistera, dans une logique d'anticipation, à pouvoir susciter l'intérêt des différentes couches de la société à travers des activités politiques diverses dès à présent. Il faudra pour cela que l'état major de son parti identifie les besoins des acteurs en fonction des domaines et des milieux.

 L'organisation par exemple d'une séance de formation sur les techniques de recherche efficace d'emplois au profit des étudiants est une méthode de mobilisation.

Initier des séances de renforcement de capacités au profit des travailleurs de tel ou tel milieu pourrait être un coup de maître. 

Installer des cellules d'assistance sociale auprès d'un camp de personnes déplacées internes serait la bienvenue. Et j'en passe. 

Une chose est sûre,il faudra réussir à mobiliser mieux qu'avant sans attendre l'approche des élections.

Pour les ressources financières le leader devra être en mesure de tisser des relations mais aussi de susciter à l'interne l'esprit de sacrifice auprès de ses militants. Son parti devra développer de nouvelles stratégies de financement licites afin de faciliter la mise en œuvre de ses actions.

Dans tous les cas,la tâche s'annonce bien difficile dans la mesure où la crise de confiance est réelle entre hommes politiques et populations au vue des résultats politiques de ces dernières années.

 Voilà pourquoi la conquête du fauteuil présidentiel devra commencer dès à présent avec malice en tenant compte de la conjoncture actuelle. Mais surtout avec de l'innovation,de l'anticipation et d'une abnégation sans faille afin de pouvoir conquérir et gérer le pouvoir politique dans les années à venir.





vendredi 8 avril 2022

ETHNICISME AU BURKINA FASO 🇧🇫 : QUE FAIRE ?

 Le régionalisme, l'ethnicisme ont très peu fait l'objet de discussions "officielles"au Burkina Faso. Ces  questions ont longtemps été considérées comme tabou ou comme très sensibles pour être évoquées. Cependant ,de plus en plus la question ethnique refait surface et est soulevée ouvertement par les plus courageux et réalistes. Que faire alors pour éviter d'éventuelles situations désagréables en rapport avec les questions susmentionnées ?

✍️: Issouf SAGNON

📷: Image d'illustration




D'ABORD ADMETTRE QU'IL Y A UN MALAISE LIÉ À LA QUESTION ETHNIQUE

Mieux vaut prendre au sérieux la situation et admettre que la cohésion sociale pourrait être mise à mal à cause des situations délicates relatives aux considérations ethniques. Au sein de la société burkinabè il existe des préjugés sociaux sur des bases ethniques. C'est réel. Il faut l'admettre. Sur le plan politique nos populations n'ont pas l'éveil nécessaire pour faire le distinguo entre des hommes d'État pour leurs qualités et valeurs au profit de la société et hommes ressortissants de telle ou telle localité donnée,au moment d'opérer des choix politiques. Il faut l'admettre également. C'est seulement après cela que nous pourrons faire un diagnostic sérieux et mieux contrecarrer d'éventuelles conséquences désagréables y afférentes.


S'ATTACHER AUX SYSTÈMES DOTÉS DE PRINCIPES ET DE VALEURS RIGOUREUX.

Il faut impérativement s'attacher aux systèmes dotés de principes rigoureux et de valeurs cardinales. Et la religion sur le plan social et la démocratie sur le plan politique semblent meilleurs pour jouer les rôles de dénominateur commun et de catalyseur au profit de la cohésion nationale.

Parce qu'une bonne éducation religieuse permettra aux citoyens de considérer autrui comme un frère ou sœur sans considération ethnique,surtout lorsqu'il y a une appartenance à la même religion.

Une bonne culture démocratique permettra aux citoyens de savoir qu'au moment de choisir leurs représentants électifs,il faudra tenir compte de l'offre politique et non des considérations ethnique ou régionaliste. Parce qu'avant tout,en la matière,seuls les aspirations populaires et les meilleurs propositions politiques pour y faire fasse doivent orienter les choix.


ÉDUQUER ET RÉÉDUQUER SÉRIEUSEMENT SUR LES ASPECTS RELIGIEUX ET DÉMOCRATIQUES

Chaque religion est censée faire la promotion de la cohésion sociale et du vivre ensemble,sans aucune considération ethnique ou culturelle. Il faut alors renforcer l'éducation en la matière et insister sur ces valeurs aux profits des masses dans les lieux de cultes et dans les écoles.

Toute bonne éducation démocratique rend meilleure le jeu politique au profit de la société. La boussole reste les principes de transparence,de compétence, d'alternance,de justice sociale,etc. Alors le processus de conquête et de gestion du pouvoir politique se débarrassera de plus en plus des critères régionalistes ou ethniques .

Pour y arriver les structures étatiques et communales ,les partis politiques,les organisations de la société civile,les leaders coutumiers et religieux et les intellectuels dans leur ensemble sont interpelés et doivent tous être impliqués dans une politique particulière à cet effet.





dimanche 3 avril 2022

LA LAÏCITÉ AU BURKINA FASO 🇧🇫 : IMPLICATIONS ET PRATIQUES

 En rappel la laïcité est un principe de séparation en l'État et les institutions religieuses, l'État n'exerçant aucun pouvoir religieux et les institutions religieuses n'exerçant aucun pouvoir politique. Quels sont les principes de la laïcité ? Quels en sont les fondements juridiques ? Et enfin qu'en est-il de la pratique au Burkina Faso?


Par Issouf SAGNON,in MON BLOG.BF le 03 avril 2022.





DES PRINCIPES DE LA LAÏCITÉ

Dès les origines et même aujourd'hui la notion de laïcité renvoit à quatre piliers essentiels. Il s'agit d'abord de la liberté. Cela implique que les citoyens ont la liberté de croire,de ne pas croire,de changer de religion ou même de ne pas en avoir. Cette liberté porte aussi sur la pratique de sa religion chez soi ou en public dans les limites du respect de l'ordre public. Par exemple je peux porter un "boubou",un voile,une croix dans la rue, pour aller voter ou dans un bus de transport en commun.

Le deuxième pilier est celui de la séparation de l'État et des institutions religieuses. Autrement dit les institutions de culte n'interviennent pas dans la gestion politique de l'État et l'État n'intervient pas dans leur organisation interne.

Il y a également le principe de neutralité de l'État . Il concerne surtout les représentants de l'État, c'est à dire ses agents et ceux des services publics mais pas ses usagers. Par exemple les enseignants,les juges,les policiers,etc ne doivent pas exposer leur appartenance religieuse de façon incitative. Mais là,il faut préciser que neutralité ne veut pas dire indifférence. Parce que l'État à travers le President du Faso ou le ministre de l'intérieur peut entretenir des relations avec les représentants religieux dans le sens de l'intérêt général.

Enfin il faut noter le principe de l'égalité devant la loi qui signifie que quelques soient leurs convictions,tous les citoyens sont égaux devant les lois de la République. Aucun traitement de faveur n'est alors admis selon telle ou telle conviction religieuses.

Tous ces principes peuvent trouver des fondements juridiques tant au plan international que national.

LES FONDEMENTS JURIDIQUES DE LA LAÏCITÉ

Il s'agit entre autres de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme de 1948 ,ou du Pacte des Droits civils et Politiques de 1966 ,au plan international. Par exemple l'article 18 de la déclaration de 1948 stipule que " toute personne a droit à la liberté de pensée,de conscience et de religion...". Cette liberté implique également la manifestation de sa religion seul ou en commun,en privé ou en public dans la limite du respect de la loi.

En outre la constitution du Burkina Faso consacre cette liberté. En effet le Titre premier qui porte sur les droits et devoirs fondamentaux contient dans l'article premier la stipulation selon laquelle "tous les Burkinabè naissent libres et égaux en droits." Le deuxième alinéa renchérit que "les discriminations de toutes sortes, notamment celles fondées sur la race,la langue, l'ethnie,la couleur,le sexe,la religion [...] sont prohibées.

Par ailleurs l'article 31 stipule que " le Burkina Faso est un État démocratique, unitaire et laïc. "

Ainsi fondé juridiquement,le principe général de la laïcité trouve plus que jamais son fondement sociopolitique dans un contexte marqué par des cas de radicalisme et par une forte influence des religions sur la vie des citoyens. Reste à savoir si dans la pratique le principe est suffisamment cerné par tous les acteurs.


LA LAÏCITÉ DANS LA PRATIQUE AU BURKINA FASO.

Comme très souvent l'adoption des textes et la consécration des principes est une chose...et la pratique réelle sur le terrain en est une autre.

Si l'on s'accorde qu'en général le Burkina Faso demeure un Etat laïc,il n'en demeure pas moins que la réalité sur le terrain nécessite des efforts supplémentaires pour une meilleure mise en œuvre de ses différents piliers.

Déjà la séparation entre Etat et religion ainsi que la neutralité de l'État semblent atténuées en pratique par une collaboration entre ses deux catégories d'institutions. Il arrive que la religion joue un rôle essentiel dans l'État surtout lorsque ce dernier fait preuve d'impuissance ou d'insuffisance organisationnelle face à une situation donnée. L'exemple récent et récurrent est celui d'appeler à une journée nationale de prière par le Président du Faso lui-même eu égard à la situation sécuritaire alarmente. Un simple appel aux différents croyants par l'intermédiaire des représentants des institutions religieuses à initier de façon privée des séances de cultes,n'était-il pas suffisant ? Parce que la décision de la présidence d'initier une journée de prière semble inviter davantage la religion à s'impliquer à l'accomplissement de missions d'intérêt général,ne serait-ce que que façon indirecte ! On a constaté également une sorte de compromis dans la désignation des responsables à la tête d'institutions comme la Commission Électorale Nationale Indépendante,qui semble opter pour une rotation selon les obédiencces religieuses.

Mieux encore un département ministériel a été créé en charge des cultes !

Mais l'aspect le plus important est surtout celui de la compréhension qu'ont les citoyens sur la notion de laïcité et de ses implications. L'expérience nous montre clairement que la notion n'est pas suffisamment assimilée à la base. Parce que des actes de radicalisme religieux sont fréquents. On a assisté au saccage des lieux de commerce, notamment des maquis,sur la base des considérations religieuses.

D'où la nécessité d'une campagne de sensibilisation afin que les populations sachent réellement quelle est la portée de la laïcité dans notre pays. Sans oublier des sanctions à l'encontre de tous ceux qui ne viendraient pas à respecter la liberté d'autrui dans l'expression de ses convictions religieuses. 

Par ailleurs les études ont montré également que le radicalisme religieux peut être facilité par le chômage et par l'injustice sociale. Il faudra alors travailler à améliorer les conditions de vie des populations et à lutter contre toutes sortes d'injustice sociale.

Infographie sur la pratique religieuse 🇧🇫 :






samedi 26 mars 2022

LA CRISE DU COMPORTEMENT AU BURKINA FASO 🇧🇫

LA PRINCIPALE CRISE AU BURKINA FASO NE RELÈVE-T-ELLE PAS DU COMPORTEMENT ?


Le Burkina Faso traverse une instabilité politique et sociale ces dernières années. S'il est vrai qu'à priori,les crises semblent politique et sécuritaire, force est de reconnaître que l'attitude,le comportement du Burkinabè laisse entrevoir une véritable crise sociale, celle comportementale.

Le comportement des citoyens au Burkina Faso soulève de façon générale deux fléaux essentiels: l'incivisme grandissant et une baisse du degré de patriotisme dans les faits.


L'incivisme se constate à tous les niveaux de la société. Des quartiers aux espaces publics en passant par la rue,les actes de l'incivisme sont de plus en plus récurrents. Cela traduit clairement une faiblesse de l'autorité de l'État sur les citoyens. Il est vrai que tous aspirent à la liberté mais en toute chose l'excès nuit.Il est alors urgent de rectifier le tir surtout à la base. Et les acteurs principaux de la société burkinabè sont interpelés.

 Il s'agit bien sûr des parents d'enfants dans chaque ménage. Chaque chef de famille devra durcir les conditions d'éducation de base en famille.

Il s'agit également des institutions en charge de l'éducation à commencer par l'État central et de l'école. Pourquoi pas généraliser et renforcer l'enseignement de l'éducation civique et morale au sein des établissements scolaires ? 

Il s'agit en outre des organisations coutumières et religieuses qui doivent insister sur le rôle du citoyen exemplaire au sein de la société. La réception du message peut être bien meilleure selon le milieu social.

Il s'agit enfin des cadres socioprofessionnels tels que les organisations de la société civile et celles syndicales qui devront impacter à leur niveau sur les mentalités des militants à travers des séances de sensibilisation et des stratégies de rappel sur la citoyenneté responsable. Tout ne devrait pas se résumer aux revendications diverses.

Il faudra dans tous les cas une synergie d'actions pour se pencher sérieusement sur la question afin d'espérer dans les années à venir, une baisse de l'incivisme dans le pays.


L'autre défis est celui du patriotisme. On est tenté de se demander si le Burkina Faso mérite toujours le surnom du pays des hommes intègres. Tant l'amour pour la patrie peine à se faire sentir dans les actes de tous les jours des différents acteurs de la société burkinabè.

Dans l'administration publique l'intérêt général semble être relégué au second plan au profit de l'intérêt personnel. Cela a certainement un impact négatif sur la qualité du service rendu ça et là. De quoi accentuer le retard du pays sur divers plans. Malheureusement, dans les services essentiels de la nation tels que l'armée, l'éducation,la santé,la justice,on constate des faits et des comportements qui prouvent un degré insuffisant de patriotisme au niveau des acteurs de terrain.

Du défaut de résilience aux détournements de fonds en passant par l'absentéisme et les retards,les preuves ne manquent pas pour incriminer bon nombre de travailleurs d'insuffisance patriotique. 

Sur la scène politique le constat est encore plus évident. Le comportement des militants politiques indique clairement que la majorité se bat pour des intérêts égoïstes, loin des intérêts généraux au profit de la nation. C'est certainement ce qui explique les revirements spectaculaires et des démissions d'une formation politique à une autre en fonction de la conjoncture et des opportunités offertes. Loin donc des principes de convictions et d'idéologies au profit du pays.

Cette crise du comportement nous paraît la plus importante à affronter. Parce que comment défendre ou servir idéalement son pays avec une éducation insuffisante en matière de civisme ?

Comment défendre ou servir idéalement son pays avec un degré insuffisant d'amour pour la nation et pour l'intérêt général ?

Il est donc impératif que l'État central ainsi que les collectivités territoriales adoptent des stratégies plus efficaces pour une éducation civique et morale à la base. Qu'on trouve également la politique adéquate pour cultiver l'amour pour la patrie !

Pour y arriver l'exemple doit certainement venir d'en haut avec une gouvernance vertueuse. Avec également une culture de la sanction , sans corruption,contre les actes inciviques et contre tout acte mettant en danger l'intérêt général.

Il est certain que quelque soit le domaine,le pays aura besoin des citoyens de qualité, vertueux, travailleurs et intègres afin que le pays continue de mériter pleinement son nom de pays des hommes intègres et que cette intégrité tant vantée ne se résume pas aux slogans. 


Issouf SAGNON



jeudi 10 mars 2022

QUELQUES DÉFIS PRATIQUES À RELEVER DANS L'ÉDUCATION NATIONALE AU BURKINA FASO 🇧🇫

Au Burkina Faso il est connu de tous que le système éducatif rencontre d'énormes difficultés de façon générale. Dans la pratique certains problèmes attirent notre attention, et qui méritent de susciter sérieusement des interrogations au niveau des dirigeants du secteur de l'éducation.



QUELQUES DÉFIS ET DYSFONCTIONNEMENTS PRATIQUES DANS LE SYSTÈME DE L'ÉDUCATION DE BASE.

Le système qui va du Ministère de l'éducation nationale aux différents établissements en passant par les différentes directions (régionales et provinciales) est composé de plusieurs maillons interdépendants . Par conséquent le moindre soucis sur un maillon donné impacte sur toute la chaîne du système. 

D'où la nécessité de faire un diagnostic sérieux sur la pratique des activités d'enseignement au sein du système. Dès lors on peut retenir :


1-Le défis des réformes ancrées dans la durée :

Ce défi paraît général, mais il aura son impact sur la pratique.

Nous avons fait la remarque selon laquelle les réformes au sujet de l'éducation nationale sont presque conjoncturelles. Elles semblent être menées selon les orientations "politiciennes" et non selon les attentes d'une éducation, socle de tout développement. Et pourtant, tout n'est pas à politiser ! Il faut "dépolitiser" le secteur de l'éducation, même si cela semble impossible.

Et la meilleure façon de le faire n'est -elle pas celle d'une réforme structurelle inscrite dans la durée ? 

Et la période de la transition politique est la meilleure opportunité.

Nous pensons à une sorte de Politique Nationale en matière D'Éducation Nationale adoptée et consacrée par la Constitution. Ladite politique pourra être conçue par différents acteurs (praticiens du monde éducatif,OSC, Syndicats, politiques,etc). Elle fixera les objectifs à atteindre à cours, moyen et long terme. Une loi d'application pourra en définir le régime juridique et institutionnel.

Une telle réforme constitutionnelle sur la Politique Nationale en matière D'éducation a plusieurs mérites. Notamment celui de mettre en relief le caractère primordial de l'éducation et surtout le mérite d'éviter que les hommes politiques viennent "flirter" avec l'éducation à travers des "réformettes" dont l'objectif est beaucoup plus politique. 

Surtout quant on sait que " l'homme politique pense aux prochaines élections, contrairement à l'homme d'État".

D'autres réformes seront certainement nécessaires dans le cadre de la mise en œuvre du protocole d'accord sur le statut valorisant de l'enseignant ou dans cadre de la révision des curricula.

2-Le problème de la formation continue sur le terrain :  

Ce problème est beaucoup plus pratique.

Nul besoin de rappeler les conditions de recrutement du personnel au profit du système éducatif. Une chose est sûre, plusieurs acteurs y arrivent avec des insuffisances et parfois avec moins de vocation. La formation continue s'impose si on tient vraiment à la qualité des résultats recherchés. 

Mais dans la pratique,les séances de renforcement des capacités organisées sur le terrain,le sont beaucoup plus au profit des acteurs occupant des postes de responsabilité et d'encadrement. Les acteurs directs sur le terrain que sont les enseignants,les conseillers et assistants d'éducation,etc ,en bénéficient de façon insuffisante. Alors qu'ils sont les mieux placés pour impacter beaucoup plus sur les résultats attendus !

Il appartient alors aux nouvelles autorités de donner des orientations et des recommandations nécessaires pour améliorer cet aspect au niveau des différentes directions régionales et provinciales.

3-Le problème relatif aux associations des parents d'élèves (APE):

Il faut rappeler que les APE sont également considérées comme les acteurs du système éducatif et sont des partenaires dans le fonctionnement des différents établissements. Mais ce partenariat est-il vraiment fructueux au profit de l'État et des écoles ? La réponse par l'affirmative est loin d'être évidente. 

De façon pratique,ces structures tirent leurs ressources financières au sein des établissements, mais disposent d'une autonomie dans leurs gestions. Il se trouve que leur gestion financière n'est pas toujours au profit des pauvres élèves dont les parents côtisent. Si dans certaines écoles,les APE font des réalisations, force est de constater que l'apport de ces structures reste insuffisant au moment où l'État et les services déconcentrés sont à la recherche permanente de partenaires pour la réalisation des différentes attentes.

Il est alors impérieux de revoir le régime juridique des APE dans le sens d'un partenariat beaucoup plus fructueux. Sans oublier la nécessité d'accompagner leurs membres avec des séances de formation et de sensibilisation autour des objectifs,des besoins et de la législation du système éducatif.

4- La crise de générations sur le terrain :

Ça n'a l'air de rien, mais c'est bien réel et a un impact sur les relations au sein du système éducatif. Les nouvelles générations sont de plus en plus éveillées, cultivées et réformistes. Les anciennes générations sont plus ou moins conservatrices.

De façon pratique certaines actions de modernisation sont mal comprises et moins soutenues par les anciens ; certaines démarches de lutte sont perçues comme une défiance par les anciens ; certaines prises de position dans le sens du débat constructif autour du service public sont parfois interprétées comme manque de respect à l'endroit des anciens, et j'en passe.

Et pourtant le personnel du domaine éducatif est de plus en plus jeune avec ses caractéristiques qui vont avec. Les conflits de générations sont réels. Du coup il est nécessaire pour le Ministère de l'Éducation Nationale et ses différents partenaires, d'entreprendre un travail d'adaptation de l'état d'esprit des différentes générations au sein des acteurs du secteur de l'éducation.

5- Le défis de l'éducation financière au sein des Conseils de Gestion des Établissements Scolaires (COGES) :

L'argent, c'est" le nerf de la guerre" dit-on. D'où la nécessité d'avoir une éducation adéquate en matière de gestion des maigres ressources financières au sein des établissements. Déjà l'accompagnement de l'État au fonctionnement pratique des établissements est insuffisant. Il est alors important que les ressources endogènes récoltées soient gérées de façon efficiente et responsable pour le bonheur des établissements scolaires.

La pratique montre des situations délicates au sujet de la gestion financière. C'est l'exemple des missions multiples et moins nécessaires ou des cas de surfacturations,etc. Faut-il rappeler alors qu'il est important de jeter davantage un œil sur cet aspect ? 

De la sensibilisation à la sanction en passant par les contrôles réguliers,il faudra alors trouver une formule pour une gestion responsable. Cela entre dans le cadre général de la lutte contre la corruption et pour une gouvernance vertueuse.


En sommes les défis à relever dans le secteur sont nombreux. La liste est longue. La meilleure façon d y arriver serait de se vêtir du costume et de l'âme du leader à tous les niveaux de responsabilité,de rester fortement attaché aux valeurs de patriotisme et d'intégrité sans oublier les principes de compétences à tous les niveaux. Puisque "éduquer ou périr" reste plus que jamais un impératif sur les générations présentes au profit de celles à venir surtout.


Issouf SAGNON



dimanche 6 mars 2022

GOUVERNEMENT DE TRANSITION, ANALYSE ET PERSPECTIVES

 Nommé comme premier ministre de transition quarante huit heures après le Dr Albert OUEDRAOGO et le lieutenant Colonel P.H.S.DAMIBA ont rendu publique la composition du gouvernement de transition. Et une chose est certaine,il y a des surprises comme il fallait s'y attendre.

Quelle analyse pouvons-nous faire de cette composition ?

À quoi faut-il s'attendre avec une telle équipe gouvernementale ?


NOTRE ANALYSE DE LA COMPOSITION DU GOUVERNEMENT ALBERT OUEDRAOGO I :


Le premier constat que l'on peut faire est l'arrivée de nouvelles têtes , disons nouvelles à ce niveau de responsabilité politique mais bien connues dans la construction de l'opinion publique.
Il s'agit notamment de la présence de Lionel BILGO à la tête de l'éducation nationale et surtout de Bassolma BAZIE en charge de la fonction publique dont l'entrée qui fait couler beaucoup d'encre. 

Sur la base de leur prise de position et de valeurs que ces derniers dégagent,on peut affirmer que ces noms suscitent de l'espoir dans la logique de refondation . En effet ces deux sont connus pour leurs avis tranchants sur l'actualité nationale et internationale . Surnommé Général par les syndicats des travailleurs Bassolma BAZIE est connu dans ses luttes menées à la tête de la structure syndicale des travailleurs. Mais au delà de cet espoir sur la base de l'apparence, l'on sait tous que les bons diseurs ne sont pas forcément des bons faiseurs. Ce sera alors au pied du mur que ces derniers seront jugés.

Un autre aspect est que la machine gouvernementale pourra vite être grippée si les uns et les autres ne mettent pas de côté leur égo au service de nation. Dans la pratique il faudra fléchir sur certains détails et non être cramponné sur une position donnée avec le risque de vite quitter le navire comme pour mettre en avant son honneur et sa probité en lieu et place de l'urgence d'apporter des solutions adaptées pour la refondation.

Le deuxième constat sur les membres de ce gouvernement est le retour d'anciens militaires à la tête des départements en charge de l'administration et de la défense. Ainsi Yero BOLY ex ministre de la défense de Blaise Compaoré signe son retour et Barthélémy SIMPORE ministre sortant de la défense du régime déchu de Kaboré est reconduit.

La question que l'on se pose est de savoir ce qui a bien motivé surtout le retour de militaires du régime déchu d'autant plus que ces derniers sont tout aussi comptables de l'échec en matière de sécurité au même titre que le président sortant KABORÉ. L'on se rappelle que cet échec est l'un des motifs évoqués pour justifier le coup d'État du 24 janvier dernier. Alors pourquoi reconduire les acteurs qui visiblement n'ont pas pu contribuer à éviter le pire ? 

On peut penser justement que c'est dans l'espoir que leur expérience passée puisse mieux les inspirer pour de meilleures prise de décisions. Ils connaissent mieux les difficultés existentes et cela pourrait peut-être être un avantage. Il faudra dans tous les cas se rendre compte à l'évidence que les conditions d'exercice de leur mission sont différentes et que ce sera leur dernière chance de mieux faire au regard des nombreuses attentes. 
A quoi devront nous nous attendre avec la nouvelle équipe gouvernementale de cette transition de 2022?


PERSPECTIVES POSSIBLES:


Il faudra s'attendre à une rigueur de la part de l'opinion dans l'analyse et le jugement qui sera porté sur l'action gouvernementale. Cette éventualité se justifie par les qualités et les valeurs qui se cachent en certains nouveaux ministres d'une part et par l'expérience passée d'autres ministres d'autre part. Dans l'un ou dans l'autre cas cela suscite beaucoup d'espoir dans le sens de l'amélioration de la qualité de la gouvernance. Les membres du nouveau gouvernement devront donc travailler à relever le défi.

En outre il faudra s'attendre à des contestations dans la mesure où on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais surtout que certains acteurs sont issus des régimes déchus et bien placés pour être combattus. D'autres auront la tâche difficile à cause des acteurs qu'ils auront en face. Par exemple Bassolma BAZIE devra faire face à ses anciens camarades syndicats pour tenter d'apporter des réponses appropriées aux problèmes que lui-même soulevait lorsqu'il était à la tête de la structure syndicale des travailleurs. Quant à Lionel BILGO il aura la lourde tâche de réconcilier le personnel du MENA/PLN avec le ministère, tant cette relation n'était pas au beau fixe sous le ministre sortant Stanislas OUARO qui n'était pas loin de mépriser ses ressources humaines.

Au vue de tous ces aspects on peut prévoir une tâche difficile pour les différents ministres, surtout que la crise sécuritaire est loin d'être résolue. Et nous pensons qu'il faudra tirer des enseignements des équipes gouvernementales antérieures en ayant à l'esprit les aspirations populaires,en mettant en pratique les valeurs d'humilité et de considération dans la communication, et se rappellant que les leaders sont ceux qui arrivent à rassembler les gens autours d'un idéal commun,le tout dans un intérêt général.


Issouf SAGNON




jeudi 24 février 2022

QUELQUES INTERROGATIONS URGENTES À SE SOUMETTRE

DU CONTEXTE


Au Burkina Faso et en Afrique occidentale on assiste à une résurgence des coups d'État paradoxalement "acceptés".

Dès lors,on est en droit de s'interroger sur la politique de gouvernance adéquate en Afrique surtout entre les systèmes révolutionnaire et démocratique.

✍️: Issouf SAGNON


DÉMOCRATIE LÉGALE OU RÉVOLUTION LÉGITIME?

En Afrique malgré l'avènement des régimes démocratiques depuis les années 1990, force est de constater que le continent peine à se hisser au niveau des puissances émergentes. La faute,en grande partie ,aux querelles liées à la qualité de la gouvernance politique le plus souvent.

En Afrique occidentale les défis du moment ont même conduit au retour des prises de pouvoir par les armes. Curieusement ces coup d'État semblent être bien accueillis du fait des difficultés à trouver des réponses adéquates aux défis économiques et sécuritaires de la part des régimes déchus.

Le paradoxe est encore plus grand lorsque des acteurs censés défendre les principes démocratiques tendent à justifier les coups de force pour le pouvoir politique, dans le même sens que des populations qui en trouvent un motif d'espoir . De quoi faire avancer l'argument de la légitimité au-dessus de celui de la légalité. 

Faisant le rapport avec le bilan de l'avènement de la démocratie,on est tenté de se demander s'il faut continuer à opter pour des régimes démocratiques, étant donné que la plupart des pouvoirs issus de ces régimes n'ont pas réussi à porter les pays respectifs au rang des puissances émergentes depuis les indépendances jusqu'à nos jours.

Il faut cependant pousser la réflexion plus loin afin de relever quelques nouvelles questions :

Est-ce la faute aux principes démocratiques ?

Ou la faute des hommes politiques qui en font mauvais usage ?

 Si dans un pays donné il est reconnu que les difficultés sont liées aux principes démocratiques,il faudra y alors repenser la démocratie ,la réadapter au contexte socio-culturel dudit pays.Il faudra certainement s'attendre à d'énormes difficultés d'application eu égard aux réalités sociales (notamment sur ,l'ethnie la religion,la culture) qui ont un poids lourd sur l'organisation des systèmes de dévolution et de gestion du pouvoir politique, hormis un cadre légal rigoureux.

Si l'on s'accorde aussi que la faute n'est pas imputable aux principes démocratiques mais plutôt aux hommes politiques qui en font un usage déplacé ou qui n'en utilisent pas,il faudra alors renforcer nos systèmes démocratiques, rendre vivace et sein le débat public politique afin d'aboutir à une grande et meilleure participation des populations au jeu électoral. 


En tout état de cause,il faudra se résoudre à faire un choix de gouvernance. Au regard des deux grandes tendances "RÉVOLUTION LÉGITIME" et "DÉMOCRATIE LÉGALE" qui se dessinent,la meilleure option semble être le recadrage des acteurs du jeu électoral que sont essentiellement les partis politiques autour de ces deux blocs idéologiques. Ceci aura le mérite de guider l'engagement et le militantisme vers des bases idéologiques auxquelles les acteurs pourront y joindre des programmes et de nouvelles convictions.


vendredi 11 février 2022

ACTUALITÉ JURIDIQUE AU BURKINA FASO, QUELLE LECTURE ?

Ces dernières années l'actualité juridique au Burkina Faso a été beaucoup mouvementée. En effet depuis plus d'une dizaine d'années des réformes et des tentatives de réformes ont été initiées ou menées par les autorités politiques diverses. Le constat est que cela traduit une instabilité juridique qui n'est pas sans conséquence sur la stabilité politique du pays.





UNE INSTABILITÉ JURIDIQUE, CAUSE DE L'INSTABILITÉ POLITIQUE ! 


Depuis les années 2011-2012 le pays a connu fréquemment une actualité houleuse sur les plans juridique et legal. La tentative de réforme majeure demeure celle au sujet de l'article 37 de la constitution de l'époque et de l'institutionnalisation du Sénat. On se rappelle que la volonté d'opérer ces réformes avait nécessité la mise en place d'un cadre de concertation pour les réformes politiques (CCRP). Chose qui a longtemps animée la classe politique jusqu'à un aboutissement inattendu en 2014 avec la chute du régime Compaoré. 

Sous la transition politique de 2015 des réformes ont été opérées également. Le milieu juridique a été mouvementé par la même occasion. Là également on se souvient qu'au départ de la transition des forces vives ont dû adopté une charte de la transition après l'appel du Conseil Constitutionnel et on a assisté à la suspension de la constitution. En outre la fameuse loi "Shérif" a été adoptée, entre autres,et consacrait l'exclusion de certains candidats issus de l'ex majorité,en guise de sanction politique pour leur part de responsabilité dans les évènements ayant conduit à l'insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014. 

Le nouveau régime issu des élections du 29 Novembre 2015 a à son tour adopté des réformes et marqué l'actualité juridique qui cependant était éclipsée par la situation sécuritaire du pays. De la révision du code pénal à l'adoption de la loi portant création des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) en passant par la relecture de la constitution et du code électoral,on a assisté à de nombreuses réformes qui cependant, ne se sont pas toujours inscrites dans la durée et n'ont pas toujours été à l'origine d'institutions fortes.

Ce manque de "solidité" dans la durée de certaines réformes a été la cause de crises politiques fréquentes et donc d'une instabilité politique parce que les institutions républicaines demeurent moins fortes. Par conséquent la mission des praticiens du Droit et des exécutants des textes s'avère délicate.D'autant plus que de nouveaux éléments entrent en jeu, notamment les aspects de légitimité et de rapport de force.


L'IMPACT DE LA LÉGITIMITÉ ET DU RAPPORT DE FORCE SUR LE DROIT ET LA LÉGALITÉ.


La remarque que nous avons pu faire est que la notion de légitimité interfère fréquemment dans l'interprétation et l'exécution des normes au Burkina Faso ces dernières années. La fragilité des institutions liée à la non solidité du système normatif facilitent cet état des choses. En rappel cette notion de légitimité avait fortement encourager, à juste titre une grande partie de la population qui s'était insurgée contre la modification de l'article 37 de la constitution en 2014.

Par la suite plusieurs décisions et textes ont été votés selon le rapport de force au profit des principaux acteurs du moment. Ce fut le cas de la dissolution du Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP),le cas de la validation de la loi "Shérif" malgré la réserve émise par la cour de justice de la CEDEAO,etc.

Il est alors certains que notre système normatif et nos institutions sont loin de la force nécessaire pour garantir une stabilité politique durable. En plus de cette instabilité le défit sécuritaire depuis 2016 a rendu difficile la gouvernance politique. Ce qui a largement contribué à l'avènement du MPSR au pouvoir par Coup d'État du 24 janvier 2022.

L'on constate encore une actualité juridique bouillante. En effet les principales institutions républicaines ayant été dissoutes par les acteurs du coup d'État,il fallait camoufler au sujet d'une base juridique sur laquelle fonder le nouveau pouvoir. D'où la création par le MPSR de l'Acte Fondamental contenant des dispositions à travers des Titres et des articles.

L'aspect rapport de force entrant en jeu, l'Acte Fondamental semble se superposer à la constitution et la rend implicitement subordonnée à l'acte fondamental en cas de contradiction. L'article 36 de l'acte fondamental stipule qu'"avant l'adoption d'une charte de transition,les dispositions du présent Acte fondamental fondent le pouvoir du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration."

Le même article précise dans son alinéa 2 que" dès sa signature, l'Acte Fondamental lève la suspension de la constitution du 2 Juin 1991 qui s'applique à l'exception des ses dispositions incompatibles avec le présent Acte."

 On perçoit clairement une situation qui affecte la supériorité de la constitution censée être au sommet de la hiérarchie des normes.On se pose alors la question de savoir s'il était nécessaire de lever la suspension de la constitution vu qu'elle ne pourra pas s'appliquer pleinement dans toutes ses dispositions.

L'impact des aspects de légitimité et de rapport de force est d'autant plus grand qu'il affecte par moment l'attitude des acteurs de la société en fonction de la conjoncture sociale. Par exemple le coup d'État du 24 janvier semble être bien accueilli par bon nombre de personnes,pas au nom de la légalité en tout cas!

Comme mentionné plus haut ces facteurs ne facilitent pas non plus la tâche des praticiens et des acteurs du droit et de la justice qui semblent s'adapter à la situation du moment au détriment des principes juridiques et légaux.

 En témoigne les décisions du Conseil Constitutionnel qui après avoir constater à juste titre la vacance de la Présidence du Faso par décision n° 2022-003/CC du 08 février 2022  a décidé de la dévolution des fonctions du Président du Faso au profit du L.C.P.H Damiba par décision n° 2022-004 de la même date.

Cette dernière décision sur la dévolution du pouvoir a suscité beaucoup de réactions chez les acteurs du Droit. En décidant ainsi le Conseil Constitutionnel n'a-t-il pas constitutionnalisé indirectement les coups d'État comme moyen d'accession au pouvoir ? Les sages du Conseil Constitutionnel ne pouvaient- ils pas se contenter de constater la vacance de pouvoir à la Présidence du Faso et de prendre acte de la situation actuelle en appellant à un retour rapide à l'ordre Constitutionnel? 

Une chose est certaine la conjoncture actuelle ne facilite pas les choses pour les autorités en charge de l'application du Droit. D'ailleurs au sujet des juridictions ,si l'article 33 de l'Acte Fondamental rappelle que" la justice est indépendante" dans l'alinéa 1, son alinéa 2 précise par contre que" les juridictions conservent leurs prérogatives en ce qu'elles n'ont rien de contraire au présent Acte". 

Est-ce à dire que les juridictions perdent leurs prérogatives en tout ce dont elles auront de contraire à l'acte fondamental, consacrant ainsi la suprématie de cet acte fondamental à la constitution ? En somme,au Burkina Faso le Droit et la légalité sont fortement impactés par la volonté politique des acteurs disposant d'un rapport de force favorable d'une part et d'autre part par des interprétations de la part de l'élite sur la base de la légitimité. Mais légitimité jusqu'à quand ? Puisque la pratique nous montre clairement qu'après avoir utilisé la notion de légitimité pour couvrir un pouvoir ou une situation conjoncturelle donnée,dans la gouvernance,les principaux acteurs finissent par s'éloigner des valeurs qui renvoient à cette légitimité.

Il est alors capital de réussir à se doter d'un arsenal juridique solide s'inscrivant dans la durée afin d'avoir un encrage important d'institutions fortes au Burkina Faso. Après quoi,il vaudra mieux s'attacher fortement aux principes afin d'éviter l'exploitation des différents systèmes de gestion de la société Burkinabè en fonction des rapports de force du moment.

Issouf SAGNON.

@sagnon_issouf.

Sagnon226.blogspot.com


LES PARENTS D'ÉLÈVES ET LA RENTRÉE DES CLASSES

  C'est la reprise des cours au Burkina Faso et dans bien d'autres pays. Intéressons-nous à l'implication des parents d'élèv...